Après les récentes recommandations de Cecilia Malmström, Commissaire européenne aux affaires intérieures, c’est au tour du Bureau pour la Responsabilité Budgétaire au Royaume-Uni de préconiser l’immigration pour lutter contre la dette et relancer la croissance.
Ouvrir les portes du Royaume-Uni, l’idée va à l’encontre de la politique mise en place par le Premier ministre David Cameron. C'est pourtant ce que recommande le Bureau pour la Responsabilité Budgétaire (Office for Budget Responsibility – OBR) pour permettre au pays de réduire sa dette publique et de limiter les mesures d’austérité.
Dans son dernier rapport, l’OBR, organisme qui conseille le gouvernement pour réduire la dette publique, estime que l’arrivée de main-d’œuvre étrangère pourrait, non seulement, faire croître les recettes fiscales, mais, aussi, relancer l’économie.
Plus d’immigration pourrait permettre au Royaume-Uni de faire passer ses prévisions de croissance annuelle de 2.4% à 2,7% sur les cinquante prochaines années"
avance le Bureau pour la Responsabilité Budgétaire.
Une idée que partage également Cecilia Malmström, commissaire européenne aux affaires intérieures, qui déclarait récemment dans une interview parue dans le journal Le Monde que :
L'immigration sera nécessaire, étant donné notamment l'évolution de la démographie dans la plupart de nos pays (européens)."
Selon l’OBR, le vieillissement de la population britannique pourrait générer un manque à gagner pour les recettes fiscales de plus de 17 milliards de livres, soit près de 21 milliards d’euros. Une somme colossale alors que le gouvernement projette de réduire la dette publique du Royaume-Uni à 40% du PIB d’ici 2062.
Si Westminster décide de fermer les portes du pays pendant les cinquante prochaines années, le Royaume-Uni perdrait 0.4 point de croissance et la dette publique grimperait en flèche pour atteindre plus de 120% du PIB.
D’après les statistiques du Parlement, un Britannique sur quatre aura soixante ans ou plus en 2050, contre seulement un sur six à l’heure actuelle.
Maintenir, voire augmenter le nombre annuel d’immigrés, soulagerait notre emprunt et la dette publique, car les nouveaux venus ont plus de chances d’être en âge de travailler que la population [vieillissante]"
note le Bureau pour la Responsabilité Budgétaire
En continuant d’accueillir le même nombre d’immigrés, le Royaume-Uni verrait sa population atteindre près de 86 millions d’habitants, et 50 millions de Britanniques seraient en âge de travailler.
Un revers pour Cameron
Au sein du Parti conservateur, le rapport fait des vagues. Il contredit la politique mise en place par David Cameron, qui s'est engagé à faire baisser l'immigration de "plusieurs dizaines milliers d'individus" par an d'ici à 2015 et continue de miser une politique d'austérité drastique.
Les apports économiques de l'immigration, soulignées par le rapport de l'OBR, pourraient empêcher les Conservateurs de justifier leur approche stricte sur le sujet"
écrit le quotidien britannique The Independent.
Le Parti conservateur, qui misait sur sa politique répressive en matière d'immigration en vue des prochaines élections, va peut-être devoir changer de discours.