Depuis le 1er janvier, on paye exclusivement en espèces au Vatican. Les cartes bancaires ne sont plus légales. La Banque d’Italie vient de bloquer toutes les transactions électroniques effectuées sur le territoire du Saint Siège pour non respect des normes anti-blanchiment.
Un sacré handicap pour les touristes et des consommateurs italiens habitués à faire leurs emplettes dans le supermarché, la pharmacie, la parfumerie et les magasins de vêtements, entre autres, pour profiter de l'exemption de TVA. Ils doivent quitter les Saint-Siège et retourner en Italie pour trouver des distributeurs automatique de billets en état de marche. Problème: les files d'attente se sont vite allongées aujourd'hui devant ceux à la frontière de l'Etat papal.
Officiellement, cette décision aurait été adoptée pour des raisons d’ordre administratif. La Deutsche Bank Italia qui a équipé le Vatican en machines de paiement, est "assujettie au droit italien et doit par conséquent demander l’autorisation de la banque d’Italie avant d’installer des machines" explique-t-on à la Banque d'Italie.
Cette autorisation demandée courant 2012 alors que les DAB fonctionnaient sur tout le territoire du Vatican depuis plusieurs années, a été refusée par la banque centrale d’Italie.
Le Vatican est considéré comme un pays extracommunautaire bien qu’il ait adhéré à la zone euro et qu’il batte monnaie unique. Et selon les normes anti-blanchiment, il ne peut pas utiliser un système de paiement fourni par un institut italien ou sujet au droit italien"
précise la banque centrale italienne.
Le banquier de Dieu congédié
Les normes anti-blanchiment : tout le problème est là. Bien connu pour son opacité non seulement dans la gestion des affaires courantes mais aussi de ses finances, l'IOR ("Institut pour les œuvres de religion", la banque du Vatican) n’est pas sur la liste des banques européennes respectant ces normes anti-recyclage d'argent d'origine indéterminée fixées par le Conseil de l'Europe.
Le dossier du Saint-Siège a été examiné à plusieurs reprises par Strasbourg. Le Conseil de l'Europe devait rendre sa décision en juillet dernier. Mais le licenciement brutal d’Ettore Gotti Tedeschi président du IOR au printemps dernier a ralenti la procédure. Pour avoir voulu mettre fin aux pratiques financières obscures du IOR, le "banquier de Dieu" a été congédié comme un malpropre en 24 heures. Les ministres du Conseil devraient réexaminer le dossier au printemps prochain, mais d'ici là, le Vatican doit faire preuve de plus de transparence. En toute bonne foi.
"Situation suspecte"
Du coté du Saint-Siège, on tente de dédramatiser l’affaire. Dans un communiqué officiel, la direction des Services économiques du gouvernorat confirme que seuls l’argent liquide où les chèques sont désormais acceptés sur l’ensemble du territoire de cet état qui mesure seulement 44 km2. Pas un mot en revanche sur la désactivation des distributeurs de billets par la Banque d’Italie. Un voile pudique pour éviter de devoir donner des explications embarrassantes sur les pratiques opaques du Saint Siège.
Le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, se contente d'expliquer qu'il s'agit d'un simple incident technique, les contrats avec "certains prestataires de services étant arrivés à échéance". Et sur le site des Musées du Vatican, on s'excuse auprès des visiteurs : "pour des raisons indépendantes de la direction des Musées, il n’est plus possible d’effectuer des paiements aux Musées par des moyens électroniques".
Pour la Banque d’Italie, il n'y a pourtant pas l'ombre d'un doute. Ses experts expliquent que:
le blocage des transactions électroniques est une décision grave. Elle est normalement appliqué en cas de situations suspectes".
Il y a une deux semaines, le sous-secrétaire d’Etat italien au Trésor, Vieri Ceriani avait expliqué au parlement, que l'IOR n'était plus habilité à effectuer des transactions financières en Italie comme en Europe dans l'attente d'un feu vert européen. D’ici là, on paiera en espèces sonnantes et trébuchantes au Saint-Siège.