Les e-books restent confidentiels en France. Le marché décolle dans le reste de l'Europe et aux Etats-Unis, mais les Français, restent fidèles aux livres en version papier.
Alors qu'aux Etats-Unis, les ventes d'e-books atteignent les 282 millions de dollars, le marché français des livres numériques résiste. Ils représentent seulement 1,8% du marché total des publications hexagonales. Au pays de Racine et Corneille la conversion au livre digital est difficile. Les ventes papier ont même augmenté de 6,5% entre 2003 et 2011.
Si l'Europe est le troisième marché mondial du livre numérique, ce n'est donc pas grâce à la France. La résistance "anti-e-books" boycotte ce qui est ailleurs considéré comme l'avenir de l'édition. Seulement 12 millions d'euros sont dépensés par les Français en e-books, et la France ne représente que 7% du marché européen. Les Anglais, eux, achètent 52% des livres numériques européens, et les Allemands, 28%.
Partout ailleurs, la mode a pris, et Outre-atlantique, les ventes de livres numériques ont même dépassé les ventes de livres papier. Tout le monde s'arrache ces "liseuses" qui fournissent une quantité de livres infinie.
Anticonformisme français
Pour le New York Times, ce refus du passage à l'air numérique en matière de livres n'est qu'une question de principes.
Les Français, comme d'habitude, ne veulent pas faire comme tout le monde. La France ne fait que repousser l'inévitable, et tôt ou tard, le marché reprendra le dessus".
Car l'ère de l'e-book est une fatalité. Comme le dit Bruno Racine, président de la Bibliothèque Nationale de France, dans son livre Google et le Nouveau Monde:
Nous sommes à une époque d'exploration, d'essai et erreurs, d'expérimentations. Beaucoup de scénarios sont envisageables, et le moins probable est celui où le livre papier survit."
Les résistants s'activent
Même si cette invasion, pour certains, semble inévitable, un petit groupe de parisiens résiste encore et toujours à l'envahisseur numérique.
L'association Circul'livre fait tout son possible pour faire perdurer l'institution française du livre papier. Tous les troisième dimanche du mois, ce petit groupe de retraités s'engage à classer par thèmes des livres dans des cartons, que les passants peuvent prendre. Ils ne sont pas à vendre. Tant que la personne s'engage à ne pas détériorer le livre, ni le revendre, elle peut repartir avec. Une fois le livre fini, il faut le laisser dans un lieu public, à la portée de tous.
"Les livres sont vivants" dit Andrée Le Faou, une des bénévoles de l'association. "Ils ont besoin d'être respectés et aimés. Avec Circul'livre, nous leur donnons de nombreuses vies!".
Les livres français ont encore de beaux jours devant eux, si l'on en croit Bernard Fixot, patron des éditions XO:
Il y a deux choses que l'on ne peut enlever à la France: le pain, et les livres. En Allemagne, le statut social le plus prestigieux est celui du musicien. En Italie, c'est le peintre. Et en France? L'écrivain!"