Syndicate content

La compétitivité incompatible avec la corruption en Italie

lundi, 5 novembre, 2012 - 18:11

A la suite de la publication du rapport Gallois sur la compétitivité, François Hollande promet des "décisions fortes". En Italie Mario Monti fait également de la compétitivité sa priorité, mais avant la baisse de charges, elle passe par la lutte contre la corruption, gangrène anti-productive des entreprises transalpines. 

Comment faire face à un défi économique et sortir d'une impasse politique? Après une semaine d'intense réflexion à l'Elysée et à Matignon, le gouvernement peaufine un plan pour restaurer la compétitivité des entreprises françaises. Un savant mix entre les propositions de Louis Gallois et les impérieuses nécessité d'enrayer la hausse du chômage et de ne pas [trop]plomber le pouvoir d'achat.

Demain, le gouvernement tirera les conclusions du rapport Gallois et il y aura des décisions fortes qui seront prises"

a promis François Hollande

L'ancien patron d'EADS et de la SNCF, aujourd'hui Commissaire à l'investissement, a confirmé qu'il recommandait une baisse du coût du travail de 30 milliards d'euros, dont 20 milliards de réduction des cotisations patronales et 10 milliards des cotisations salariales.

"Choc de compétitivité", "choc de confiance". Louis Gallois ne lésine pas sur les superlatifs, quitte à mettre le gouvernement qui l'a missionné dans l'embarras. Des "mesures qui visent à mener la reconquête industrielle". "Cela suppose de la méthode et de la persévérance", a prévenu le commissaire.

"Il faudra que les Français soutiennent cet effort. Cela suppose beaucoup de dialogue social", a-t-il également déclaré. "Il faut que le dialogue social trouve un nouveau dynamisme, un nouvel élan". Cela nécessite un "nouveau pacte social, socle de la compétitivité pour l'industrie française". "Nous avons [également] besoin d'un véritable patriotisme" pour relancer le "club France".

En Italie, une perte de compétitivité de 60 milliards

De l'autre côté des Alpes, le gouvernement Monti après avoir coupé à la hache dans les dépenses de l'Etat pour redresser les finances publiques, a, lui aussi, ouvert le chantier la compétitivité des entreprises. En Italie, la priorité n'est cependant pas la baisse des charges, mais la…lutte contre la corruption.

La corruption mine la confiance des marchés et des entreprises, décourage les investissements à l’étranger et implique au final, une perte de compétitivité pour le pays"

affirme Monti.

Ses conseillers viennent de présenter un "livre blanc de la corruption" évaluant son coût. L’adition annuelle est plutôt salée : 60 milliards d’euros! Un chiffre toutefois approximatif, les experts du gouvernement estimant que l’adition pourrait frôler la barre des 100 milliards d’euros, "le cout final des Grands travaux publics étant généralement gonflé d’au moins 40%".

Une situation insoutenable selon Mario Monti. Ainsi, la semaine dernière à Bologne, l’Emir du Qatar, lui a confié que:

La corruption est un l’un des principaux obstacles pour les investisseurs qui évitent de miser sur l’Italie".

La réaction de l’Emir n’a rien d’étonnant, l’Italie se retrouvant sur la 69ème marche sur le podium de la corruption aux cotés du Ghana et de la Macédoine selon une étude réalisée par la Banque Mondiale.

Inéligibilité des corrompus

Selon cette étude reprise dans ce livre blanc,

les entreprises confrontées à une administration publique corrompue et qui doivent par conséquent payer des pots de vins, ont une croissance inférieure de 25% à celles des entreprises qui font affaire avec des administrations saines".

Un frein à la compétitivité insurmontable.

Après avoir multiplié les avertissements, "Super Mario" passe à l'acte. Une loi anticorruption vient d'être enfin adoptée. Présentée pour la première fois au Sénat avant le printemps dernier, le projet de loi a été l'objet d'âpres discussions entre les différents partis notamment celui de Silvio Berlusconi, certains députés étant actuellement aux prises avec la justice italienne. Sans parler du Cavaliere jugé à diverses reprises pour corruption.

La nouvelle loi prévoit l’inéligibilité pour les personnes condamnées à une peine de prison supérieure à deux ans et une aggravation des peines, celles pour concussion passant de 6 à 12 ans de réclusion.

Liste officielle des entreprises "propres"

A titre préventif, les fonctionnaires qui dirigent des administrations publiques ayant des relations avec le privé seront soumis à des rotations régulières. Enfin, les dirigeants des entreprises et les employés condamnés pour corruption, seront licenciés et devront payer des dommages et intérêts pour avoir entaché l’image de l’administration publique.

Autre nouveauté : la création d’une "liste blanche" des prestataires de services et des sociétés chargés d’exécuter des travaux pour le compte de l’administration publique n’ayant eu aucun contact avec la mafia. Cette liste sera déposée et régulièrement mise à jour par les préfectures.

Enfin, il est désormais interdit aux fonctionnaires d’accepter des "cadeaux" ou des compensions en monnaie trébuchante peine un renvoi devant les tribunaux. Seuls les "cadeaux d’usage" offerts selon le code de la bonne courtoisie, comme une bouteille de champagne pour Noël par exemple, seront autorisés.

Une vraie révolution de mœurs politiques qui, si cette loi est vraiment appliquée, engendrera, elle aussi, un vrai "choc de compétitivité". 




Pays