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Taxer la malbouffe, l’idée fait son chemin en Europe

mercredi, 20 juin, 2012 - 14:20

Depuis le 1er janvier 2012, les Français payent leurs sodas plus chers. D'autres pays européens vont plus loin en taxant directement les aliments gras et sucrés. Ces mesures pour sensibiliser les consommateurs aux problèmes de l'obésité gagnent du terrain sur le continent où la malbouffe s'est très largement imposée.

Chronique sur RFI - La malbouffe by Myeurop

Pizzas surgelées, sodas, hamburgers: s'attaquer à la malbouffe est une urgence sanitaire. Partout en Europe, l'obésité gagne du terrain. Une récente étude de l'OCDE montre que la part de personnes en surpoids pourrait atteindre 70% en Angleterre d'ici 2020. En France, la situation est tout aussi préoccupante. La part d'obèses dans la population a doublé ces vingt dernières années.

Or, les risques liés à l'obésité peuvent être dramatiques: hypertension, diabète, cholestérol, perte de confiance en soi…

Après avoir joué la carte de la prévention, certains pays ont décidé d'aller plus loin en instaurant des taxes spéciales sur certains produits.

Le Danemark bat le beurre

Malgré une proportion d'obèses bien en dessous de la moyenne européenne, le Danemark n'a pas hésité  à introduire une taxe sur les graisses saturées en octobre 2011. Selon le quotidien britannique The Guardian, l'Etat danois compte engranger 165 millions d'euros par an et réduire la consommation de graisses de près de 10% grâce à cette taxe.

Les chips et les cookies, mais également des produits comme le lait, les huiles, le fromage et les aliments précuits comme les pizzas surgelées ont tous vu leur prix augmenter: le kilogramme de graisse saturée est taxé 16 couronnes, soit 2,15 euros.

Avec cette taxe, le prix d'une plaquette de beurre a augmenté de près de 40 centimes d'euros en moyenne. Pas facile pour un pays qui raffole de sandwichs et de viennoiseries au beurre comme le fameux Wienerbrod.

La Hongrie et sa "burger tax"

L'automne dernier, la Hongrie s'est, elle aussi, dotée d'une taxe malbouffe. Le but ? Faire redescendre le pays en dessous de la moyenne européenne en matière d'obésité et générer près de 70 millions d'euros de revenus pour financer des frais de santé croissants.

Les Hongrois ont toujours un léger faible pour la cuisine au lard et les desserts copieux, comme la délicieuse tarte Dobos et ses couches de chocolats et de caramel.

Cette "burger taxe" ne s'applique pourtant pas aux hamburgers comme son surnom le suggère, mais cible seulement les produits conditionnés.

Elle concerne principalement les biscuits salés et sucrés, les sodas à forte teneur en sucre et les gâteaux préemballés: 0.02€/litre pour les boissons, 0,92€/litre pour les boissons énergétiques, et de 0,37 à 0,74€/kg pour les biscuits et les gâteaux.

La France s'attaque aux sodas

En France, les boissons gazeuses sucrées font l'objet d'un prélèvement spécifique depuis le 1er janvier 2012.  Cette taxe s’élève à 7,16 euros par hectolitre. Soit 2,5 centimes par cannette de soda ou 10,5 centimes par bouteille de 1,5 litre, ce qui revient à environ 8% du prix total.

Pourtant, le débat sur la malbouffe dans l'Hexagone n'est pas nouveau. Au pays de José Bové, la culture du fast-food est très implantée malgré les réticences culturelles et le succès de la gastronomie traditionnelle.

Selon une étude réalisée par la Wharton School of Business, la France est le deuxième marché le plus important pour le géant américain Mc Donald's, avec plus de 1200 franchises et des résultats en forte hausse.

En s'attaquant aux boissons sucrées, l'Etat compte récupérer pas moins de 120 millions d'euros et faire baisser l'obésité. La France n'est cependant pas un des pays les plus touchés en Europe. Elle n'est qu'au 23ème rang sur les 27.

Taxer à 20% la "junkfood" pour être efficace 

Alors que le Premier ministre britannique David Cameron s'est lui aussi prononcé pour l'adoption d'une loi contre la malbouffe au Royaume-Uni, un récent rapport publié par le British Medical Journal souligne les limites d'une telle mesure.

Selon le BMJ, les taxes actuellement en place dans certains pays européens ne sont pas assez élevées.

Les produits doivent être taxés à hauteur d'au moins 20% afin de dissuader le consommateur et obtenir des résultats satisfaisants dans la lutte contre l'obésité"

explique Dr Oliver Mytton du département de santé public de l'Université d'Oxford et co-auteur du rapport.

Au pays du 'fish and chips', la "junkfood" (malbouffe en anglais) est reine. Les Britanniques consomment en moyenne près de 100 litres de sodas par an, soit trois fois plus que de l'autre coté du Channel. Selon le BMJ, les boissons gazeuses sucrées doivent être la première cible des autorités.

Subventionner les fruits et légumes

Le rapport va encore plus loin. Pour le BMJ, les fonds récoltés avec une telle taxe devraient servir à subventionner les fruits et légumes pour changer les mauvaises habitudes alimentaires des britanniques. Le Royaume-Uni est le pays qui compte la plus forte proportion d'obèses en Europe (près de 25% de la population en 2012).

Une récente étude sur l'obésité de l'OCDE parue cette année va aussi dans ce sens.

Les taxes sur la malbouffe génèrent des sommes très importantes. Ces fonds pourraient être destinés à subventionner les prix des fruits et légumes et financer des campagnes de prévention"

Comme le rappelle Dr Oliver Mytton, toutes ces mesures ne sont bien évidemment pas suffisantes pour enrayer l'obésité complètement.

Nous savons que ces mesures ne suffiraient pas à régler le problème de l'obésité. Elles pourraient néanmoins y contribuer"

Les dernières prévisions de l'OCDE montrent que la part de personnes en surpoids au Royaume-Uni devrait se rapprocher de celle des Etats-Unis en 2020 :


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