Les véhicules diesel polluent autant que les véhicules essence et sont plus dangereux pour la santé. Bruxelles veut mettre fin à l'avantage fiscal du gazole. Le début de la fin pour les voitures à particules?
Les ministres des Finances de l'UE se sont réunis vendredi dernier pour débattre d'une directive sur la fiscalité de l'énergie proposée par la Commission européenne. Cette directive impliquerait, entre autres, une augmentation de la taxation du diesel.
Les véhicules diesel ont longtemps, notamment en France, championne mondiale du gazole, été considérés moins polluant que les véhicules essence, qui consomment plus et rejettent une quantité plus importante de CO2, gaz contribuant à l'effet de serre. Mais c'était sans compter les rejets de particules et d'oxydes d'azote.
"Un scandale sanitaire comparable à celui de l'amiante"
Or, le 13 juin dernier, Le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), une agence liée à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), a classé les particules émises par le diesel (benzopyrènes) parmi les "cancérogènes certains". Plus aucun doute ne subsiste donc quant à la dangerosité de ce carburant pour la santé publique.
Ce n'est pas nouveau, mais c'est désormais officiel. Les constructeurs automobiles avaient déjà été contraints d'installer des filtres à particules sur leurs véhicules diesel. Toutes les voitures diesel neuves sont aujourd'hui équipées de ce filtre. Problème: il laisserait passer 10% des micropoussières mises en causes. Assez pour être à l'origine de nombreux cancers, notamment en zone urbaine. A titre d'exemple, l'espérance de vie en région parisienne serait amputée de six mois du fait des particules diesel.
En France, 60% des véhicules roulent au diesel. Pour Europe écologie-Les Verts, c'est un "scandale sanitaire comparable à celui de l'amiante" et "une erreur historique de l'Etat français qui a toujours cherché à promouvoir le diesel par une fiscalité avantageuse".
Non au favoritisme fiscal pour le diesel
Si les véhicules diesel émettent une quantité plus faible de CO2 que les véhicules essence, ils ne sont pas pour autant sans conséquence sur le réchauffement climatique. Le diesel rejette, plus que l'essence, des oxydes d'azote, qui sont doublement nocifs. A la fois irritants et gaz à effet de serre, ils sont nuisibles pour la santé et la planête.
La norme européenne "Euro 6" va limiter le rejet de ces gaz par les véhicules. Elle entrera en vigueur en 2014 et prévoit une diminution "importante" des émissions d'oxydes d'azote par les diesels.
La Commission veut aller plus loin avec sa nouvelle directive sur la taxe carbone. Elle souhaite dissuader, par un prix plus élevé à la pompe, les automobilistes tentés par le diesel. Cette directive pourrait permettre de réduire le nombre de véhicules diesel en circulation, et donc la quantité de particules fines dans l'air urbain.
Si le prix à la pompe du diesel est aujourd'hui plus attractif que celui du sans plomb, cet écart pourrait être réduit : la directive instaurerait une taxe minimale unique sur le diesel au sein de l'UE. Au nom de l'harmonie fiscale contre le réchauffement climatique, la Commission espère ainsi rétablir l'équilibre entre le prix des différents carburants. Mais il lui faudra d'abord convaincre les capitales européennes. Ce qui pourrait prendre beaucoup de temps…