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La crise économique rattrape l’Allemagne

jeudi, 30 août, 2012 - 11:39

La tempête commence à s’approcher dangereusement de l’îlot de prospérité allemand. Chaque jour ou presque, une mauvaise nouvelle économique semble annoncer la fin des beaux jours.

Pour compenser la baisse de 23% de ses nouvelles commandes lors du second trimestre, Siemens s’apprête à licencier 10.000 salariés. Le groupe énergétique, RWE, a, lui aussi, annoncé son intention de supprimer 10.000 emplois. Dans l’ensemble du pays, près de 200.000 personnes pourraient être remerciés cette année, si l’on en croît les calculs de l’institut DIW.

Pour éviter de telles charrettes, le syndicat de la métallurgie IG Metall vient de demander au gouvernement de rallonger comme en 2009 la durée maximale du chômage partiel de six mois à deux ans. Aucun secteur ne semble épargné par le ralentissement économique.

Au mois de juillet, Deutsche Bank avait pris de cours tous les spécialistes en annonçant avec une semaine d’avance une chute de son bénéfice annuel de… 42%, à 700 millions d'euros. Le climat perturbé sur les marchés financiers et la hausse de ses charges d'exploitation expliquent en partie cette mauvaise performance.

Des problèmes de riches pour Mercedes et BMW ?

Mais le pire pourrait être à venir pour la banque francfortoise qui n’a toujours pas passé de provisions concernant l'enquête américaine en cours sur la manipulation du taux Libor (taux interbancaire de référence) dans laquelle elle est impliqué avec d'autres banques (Barclays, Citigroup, Royal Bank of Scotland, UBS, Lloyds Banking Group, Citigroup et JPMorgan Chase). Les soucis de Deutsche Bank sont d’autant plus préoccupants que l'établissement financier était présenté comme un des piliers les plus solides de son secteur en République fédérale.

L’industrie automobile, ce fleuron de l’économie rhénane, commence, elle aussi, à afficher quelques signes de faiblesse. Daimler a ainsi enregistré au second trimestre une baisse de 11 % de son bénéfice net et son patron, Dieter Zetsche, a reconnu qu’il aura du mal à réaliser le même résultat opérationnel qu’en 2011 où ses profits avaient atteint la somme sans précédent de… 8,8 milliards d'euros.

Au premier semestre, les ventes de BMW n’ont, quant à elles, progressé "que" de 8,3%, alors que la marque était plutôt habituée à des hausses à deux chiffres. Ces soucis ressemblent, certes, à des "problèmes de riches" quand on connaît les ennuis d’autres constructeurs comme PSA, mais ils prouvent que l’Allemagne commence, à son tour, à être touchée par la récession européenne.

"Les soucis arrivent"

La chute pour le quatrième mois consécutif de l’indice Ifo en août montre que les patrons outre-Rhin ont pris conscience de cette réalité. Les industriels du secteur manufacturier et les exportateurs s’avèrent être les plus prudents concernant leur niveau d’activité dans les six prochains mois.

Pour une entreprise comme la nôtre qui vend à l’étranger une partie importante de sa production, la crise européenne finira bien par avoir un impact sur nos opérations"

s’inquiète Ralf Wolter qui dirige avec son frère, Jens, une entreprise de fabrication de chaussures réalisant un chiffre d’affaires annuel de 65 millions d’euros. La presse allemande ne dit rien d’autre…

Les soucis arrivent", prévient le quotidien de gauche Die Tageszeitung. "Plus de la moitié de la production allemande est vendue à l’étranger et 40% aux pays européens où le pouvoir d’achat est en baisse. Nos autres partenaires commerciaux sont aussi touchés par la crise et ils achètent moins de produits fabriqués en Allemagne. Vous ne pouvez faire de coupes drastiques dans la zone euro sans avoir un impact important sur notre économie nationale".

Annoncée en début de semaine, la décision de l’agence de notation Moody's d'abaisser la perspective de la note de crédit de l'Allemagne n’est donc pas très surprenante. "La vérité fait mal", résume le quotidien populaire Bild.

Personne n’aime qu’un docteur relève ses sourcils à la lecture d'un bilan de santé. Mais la planète financière ne porte pas de blouse blanche. Elle n’a aucun tact. Le diagnostic amère de Moody’s est un signal d’alarme pour l’euro, ce patient malade. Nous devons y prêter attention. Nous ne pouvons pas continuer à agir comme nous le faisions dans le passé. Quand l’Espagne vacille et que la Grèce s’effondre, l’Allemagne est à son tour touchée…".

Les dernières nouvelles concernant plusieurs géants comme Siemens, RWE, Deutsche Bank ou Daimler confirment cette analyse réaliste… Est-ce que cela va convaincre Angela Merkel que le "pacte de croissance européen" de 120 miliards voulu par François Hollande est finalement aussi une bonne idée pour l'économie allemande? Rien n'est moins sûr. 




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