Comme à l’UMP, c’est la guerre en Italie au sein du parti démocrate entre les deux candidats restant en lice pour le second tour des primaires. Avec en ligne de mire la Présidence du Conseil. La justice est saisie avant même le vote dimanche des Italiens écœurés par ce mauvais film.
De l’autre coté des Alpes, le sang coule dans l’arène du parti démocrate qui doivent départager dimanche au second tour des primaires les deux candidats du parti restant en lice. A savoir, Pierluigi Bersani secrétaire national et cacique du parti et Matteo Renzi. Maire de Florence, ce fringant quadragénaire se veut le sauveur de la gauche italienne.
L’enjeu de ce second tour est essentiel: le vainqueur devant représenter les espoirs de la gauche aux législatives, qui se tiendront vers la mi-mars, de revenir au pouvoir, avec la présidence du Conseil à la clé.
Mais à trois jours du coup d’envoi au deuxième tour des primaires, la situation a viré au drame entre les deux prétendants. Hier, les représentants des quatre autres candidats qui s’étaient présenté au premier tour- Pierluigi Bersani, Nichi Vendola, Bruno Tabacci et Laura Puppato- ont porté plainte contre Matteo Renzi devant le "conseil de surveillance" (version transalpine de la Commission des recours de l'UMP) du parti démocrate.
Manipulation politique
A l’origine de cette décision, l’achat de pages de pub dans huit quotidiens italiens par la fondation "Big Bang" de Matteo Renzi. Des pages pour publier un texte invitant les Italiens à s’enregistrer le plus rapidement possible sur les listes des électeurs du parti démocrate pour pouvoir voter dimanche lors des primaires.
Pour les quatre autres candidats, cette publication a été vue comme une entorse au code de déontologie puisque le texte n’a pas été approuvé par le Conseil du parti en charge de l’organisation des Primaires. Et aussi, comme une manipulation politique. Pour rattraper son retard au premier tour, Pierluigi Bersani l’ayant devancé de 9 points, le maire de Florence aurait décidé de sortir l’artillerie lourde pour mobiliser les électeurs affirment ses adversaires.
En attendant la réponse du Conseil saisi par les quatre candidats, la situation tourne de plus en plus au crêpage de chignon entre Pierluigi Bersani et Matteo Renzi. Après avoir appris que la Cour des comptes venait de refuser d’entériner le bilan de la municipalité de Florence, Matteo Renzi a carrément accusé le patron de son parti d’avoir fait pression sur les membres de la cour. Une opération, accuse t-il, montée de toute pièces pour le discréditer devant les électeurs.
Enfer et mauvaises intentions
Pierluigi Bersani accuse son adversaire de "vouloir déchainer l'enfer à trois jours des primaires". Selon lui, le maire de Florence aurait préparé une campagne de "mails bombing". Le formulaire d’inscription aux primaires, préalable nécessaire pour pouvoir voter, aurait été envoyé à des milliers d'internautes italiens, sans même connaitre leur appartenance politique. Seule certitude, des encarts permettant d'imprimer le formulaire a été inséré au beau milieu de la page de garde de nombreux sites. On le retrouve même sur un site culinaire!
Reste que cette affaire risque de faire perdre de nombreux points au maire de Florence. Durant les derniers jours, plusieurs édiles ont annoncé qu’ils soutiendront Pierluigi Bersani dimanche prochain alors qu’ils étaient prêts à voter pour son adversaire il y a une semaine encore.
Fillon-Copé, version western spaghetti
Les Italiens déjà dégoutés par la politique en général après les scandales de pots de vins qui ont frappé plusieurs partis de plein fouet durant les derniers mois, regardent quant à eux cette bataille des chefs et s’interrogent. Et certains disent déjà haut et fort que deux hommes qui s’entredéchirent pour le pouvoir sans se rendre compte du ridicule dans lequel ils plongent tout le parti, n'ont pas l'étoffe nécessaire pour prétendre diriger leur pays.
Dans ce contexte, le taux de participation dimanche aux primaires, importante au premier tour, pourrait être décevante au second. Heureusement pour les Italiens ce mauvais remake, version western spaghetti de l'interminable guerre Fillon-Copé se termine dimanche.