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Le procès du majordome de Benoît XVI sous contrôle

lundi, 1 octobre, 2012 - 12:17

Le procès devant le Tribunal du Vatican du majordome du pape, poursuivi pour "vol aggravé" de documents secrets commence vraiment demain. L'accusé va faire son mea culpa pour écarter l'hypothèse d'un complot contre Benoît XVI et éviter un "Vaticangate".

Ce procès est une première pour le plus petit état du monde qui n’a jamais jugé d’affaire pénale. Paolo Gabriele, ex-majordome du pape est accusé d’avoir dérobé, photocopié et porté sur la place publique des documents pontificaux confidentiels. Des courriers du pape faisant état des luttes de pouvoir au sein de l’église, de malversation financière, de corruption et d’autres affaires encombrantes.

Considéré comme très pieux, voire carrément mystique, Paolo Gabriele assistait aux repas et au réveil de Benoît XVI et le suivait dans tous ses déplacements. Il peut écoper jusqu’à huit ans de prison. S'il n'est pas gracié par le Saint-Père, Paolo Gabriele purgerait sa peine dans les prisons de la république italienne selon les accords du Latran

Journalistes triés sur le volet

Le procès commence vraiment ce mardi. La première journée d'audience, samedi, n'a duré que quelques heures. Qualifiée de "sereine" par le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, elle a été consacrée à l'examen des requêtes d'exception ou d'incompétence du tribunal, en vertu du "secret pontifical", présentées par les avocats de l'accusé. Requêtes rejetées par les juges, trois magistrats laïcs. Mais ils ont accepté de séparer le procès du majordome de celui d'un informaticien poursuivi pour complicité. Il sera jugé ultérieurement.

Le procès se déroulera à l’américaine. C’est-à-dire sans photographe et sans télévision. Les reporters travaillant pour des radios ne seront pas admis dans la salle du Tribunal, les enregistrements étant interdits. Seuls huit journalistes triés sur le volet pourront assister aux audiences et ils ne pourront en rendre compte qu'à leur issue.

Comme l’a laissé entendre le directeur de la salle de presse du Saint Siège, le père Federico Lombardo, l’idée est d’éviter une trop grande médiatisation. L’affaire du majordome qui a jeté en place publique des documents secrets a déjà fait suffisamment de bruit pour rajouter de l’huile sur le feu en laissant une multitude de journalistes assister aux débats.

Au nom de la vérité, silence

Aujourd'hui, la presse italienne s'interroge : quelle sera la ligne de défense de l’ancien majordome ? Depuis son arrestation le 23 mai dernier, l’homme a affirmé qu’il avait "été guidé par le Saint Esprit" pour monter "une opération vérité". Durant une audience, il a précisé sa pensée :

Même si je ne savais pas à quoi mènerait mon initiative [consistant à divulguer des documents par l'intermédiaire du journaliste italien Gianluigi Nuzzi] j'ai eu envie de faire quelque chose qui permette, d'une manière ou d'une autre, de sortir de la situation que l'on vivait à l´intérieur du Vatican. De la position où je me trouvais, je pouvais observer la double fonction papale, celle de chef de l'Eglise et de chef de l´Etat. En particulier pour cette dernière fonction, je voyais dans la gestion de certains mécanismes du Vatican une raison de blocage ou, en tout cas, de scandale pour la foi. Je me rendais compte que, sur certains points, le pape n’était pas informé ou qu''il l'était mal. Avec l’aide d´autres personnes comme Nuzzi, je pensais que je pourrais voir les choses plus clairement".

Mais lors d'autres auditions, Paolo Gabriele avait changé son fusil d’épaule et laissé entendre qu’il avait des complices au sein de la Curie, ouvrant la porte à toutes les spéculations sur un complot contre Benoît XVI.

Le secret, règle intangible

Selon les déclarations sibyllines de ses avocats, il souhaiterait désormais modifier sa défense. Devant ses juges, Paolo Gabriele veut assumer seul ses erreurs. En clair, plus question de se faire passer pour un bouc émissaire. Une nouvelle stratégie qui lui permettrait d'obtenir la grâce papale comme l’espère sa famille.

L’un de ses proches a néanmoins déclaré à l’agence de presse Ansa qu'il ne pouvait pas croire que Paolo avait disjoncté et avait à lui seul voulu remettre l'Eglise sur le droit chemin avec cette opération "vérité":

Pour avoir commis un tel geste, Paolo doit avoir vu quelque chose de terrible, quelque chose qui s’est passé dans l’entourage du Souverain pontife. Autrement, la chose est inexplicable car nous le connaissons bien"

Mais désormais, pour éviter de passer de longues années en prison, l’ancien majordome doit assumer son geste. Il est alors fort probable qu'il bénéficiera au terme de son procès de la grâce papale. Le chef de l’Eglise de Saint Pierre devra faire preuve de sa très grande clémence.

Même si Benoît XVI parait bien décidé à connaître les dessous de cette affaire. Pour preuve, la commission d’enquête parallèle qu'il a confié à trois prélats âgés. L’objectif est bien de savoir si quelques robes pourpres ont aidé, voire manipulé, Paolo Gabriele. 

Mais il est certains que le Vatican de dérogera pas à sa règle intangible, depuis des siècles et des siècles, du secret quand les enjeux pour l'Eglise sont existentiels. Si les conclusions de cette enquête interne sont trop embarrassantes pour le Saint-Siège, elles ne seront certainement pas rendues publiques.  




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