Mario Monti se verrait bien rester au pouvoir après les élection du printemps prochain. Berlusconi se rangerait à ses cotés face à la gauche. Cette "combinazione" n'est pas du goût de la gauche et du mouvement antisystème "5 étoiles".
Depuis sa nomination en novembre dernier pour sauver l'Italie,Mario Monti, expert en redressement économique, a toujours déclaré qu’il était "seulement de passage" comme chef du gouvernement car
la politique doit retrouver sa place après les législatives d’avril 2013".
Mais les pressions des marchés, des partenaires européens, des industriels italiens et même de l’Eglise, qui craignent un nouveau scénario catastrophe avec le retour sur scène d’une classe politique quotidiennement ébranlée par les scandales politico-financiers, sont en train de briser ses réticences à rester à la barre.
Et "Super Mario" est loin d'avoir terminé sa mission. Sans risquer désormais d’être dévorée à la sauce grecque grâce à sa politique de rigueur et de redressement des comptes publics, l'économie italienne navigue encore en eaux troubles. Avec un taux de croissance de seulement 2,4% pour 2012 et 10,7% de la population active au chômage, la péninsule est en franche récession (- 2,5% sur un an en juin 2012) et le climat social tendu.
Monti ou le déluge
Les syndicats contestent les réformes mises en place par le gouvernement Monti, notamment sur la flexibilité du travail. Ils sont sur le pied de guerre, notamment dans la fonction publique. L’exécutif s’apprête, en effet, à geler les salaires des fonctionnaires sur les trois prochaines années malgré la hausse de l'inflation qui a réduit le pouvoir de 4,1% le pouvoir d’achat des ménages durant le premier semestre 2012 par rapport à l’an dernier.
Avec les mesures d’austérité, la qualité des services publics a diminué notamment dans la santé, le secteur le plus touché par les coupes budgétaires. Enfin, les PME, véritable tissu industriel de la péninsule, sont frappées de plein fouet par la crise et les faillites se multiplient.
Dans ce contexte, le risque d’instabilité ne pourrait que s'accentuer avec un retour au pouvoir d’une classe politique décrédibilisée par les multiples affaires de détournement de fonds publics.
Berlusconi en embuscade
Reste que sur le plan technique, Mario Monti, également sénateur à vie, ne pourra pas participer à la compétition électorale, l’usage politique voulant que les sénateurs à vie ne descendent pas dans l'arène politique. Cet usage, en revanche, ne lui interdit pas d’être nommé chef du gouvernement après les législatives.
Selon la Constitution italienne, le président de la République choisit la personnalité indiquée par la coalition ayant remporté les élections. D’où la possibilité pour l’actuel président du Conseil, de rempiler. D’autant qu’il a le soutien de la droite et des modérés.
Quant à Silvio Berlusconi, son prédécesseur à la tête du gouvernement, il reste en embuscade. Après avoir annoncé en début de semaine qu’il ne participera pas à la compétition électorale en avril 2013, le Cavaliere a clairement laissé entendre qu’il souhaite jouer un rôle important dans la constitution du prochain gouvernement.
Homme de paille
L’idée de Berlusconi est de remanier le PDL, le parti qu’il avait fondé en 2008 en ouvrant la porte aux modérés. Il offrirait alors le leadership de cette nouvelle coalition qui engloberait, la Ligue du Nord, les centristes et les berlusconiens, à Mario Monti. Faute d'être le chef, il serait ainsi un faiseur de roi.
Je vois bien Monti à la tête des modérés qu’il a d’ailleurs toujours fréquenté"
a déclaré le Cavaliere lundi soir sur Canale 5, l’une de ses trois chaines de télévisions.
Selon le projet politique de Berlusconi, Mario Monti représenterait les modérés, mais serait remplacé sur les affiches électorales par un homme de paille puisqu’il ne peut pas participer aux législatives.
Le scénario du Cavaliere lui permettrait de rester en selle en espérant ainsi rester en position de force face à la justice de son pays qui le poursuit pour corruption et prostitution présumée de mineures.
Opposition de la gauche et de Beppe Grillo
Ce scénario ne plait évidemment pas à la gauche. Le candidat du parti démocrate (PD) sera choisi à l’occasion des primaires qui se tiendront début novembre. Crédité de 26,5% dans les derniers sondages, le PD n’a pas l’intention en cas de victoire, de renoncer au pouvoir comme l’ont déclaré les deux principaux prétendants au titre de champion, Pierluigi Bersani secrétaire des démocrates et Matteo Renzi, maire de Florence.
Sans parler de Beppe Grillo, le comique italien qui a fondé le mouvement "5Stelle" , (5 étoiles). Il déteste Mario Monti qu’il traite de vampire. Crédité de 17,8% , soit quasiment autant que le PDL (18,1%), cette formation qui tient des discours antisystème, antipolitique, populiste et antieuropéen, pourrait jouer un rôle important après les législatives.