La gauche italienne a voté hier pour désigner son prétendant à la tête du gouvernement. Un scrutin ouvert aux sympathisants. Le chef du Parti démocrate, Pier Luigi Bersani est arrivé en tête avec 44,9% suivi du jeune maire de Florence, Matteo Renzi, étoile montante du PD, avec 35,5%. Second tour le 2 décembre.
[Article publié le 23 novembre à 18h12, actualisé le 26 novembre à 19h13 avec les résultats du vote de dimanche]
A quatre mois des élections législatives italiennes, les deux principaux partis politiques, de centre-gauche et de droite, le Pd (démocrates) et le Pdl (Parti du Peuple de la Liberté de Silvio Berlusconi) vont choisir leurs candidats lors de primaires.
Le premier tour des primaire pour la gauche, hier dimanche a été un succés pour la participation. Plus de trois millions d'Italiens ont participé au scrutin.
Le Parti démocrate n'en est pas à son coup d'essai. Introduites pour la première fois en Italie par Romano Prodi à l’occasion des législatives de 2007, c'est la deuxième fois que le Pd demande aux Italiens de choisir son candidat. Des primaires ouvertes et non pas un scrutin réservé aux seuls militants, avec tous les tripatouillages que cela peut engendrer, comme le prouve la pathétique farce électorale pour la présidence de l'UMP.
Cinq candidats
Le mode de désignation des candidats de la gauche aux législatives d'avril prochain se rapproche de celui pour les "grands électeurs" Républicains et Démocrates et des primaires socialistes en France pour les présidentielles.
A l'initiative du Pd, les militants et les sympathisants de gauche devaient choisir entre cinq candidats. Le deuxième tour aura lieu le 2 décembre, le candidat en tête n'ayant pas dépassé la barre des 50% des suffrages.
Il s'agissait de désigner qui portera les espoirs de la gauche lors des élections. Pierluigi Bersani, secrétaire général du Pd, Matteo Renzi, maire de Florence, Nichi Vendola, président de la région des Pouilles et chef de file du parti Gauche, Ecologie et Liberté (SEL), Bruno Tabacci, adjoint aux finances de la mairie de Milan, et Laura Pupatto, élue locale de Vénétie, étaient sur les rangs.
A droite, le Pdl organisera ses primaires le 16 décembre prochain. Une dizaine de candidats dont plusieurs anciens ministres du dernier gouvernement Berlusconi se disputeront le leadership. Pour le Pdl, c'est une première. Jusque là, c'était plus simple: le Cavaliere en personne qui choisissait les candidats du parti qu'il avait créé.
Berlusconi ayant perdu de son lustre, les caciques du parti se sont résolu à opter, eux aussi, pour des primaires. Mais à trois semaines du scrutin, ils ne se sont toujours pas mis d'accord sur le mode de scrutin. De toute évidence, comme en France, les primaires ne sont pas dans vraiment dans l'ADN des partis de droite.
Tout n'est pas rose à gauche
Pour autant, tout n'est pas rose à gauche. Au Pd, les règles des primaires ont été établies par la direction du parti le mois dernier au terme de discussions houleuses.
Finalement tous les Italiens et les immigrés résidents en Italie âgés de plus de 18 ans pouvaient voter s'ils étaient inscrits sur le registre des électeurs de gauche. Autres conditions: signer une déclaration attestant qu'ils étaient de gauche et payer deux euros.
Ce registre ne pouvant pas être publié, de nombreux élus du gauche estiment que des électeurs dont le cœur penche normalement à droite pourraient voter aux primaires du Pd.
Des électeurs de droite pourraient voter pour Matteo Renzi dont ils apprécient la sensibilité politiquement plus située à droite qu’à gauche. Signer une profession de foi pour se déclarer de gauche et verser deux euros avant de choisir un bulletin de vote n’a jamais véritablement engagé personne"
estimait un sénateur interrogé avant le scrutin de dimanche. Les personnes qui n'ont pas voté au premier tour sont interdites de vote au deuxième tour. Une façon de combattre l’abstentionnisme, le grand cauchemar des politiciens confrontés à la désaffection croissante des Italiens.
Un enjeu important
A droite comme à gauche, l’enjeu n’est pas des moindres puisque les électeurs choisiront le candidat qui devra représenter les aspirations de chaque coalition aux législatives. Ce que paradoxalement, les électeurs du gauche ne semblent pas avoir réellement compris.
Je voterais pour Nichi Vendola. Sincèrement, je ne le vois pas premier ministre mais en revanche, il représente un idéal de gauche qui correspond à mes propres aspirations"
expliquait la journaliste Elena Polidori à la veille du 1er tour des primaires de la gauche.
Cet ancien communiste vivant en couple avec un jeune canadien est président de la Région des Pouilles est soutenu par le dernier secrétaire du parti communiste italien Achille Occhetto. Nichi Vendola n'a obtenu dimanche que 15,6% des suffrages.