Après des années de lutte acharnée, les femmes sont sur le point d'obtenir le droit de devenir évêque de l'Eglise d'Angleterre. Mais le projet pourrait bien être rejeté par… les femmes elles-mêmes, furieuses des conditions toujours sexistes imposées pour l'exercice de leur apostolat.
Ce week-end a lieu à York le Synode général de l'Eglise d'Angleterre. L'événement phare de ce rassemblement devrait être le vote définitif de la législation autorisant les femmes à devenir évêque. L'idée avait déjà été acceptée sur le principe en 2008, mais sa mise en place avait été reportée à 2014 faute d'un compromis satisfaisant.
La concession de trop
Depuis, au prix d'un nouveau et laborieux compromis, la consécration de femmes à l'épiscopat a été validée par 42 des 44 diocèses. le projet prévoit, pour les paroisses situées dans un diocèse administré par une femme et qui refuseraient de reconnaitre son autorité, la possibilité de demander un évêque suppléant, nommé par la femme évêque.
Mais en mai dernier, une clause a discrètement été ajoutée au projet. Et pas des moindres !
Elle précise que les femmes évêques devront choisir un suppléant qui partage les convictions théologiques de la paroisse qui refuse d'être administrée par une femme.
Les religieuses se trouveraient alors dans une position pour le moins délicate, les contraignant à choisir un suppléant dont elles-mêmes ne partagent pas les convictions.
Au sein du Synode, une partie des femmes du clergé s'y oppose farouchement, estimant que cette clause revient à "institutionnaliser une discrimination" dénoncée depuis tant d'années.
Pour elles, la mesure reviendrait à créer un système à deux vitesses dans lequel les femmes, mais également les hommes qu'elles nomment, seraient considérés comme secondaires.
Retour à la case départ ?
Ce différend pourrait bien repousser de nouveau aux calendes grecques l'arrivée la féminisation du métier d'évêque. Certaines femmes de poids au sein du clergé sont fermement décidées à voter contre le projet qu'elles ont pourtant défendu bec et ongles jusqu'alors, si le vote n'était pas reporté en vue d'une négociation.
J'ai mis du temps à essayer de me convaincre que c'était acceptable de voter favorablement, au moins pour faire avancer les choses"
confie à The Guardian le Révérend Miranda Threfall-Holmes, aumônier à l'Université de Durham.
Mais à présent je suis apaisée. J'ai réalisé que je ne peux simplement pas faire ça. Il n'y a plus de dilemme à présent. Il est parfaitement inacceptable d'institutionnaliser une discrimination envers les femmes de la sorte"
ajoute-t-elle.
18 ans après l'arrivée des premières femmes prêtres au sein de l'Eglise d'Angleterre, celle-ci peine à faire un pas de plus vers l'égalité des sexes. Les anglicans ont pourtant sauté le pas aux Etats-Unis, en Australie, en Nouvelle Zélande et même en Ecosse.
Essoufflées par une lutte interminable et soucieuses d'éviter un scandale autour de l'institution religieuse, certaines clergy women sont cependant prêtes à accepter ce compromis au fort relent sexiste.