Silvio Berlusconi est tombé comme Al Capone. Il est condamné pour fraude fiscale "massive" à quatre ans de prison ferme et interdit d'exercice public pendant trois ans. Mais l'ex-chef du gouvernement italien n'ira pas derrière les barreaux. Pourvoi et prescription lui éviteront cette humiliation. Cette sentence marque néanmoins la fin de deux décennies de pitreries berlusconniennes et de scandales à répétition qui ont ridiculisé l'Italie.
Le tribunal de Milan a condamné Silvio Berlusconi à quatre ans de prison ferme. Une peine assortie d'une interdiction d'exercice dans la fonction publique pendant cinq ans. Un jugement en première instance pour "fraude fiscale massive" dans l’affaire Mediaset, le groupe audiovisuel de l'ex-président du Conseil italien.
Selon les magistrats, le Cavaliere aurait artificiellement gonflé le prix des droits de diffusion de films, achetés par des sociétés écrans lui appartenant, lors de leur revente à Mediaset. De 368 millions de dollars pour la seule période 1994-1998 et de 40 millions d’euros de 2001 à 2003.
Caisses noires
Le groupe aurait également constitué des caisses noires à l'étranger et réduit ainsi ses bénéfices réalisés en Italie pour payer moins d'impôts. Selon le procureur, près de 170 millions de dollars auraient ainsi été placés dans des caisses noires.
L'avenir de Silvio Berlusconi risque d’être sérieusement compromis par cette condamnation à la prison ferme. L'ancien chef du gouvernement italien ne risque rien sur le plan juridique, le recours en appel suspendant immédiatement l’exécution du jugement. Et, par la suite, pourvoi en cassation puis prescription lui éviteront cette humiliation.
Et bientôt le procés Ruby
En revanche, les choses se présentent différemment sur le plan politique même si, dans la pratique, cette condamnation ne lui interdit pas de participer à une compétition électorale. De l'avis des avocats italiens, une condamnation devient définitive au terme du jugement en troisième instance.
Mais au final, ce verdict entache un peu plus, si c'est encore possible, la réputation du Cavaliere qui traîne d'autres casseroles judiciaires. A commencer par le procès Ruby qui pourrait se terminer en décembre prochain. Dans cet autre volet judiciaire, Silvio Berlusconi est accusé de prostitution de mineure présumée.
Au niveau de la classe politique, le verdict a suscité plusieurs types de commentaires. A droite, l’état major du PDL, le parti créé à sa mesure par Silvio Berlusconi, a immédiatement accusé les magistrats de vouloir briser définitivement la carrière politique de Silvio Berlusconi.
A gauche, on estime que l'ancien premier ministre a terminé sa course. Cela pourrait être vrai, le parlement devant approuver une loi interdisant aux personnes condamnées en première instance d’être élues. Seule certitude, c'est la fin de prés de deux décennies de pitreries berlusconniennes et de scandales à répétition qui ont ridiculisé l'Italie.