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Le racisme gangrène encore le foot européen

lundi, 9 juillet, 2012 - 13:14

Le footballeur anglais John Terry est accusé d'avoir proféré des insultes racistes à l'encontre d'Anton Ferdinand lors d'un match de championnat. Son procés s'est ouvert aujourd'hui. Malgré les mesures mises en place pour contrer ce fléau, le racisme gangrène toujours les stades d'Europe.

Les faits remontent au 23 octobre 2011. Chelsea, club huppé de l'ouest londonien affronte les Queens Park Rangers à Loftus Road. Le capitaine des Blues, l'international anglais John Terry est accusé d'avoir tenus des propos racistes sur la pelouse envers Anton Ferdinand évoluant dans l'équipe adverse.

Aujourd'hui, ce n'est pas seulement le procès de John Terry qui s'ouvre à Londres, mais celui d'un football anglais sali par plusieurs affaires du même genre. Les incidents se répètent, et malgré les sanctions, le racisme continue de plus bel sur les pelouses anglaises.

En décembre dernier, Luis Suarez, l'attaquant uruguayen de Liverpool, a été suspendu 8 matchs et contraint de payer une amende de 40 000 livres (soit 48 000 euros) pour avoir insulté le défenseur français de Manchester United, Patrice Evra, lors d'un match de Premier League. Pour sa défense, Suarez a joué sur le fait que le terme de "negro" utilisé n’était pas injurieux dans sa langue. Pas convaincant …

Des champions espagnols pas en reste

Et chez les champions d'Europe? Si l'Espage brille par la qualité de son jeu, elle est bien loin d'avoir réglé le problème du racisme dans ses stades. Au cours des dix dernières années, les affaires de xénophobie dans le foot espagnol se sont multipliées: cris de singes, lancés de bananes, insultes…

En 2006, la star du FC Barcelone, Samuel Eto'o, victime de ces cris de singes de la part des supporteurs de Saragosse, interrompt le match et menace de quitter la pelouse.

Samuel est un être humain et il se sentait mal sur le terrain, mais j'ai été satisfait de l'attitude de ses coéquipiers qui lui ont dit de continuer. C'est une honte que de telles choses se produisent"

avait alors déclaré son entraineur, Frank Rijkaard.

Continuer pour quoi ? peut-on se demander aujourd'hui. Saragosse s’est vu infliger une amende de 9 000 euros par la fédération ibérique, une somme qualifiée de "ridicule" par le président de la FIFA, Sepp Blatter. Eto’o, de son côté, avait suggéré que le stade soit fermé pendant un an afin que la sanction soit vraiment dissuasive. Sa demande n'a pas donné suite.

En France, personne n'a oublié les terribles déclarations de Luis Aragones, alors sélectionneur de la Roja en 2004. A quelques jours d'un match amical contre l'équipe de France,  pour motiver son joueur José Antonio Reyes qui peine à s’imposer au sein de l’équipe d’Arsenal, Luis Aragones qualifie Thierry Henry de "nègre de merde", ajoutant

dis au Noir que c’est toi le meilleur. Dis-le lui de ma part. C’est toi le meilleur".

La fédération avait sanctionné le sélectionneur d'une amende de seulement 3000 euros … une goutte d'eau dans la mer.

Triste constat en Italie

De l'autre côté des Alpes, le racisme s'est durablement installé dans les tribunes. Le Hellas Vérone et la Lazio de Rome en tête, dont les supporteurs n'hésitent pas à exhiber leurs tatouages à caractères racistes et félicitent leurs joueurs à coups de saluts fascistes.

Même Mario Balotelli, la nouvelle star du football transalpin, a fait les frais de cette vague de racisme lorsqu'il évoluait à l'Inter de Milan. Lors d'une rencontre entre les Milanais et la Juventus de Turin en 2009, l'attaquant avait été victime de cris racistes de la part des supporteurs adverses.

Nous avons reçu beaucoup d’appels de joueurs qui manifestent leur soutien à Mario Balotelli et qui nous demandent d’agir. Nous ne metterons pas cette affaire de côté. Ces manifestations racistes sont inacceptables"

avait alors déclaré Sergio Campana, président de l'Association des joueurs italiens (AIC), en attendant que des mesures soient prises par la Fédération italienne de football (FIGC).

La Juventus avait alors écopé d'un match à huit-clos, mais avait décidé de faire appel. Une décision largement critiquée par les associations luttant contre le racisme en Italie.

Des campagnes de prévention au succès limité

En 1999 est lancée une campagne intitulé Football Against Racism in Europe pour lutter contre le racisme. En 2002, la FIFA lance sa Journée Mondiale Contre le Racisme et la Discrimination. A cette initiative succéde la campagne de 2006, où chaque équipe présente au Mondial pose avec une bannière Say No To Racism. Des clips anti-racistes sont également diffusés avant les rencontres. L'UNESCO, associée au FC Barcelone a, quant à elle, lancé son opération Put Racism Offside. Malgré ces mesures préventives, les résultats sont minces.

Même constat chez Nike, qui avait souhaité sensibiliser ses clients à ce fléau avec sa campagne Stand Up Speak Up avec Thierry Henry ou Ronaldinho. Une campagne vivement critiquée par plusieurs joueurs qui estiment que c'est l'argent qui motive, avant tout, l'équipementier américain.

Entre tolérance et indignation

Plus récemment, Michel Platini, président de l'UEFA (la fédération européenne de football) a fait part de son souhait de durcir les sanctions contre les clubs et les fédérations.

Quand ce genre de situation se produira, la rencontre sera suspendue pendant 10 minutes et des annonces seront faites à l’intérieur du stade. Et si le problème persiste le match sera arrêté. Il faut faire preuve de courage quand le racisme frappe dans une enceinte. C’est la mission de l’UEFA."

On attend encore…

Lors de l'Euro 2012 en Pologne et en Ukraine, le racisme n'est pas resté à la porte des stades. Les joueurs noirs des Pays-Bas ont été victimes, encore et toujours, de cris de singe lors d'une séance d'entraînement. Les supporteurs russes et croates ont multiplié les injures et les actes racistes: les désormais traditionnels, jets de bananes, cris de primates, inslultes. Si les joueurs et les fédérations ont condamné ces incidents (suspension de la Russie), les matchs ne se sont pas arrêtés pour autant. Ce serait pourtant la seule réaction ayant vraiment un sens.




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