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Autoroutes allemandes: no limit, no danger

mardi, 4 septembre, 2012 - 11:40

Rouler sans peur des radars, c'est encore possible sur les autoroutes allemandes. Ceci sans pour autant prendre plus de risques qu'en ne dépassant pas 130 km/h. La sécurité routière ne serait donc pas uniquement une question de vitesse! Incroyable, mais vrai. Explications. 

C’est normalement le moment où on lève le pied. 130 km/h… Le conducteur français sait qu'au-delà, appuyer sur l'accélérateur risque de lui coûter très cher. Des points en moins, des amendes salées en plus… Sur les autoroutes françaises, le passionné de belles mécaniques se doit d’être raisonnable. Il ne faut toutefois pas aller bien loin pour voir le bitume défiler sous vos pneus à la mode "Fast and Furious".

Autobahn… Ce seul mot fait fantasmer en Europe et ailleurs des milliers d’accrocs de la vitesse, les autoroutes allemandes étant les seules au monde à ne pas imposer de limitation de vitesse.

Une bonne dose de concentration

Cette liberté de pouvoir rouler pied au plancher concerne, pour être plus précis, les deux-tiers des 12.845 kilomètres de langue de bitume rectiligne qui traversent la république fédérale. Sur les portions de routes plus dangereuses, près des zones d’habitations et à l’approche des frontières, les autorités fixent des allures plus raisonnables à ne pas dépasser.

La conduite "no limit", aussi excitante soit-elle, nécessite toutefois une bonne dose de concentration. A 200 km/h, tout va en effet beaucoup plus… vite. Cette vérité peut sembler être une lapalissade, mais jouer au pilote est fatiguant, pour ne pas dire éreintant. Entre les poids-lourds qui se trainent comme des escargots sur la file de droite, les conducteurs raisonnables sur la file centrale et les "fous du volant" à gauche, le slalom est constant. Outre-Rhin, la voie de gauche n’est, en effet, utilisée que pour doubler. Même les conducteurs les plus rapides ne restent pas sur cette file.

Pleins codes

Pour prévenir de leur arrivée imminente, les heureux propriétaires de Porsche survitaminées ou de BMW surpuissantes, ont par ailleurs l’habitude de laisser leurs codes allumés. Les automobilistes plus paisibles doivent bien prendre garde lorsqu’ils aperçoivent de halos lumineux dans leur rétroviseur. Un bolide lancé à 250 km/h a une fâcheuse tendance à arriver près de votre pare-choc arrière bien plus rapidement que vous ne le pensiez. 

Et gare au conducteur qui n’aurait pas pris garde de se rabattre sur la droite avant l’arrivée de cette étoile filante, les amateurs de grande vitesse détestant freiner lorsqu’ils sont lancés. Cette règle non officielle des codes allumés empêche bien des accidents. Le plus grand danger est, en effet, souvent quand deux véhicules roulent à des allures très différentes sur la même voie.

Même si les "autobahnen" peuvent de prime abord paraître être une zone de non droit où le propriétaire de la voiture la plus puissante, ces autoroutes sont en réalité beaucoup plus sures que de nombreuses routes où la vitesse est limitée.

En 2010, le taux de mortalité pour 100.000 habitants n’a pas dépassé 4,5 personnes en Allemagne alors qu’il a atteint 6,4 en France, selon la base de données internationales sur la circulation et les accidents de la route (IRTAD) du programme de recherche sur les transports routiers de l'OCDE. Le bon sens et la discipline des conducteurs allemands n’expliquent pas, à eux seuls, cette différence.

L’asphalte qualité made in Germany

Pour permettre de rouler pied au plancher, les autorités régionales et fédérales ne regardent en effet pas à la dépense. Avec une épaisseur moyenne de 70 centimètres, l’asphalte des autoroutes allemandes est 30% plus dense qu’en France ce qui empêche la formation de nids de poule et autres fissures. La route est aussi inclinée à 2,5% pour que l’eau de pluie qui endommage le bitume bien plus que le passage des voitures s’écoule vers un réseau de canalisation qui aboutit à des réservoirs artificiels.

Les "autobahnen" sont également équipées de milliers de caméras et de capteurs qui surveillent en permanence les conditions météorologiques et le trafic. Quand un bouchon se forme, l’information est ainsi automatiquement envoyée à un ordinateur qui diffuse sur les panneaux de signalisation des messages demandant aux conducteurs de réduire leur vitesse alors que la route est encore libre.

Toute cette organisation a un coût. La maintenance d’un kilomètre d’autoroute en Allemagne engage une dépense d’environ 300.000 euros par an. Un chiffre deux fois plus élevé qu’en France. Mais si dans l’Hexagone cette charge est financée par les recettes des péages, en Allemagne le réseau routier est entièrement financé par les recettes fiscales, les autobahnen étant gratuites. Certains en République fédérale s’élèvent contre cette injustice, mais ils sont relativement peu nombreux.

De l'essence dans les veines

Les Allemands ont, en fait, de l’essence qui coule dans leurs veines. Paradoxe de la poule et de l’œuf, est-ce les autobahnen qui ont favorisé l’éclosion des grands constructeurs comme BMW, Mercedes, Audi, et Porsche, ou le contraire? Nul ne sait.

Conçues lors de la République de Weimar à la fin des années 1920, les autoroutes allemandes ont vraiment connu leur essor après l’arrivée des nazis au pouvoir en 1933. L’inspecteur général pour les routes allemandes, Fritz Todt, fera travailler jusqu’à 100.000 personnes pour construire le réseau autoroutier du Reich (Reichsautobahn ou RAB). A la fin de l’année 1935, le pays ne comptait ainsi pas plus de 108 kms d’autoroute contre 3 896 huit ans plus tard. La taille des tronçons n’a depuis jamais cessé d’augmenter.

Ces routes font aujourd’hui rêver les amateurs de vitesse dans le monde entier. Certaines agences de voyages, comme « Autobahn Adventures » aux Etats-Unis (http://www.autobahnadventures.com/), proposent même à leurs clients de venir en Allemagne pour piloter des bolides sur les autoroutes locales. Les Français ont moins de chemin à faire pour rouler à tombeau ouvert… 




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