Par La Rédaction
Trente après son lancement, le Minitel sera définitivement débranché le 30 juin. Révolutionnaire, il a fait la fierté de la France dans les années 1980. Les Anglais rendent un dernier hommage à ce fleuron de la technologie "à la française" qui a inspiré Apple et popularisé la "messagerie rose".
Repéré sur The Guardian
Il va falloir s'y faire. "The Little French Box" comme on le surnomme outre-Manche, tire sa révérence après trente ans de bons et loyaux services. Le 30 juin 2012, France Télécom mettra fin définitivement à son service Minitel, "qui a fait la fierté de la France autrefois" comme ne manque pas de le rappeler le quotidien britannique The Guardian.
La petite boîte française, avec son design des années 1980 et son plastique de couleur beige est devenue totalement kitsch. Mais il ne va sans rappeler que le Minitel fut un grand précurseur de l'internet, qu'il a introduit le sexe en ligne dans les chaumières, et que Steve Jobs s'en est sûrement inspiré pour le design des premiers Macintosh."
Cela peut faire sourire aujourd'hui, mais le Minitel a initié près de 25 millions de Français à la télécommunication digitale avant d'être supplanté par internet. Alors qu'il s'apprête à accéder au rang d'objet "vintage" et que les collectionneurs lui vouent déjà un culte, le Minitel est pourtant loin d'avoir totalement disparu dans l'Hexagone.
A Londres, on n'oublie pas de faire remarquer que 800 000 Minitels sont toujours en activité en France:
de quoi émerveiller toute une nation […] Grâce au Minitel, les Français ont pu consulter la météo, leur horoscope, et avoir accès à leur compte en banque une décennie avant tout le monde".
Pas si bêtes ces Frenchies ?
Une véritable avancée technologique
Petit bijou de la technologie française, sa conception remonte aux années 1970, "une époque pendant laquelle la France était à la traîne en matière de télécommunications" rappelle The Guardian. En effet, l'accès au téléphone était rare, voire inexistant dans certaines régions rurales.
Une réussite technologique à mettre sur le même plan que celle du TGV, un véritable enjeu politique et national".
Pages jaunes, affichages des résultats scolaires, réservations de billets de train, … les services proposés par la petite boîte beige se sont très vites diversifiés. Simple d'utilisation, le Minitel bénéficiait aussi d'un mode de paiement pratique, mais onéreux, pour toute la famille: à la minute, directement prélevé sur la facture de téléphone.
Une bonne dose d'érotisme
Mais c'est le légendaire "Minitel Rose" qui a le plus contribué à l'essor de la French Box.
Il s'agissait, en effet, du tout premier service de chat pour adultes sur lequel on pouvait s'échanger des messages torrides d'une lenteur qui nous paraîtrait incroyable aujourd'hui".
D'ailleurs, le journal n'oublie pas de rappeler que de nombreuses personnalités des médias ont commencé leur carrière en investissant dans ces start-up érotiques.
"Le 3615 Ulla est devenu un véritable mythe en France". Le service fut d'ailleurs lancé par Claude Perdriel, le patron du Nouvel Observateur.
Personne n'a oublié ses sulfureuses campagnes d'affichages publicitaires le long des routes du pays, qui ont marqué toute une génération d'automobilistes et de passants. Fini les femmes nues en gros pixels et les heures passées à attendre une hôtesse devant son écran 9 pouces.
Un succès seulement hexagonal
Au sommet de sa gloire, au milieu des années 1990, le Minitel était devenu un objet incontournable dans les foyers français. On recensait alors 9 millions d'appareils dans l'Hexagone.
Jacques Chirac s'était félicité du fait qu'un boulanger d'Aubervilliers pouvait vérifier ses comptes sur le minitel. Qu'en était-il d'un boulanger à New York ?"
Pourtant pratique et novateur, le Minitel ne s'est jamais vraiment imposé à l'étranger. Trop français peut-être? "En 2007, il continuait néanmoins de générer des revenus importants" note le quotidien britannique. "Les personnes âgées et les agriculteurs l'utilisent toujours tout comme les fleuristes et les buralistes qui continuent de s'en servir pour passer leurs commandes".
RIP my Little French Box !
Lien vers l'article de The Guardian: France says farewell to the Minitel