La sécurité des réacteurs nucléaires en Europe, notamment en France, doit être améliorée. Selon un rapport de la Commission européenne, la facture de cette remise à niveau est salée: entre 10 et 25 milliards d'euros.
Le commissaire européen à l'Energie, Gunther Oettinger, va sans nul doute peser ses mots en présentant jeudi prochain les conclusions d'un rapport sur la sécurité nucléaire. Il veut éviter tout catastrophisme, tout en étant, affirme-t-il, sans "complaisance". Il soulignera ainsi sans nul doute que la sécurité dans les 68 centrales nucléaire en service dans l'Union européenne est globalement satisfaisante.
Pourtant ces conclusions, récapitulant tous les problèmes identifiés par les autorités de sûreté nationales lors des stress tests de résistance à une coupure générale d'électricité à la suite d'une catastrophe naturelle majeure, sont sans appel: toutes les centrales de l'UE sont défaillantes sur 5 à 7 points majeurs parmi les 11 analysés.
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Mais aucun des 134 réacteurs en service dans l'UE, dont les 58 réacteurs français, ne méritent d'être fermés pour autant. Seule une révision obligatoire après ce contrôle technique s'impose pour répondre aux normes de sécurité européennes. Il faudrait investir entre 30 et 200 millions d'euros par réacteur pour cette remise à niveau.
Fessenheim moins dangereuse que Cattenom
En France ce n'est pas la centrale de Fessenheim, la plus ancienne qui est la moins fiable. Elle doit pourtant être fermée fin 2016 par décision gouvernementale alors que les centrales de Cattenom, Chooz Golfech, Nogent, Paluel et Penly ont moins bien résisté aux stress tests. L'Elysée et Matignon vont avoir bien du mal à expliquer aux salariés de la centrale alsacienne pourquoi le seul critère de l'âge a condamné leur centrale.
Le rapport doit être présenté aux dirigeants européens lors de leur sommet à la mi-octobre. Ils devront alors décider s'ils passent outre aux exigences de sécurité des Européens pour cause ou s'ils imposent aux compagnies d'électricité de faire les travaux nécessaires.
L'impératif d'une meilleure sécurisation des centrales n'est pas nouveau.
En France, après Fukushima, on a, dans un premier temps demandé aux exploitants des centrales nucléaires françaises d'auto-évaluer la sécurité des installations en France. EDF, Areva et le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) avaient remis les premiers des rapports auprès de l'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire.
Noyau dur
L'IRSN avait, par la suite, recommandé l’adoption d’un niveau supplémentaire de sureté, intitulé "noyau dur", qui garantirait la pérennité des principales fonctions vitales des installations nucléaires durant plusieurs jours à la suite d'une catastrophe naturelle grave (séisme, inondation…), le temps que des moyens extérieurs au site puissent intervenir.
Mais que ce soit l'IRSN ou le Groupe des régulateurs dans le domaine de la sureté nucléaire (ENSREG) qui a mené les stress tests pour la Commission européenne, seules les conséquences d'un catastrophe naturelle majeure ont été analysées.
Pour l'eurodéputé vert français Yannick Jadot l'absence d' "une analyse exhaustive et approfondie des risques d'incendie, d'explosion, d'actes malveillants, chutes d'un avion, erreurs humaines ou encore combinaison de plusieurs de ces risques" est inquiétante.
Quant à la protection contre une attaque terroriste, elle a bien été envisagée, mais par un groupe spécial mis en place par les gouvernements, dont les conclusions sont confidentielles. La transparence a ses limites.