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La circoncision divise les Allemands

lundi, 23 juillet, 2012 - 13:47

En Allemagne, le débat sur la circoncision prend de l'ampleur. Sous la pression des institutions religieuses juives et musulmanes, le Bundestag a adopté une résolution en sa faveur, mais les associations pour les droits de l'enfant n'ont pas dit leur dernier mot.

Suite au violent débat lancé par le tribunal de grande instance de Cologne qui considère illégale la circoncision pour des motifs religieux, le Bundestag demande au gouvernement de légiférer.

Le tribunal a justifié sa décision du 26 juin dernier en affirmant que cette pratique est assimilable à des "coups et blessures volontaires" et porte atteinte au droit de l'enfant au respect de son intégrité physique.

Les Juifs et les Musulmans d'Allemagne ont, sans attendre, condamné fermement cette décision. Selon Der Spiegel, un Rabin aurait même déclaré qu'il s'agissait "de la pire attaque contre la culture juive en Allemagne depuis l'holocauste".

Pas de "souffrance inutile"

Le débat a été largement relaté dans les médias du monde entier, faisant craindre à Angela Merkel que son pays ne passe pour "une nation de guignols".

Pour faire cesser la polémique et rassurer les 4 millions de Musulmans et les 200 000 Juifs Allemands, les parlementaires se sont donc empressés de voter une résolution demandant au gouvernement de prendre l'initiative d'une loi autorisant la circoncision si celle-ci n'engendre pas de "souffrance inutile". La loi devrait être présentée au Parlement cet automne.

La réaction précipitée du Bundestag tient également, selon Der Spiegel, au sentiment de culpabilité allemand vis à vis de la Shoah. Mais le projet de loi risque fort de se heurter à l'opposition des associations de protection des droits de l'enfant.

Les Allemands divisés

C'est plus compliqué que de rajouter une petite phrase simple quelque part, comme certains se l'imaginent".

a déclaré la Ministre allemande de la justice Sabine Leutheusser-Schnarrenberger à Der Spiegel.

La réglementation de cette pratique est, en effet, loin d'être acquise, les juges du Tribunal constitutionnel fédéral allemand de Karlsruhe pouvant avoir leur mot à dire.

L'opinion publique allemande est, elle, très partagée sur la question. Un sondage réalisé pour l'agence de presse DPA révèle que 45% des Allemands sont en faveur d'une interdiction de la circoncision, alors que 42% sont contre et 13% ne se prononcent pas.

Quant aux associations de protection des droits de l'enfant, elles font un tir de barrage et jouent la montre. Elles réclament un délai de 2 ans avant l'adoption d'une nouvelle loi sur la circoncision. Le temps nécessaire, affiment-elles, pour un débat approfondi entre experts. Pour elles, la circoncision revient à autoriser de "sérieuses et irréparables intrusions sur l'intégrité physique d'un enfant". Et elles ajoutent que dans un cas sur 10 elle engendre des complications.

Les Européens réticents 

D'une manière générale, les pays d'Europe sont relativement réticents à autoriser la circoncision, contrairement aux Etats-Unis, où cette pratique est très courante pour des raisons d'hygiène.

En Suisse, depuis l'éclatement des controverses en Allemagne, un hôpital a décidé de suspendre les circoncisions sur les enfants incapables de discernement. Un débat similaire a également lieu en ce moment en Finlande.

En suède, la circoncision est autorisée et encadrée par la loi, mais certains pédiatres en réclament l'interdiction, et deux chirurgiens sur 3 refusent de circoncire. En France, elle n'est autorisée qu'à des fins thérapeutiques, mais dans la pratique, la "circoncision rituelle" est largement pratiquée et tolérée.




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