Un nouveau sondage ramène à un tiers le nombre des Britanniques partisans d'un maintien dans l'Union européenne. Cela conforte la stratégie du premier ministre David Cameron et son referendum annoncé pour 2017.
Non, les citoyens britanniques ne sont pas des ingrats. Les résultats obtenus par David Cameron lors de l'adoption récente du budget européen – en forte baisse comme le souhaitait Londres – seront peut-être de nature à tempérer leur euroscepticisme. On peut cependant en douter à la lecture des résultats du sondage de Harris Interactive publié ce matin et réalisé entre le 29 janvier et le 6 février, juste avant le Conseil européen du 8. Il confirme leur désir profond de prendre le large du continent, comme menace de le faire David Cameron.
Cette enquête d’opinion ne pouvait pas être pire pour l'Europe. Dans l'hypothèse d'un referendum sur le maintien ou non du Royaume-Uni dans l'Union européenne, 50% des 2.114 personnes interrogées se prononcent pour la sortie et ils ne sont que 33% à s'y opposer tandis que 17% préfèrent se réfugier dans l'abstention.
Le référendum plébiscité
Et les Britanniques se prononcent en connaissance de cause. Ils sont en effet 50% également à approuver la décision de David Cameron d'organiser en 2017 un référendum sur cette question. Seulement 21% désapprouvent cette initiative.
Une initiative qui relève de la pure tactique politique.
Préoccupé par la montée des souverainistes du UK Independance party, le premier ministre conservateur entend bien leur couper l'herbe sous le pied avec ce referendum bien nationaliste lors des élections générales prévues en 2015. Pourquoi en effet, dans ce contexte, voter UKip et prendre ainsi le risque de faire repasser les travaillistes ? Au demeurant, 25% des sondés se disent moins susceptibles de voter UKip, préférant la copie conservatrice à l’original, depuis l'annonce du référendum.
Retenez-moi ou je vous quitte…
Mais quelque soient ses tendances eurosceptiques, David Cameron est, en fait, avant tout pragmatique. Loin de rêver de l'aventure isolationniste que représenterait la rupture avec l'UE, il compte bien faire pression sur ses partenaires européens – Allemagne, Pays-Bas et Scandinavie en tête – pour leur arracher des concessions majeures sous forme de rapatriement à Londres de plusieurs politiques communautaires. Et du coup convaincre les Britanniques de rester dans une Europe devenue non contraignante pour eux.
Et le sondage Harris Interactive vient conforter cette analyse. Car les sujets de sa Majesté sont quand même 45% à reconnaître que le Royaume tire toujours des avantages de son appartenance à l'UE (34% ne le pensent pas). Surtout, sur les 50% qui sont prêt à la quitter, 6 sondés sur 10 reconnaissent que leur vote pourrait certainement ou possiblement changer si une renégociation du traité leur apportait satisfaction.
Et puis, fondamentalement, tout cela ne passionne pas les Anglais. Sur les 15 priorités politiques pour leur pays, la question de l'UE vient en quatorzième position…