Les Italiens exorcisent la crise économique. Ils sont possédés du démon et font appel à des exorcistes pour en être libérés. L'Eglise a bien du mal à répondre aux demandes de libération du diable. Vade retro !
Pour Belzebuth taper 1, les diablotins taper 2. Après avoir doublé le nombre d’exorcistes qui sont passé de six à douze, la curie de Milan a mis en place un numéro vert pour trier les appels. Une décision adoptée par Monseigneur Angelo Mascheroni, évêque auxiliaire et responsable du Collège des exorcistes face à l’augmentation croissante du nombre de possédés. Ou pour le moins, de personnes s’estimant telles.
Une recrudescence due en partie à la crise et aux incertitudes engendrées par la crise économique qui frappe de plein fouet les Italiens depuis un an et demi. A cela se rajoute les incompréhensions générées dans certaines familles par des situations difficiles, comme le note Monseigneur Mascheroni:
Nous recevons des gens de tout âge et de toute provenance sociale. D’habitude, ce sont les parents qui nous appellent pour dire que leur fils ne va plus à l’école, qu’il se drogue, qu’il se rebelle à l’autorité parentale. Tout cela n’a rien à voir avec le diable mais nous essayons de les aider en les rapprochant de Dieu"
Mieux qu'un psy
Le standard est disponible du lundi au vendredi. Durant le week-end, les possédés n’ont qu’une solution: demander au diable de bien se tenir en attendant le rendez-vous avec l’exorciste. Généralement la première séance est consacrée à un "état des lieux". L’exorciste demande au patient s'il ne préfère pas s'adresser à un psychanalyste, la plupart des cas n’ayant rien à voir avec le diable et l’enfer.
Les vrais phénomènes diaboliques sont rares, très rares" reconnait Monseigneur Mascheroni. Sur ce point, la plupart des exorcistes sont d’accord. Même si certains comme le Père Giancarlo Gramolazzo, président de l’Association internationale des exorcistes, note une "recrudescence des phénomènes sataniques notamment en Italie".
Avis partagé par Don Gino Oliosi, exorciste et recteur de l’Eglise Sainte Toscane à Vérone.
Le Père Amorth, star des exorcistes italiens
Dans la cité de Roméo et Juliette comme dans toute la Vénétie, la situation ressemble à celle de Milan. Du coup, l’église a organisé une véritable task-force d’exorcistes composée de 13 prêtres qui œuvrent d’arrache-pied à Vérone et ses environs.
Les personnes qui font appel à un exorciste sont en proie à un profond désespoir souvent alimenté par des magiciens qui ne font qu’empirer leur situation."
explique Don Oliosi. Mais comme l’évêque auxiliaire de Milan, il estime que les vrais cas de possessions diaboliques sont rares.
En 10 ans d’exercice, je n’ai vu que sept cas de possessions. Quatre ont été réglés, trois sont encore en cours. C’est paradoxal mais la peur du démon augmente alors que l'Eglise perd de son influence dans une société de plus en plus matérialiste".
Et à Rome ? Dans la cité éternelle, le diable serait quotidiennement au travail selon le Père Gabriele Amorth, la star des exorcistes italiens. C'est l'exorciste officiel de la cité du Vatican et de l'archidiocèse de Rome. Ce prêtre à l’allure sévère œuvre pourtant le plus souvent en banlieue, loin de Saint Pierre et de ses ors. Il conserve ses trophées de guerre contre le Diable dans une boite de chaussures.
Des jouets en plastique pour enfants genre dinosaures et éléphants, des gros clous et beaucoup de piles. Ce sont les objets que lui cracheraient les possédés au visage durant les séances d’exorcisme. L’an dernier, le père Amorth a publié un livre "Ma bataille contre Satan" devenu un best-seller.
Une émission spéciale exorcistes
Il raconte un épisode concernant le pape Benoit XVI qui contrairement à son prédécesseur Jean Paul II, ne pratiquerait pas d’exorcisme. Une seule fois, le pape serait intervenu. Mais de loin. Après avoir aperçu deux hommes hurlant la bave à la bouche et se roulant par terre comme en proie aux tourments de Satan, Benoit XVI les auraient bénis. Quelques instants plus tard, les deux hommes étaient guéris.
Prenant la menace de la recrudescence de phénomènes sataniques très au sérieux, la conférence épiscopale des évêques (CEI) diffuse "Vade Retro", émission spéciale exorcisme. Au programme: des témoignages et des prières de libération. Avis aux candidats !