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Elections en Italie: une majorité introuvable

mardi, 26 février, 2013 - 07:21

Le mode d'élection, la percée stupéfiante de Beppe Grillo, candidat anti-système et résistance de la droite berlusconienne ont rendu l'Italie ingouvernable. Au lendemain des élections générales, la gauche est majoritaire mais n'a pas eu d'avance suffisante pour remporter le Sénat. Les Italiens vont-ils devoir revoter?

Une Italie ingouvernable. Selon les résultats quasi-définitifs, ni le centre-droit ni le centre-gauche n’auraient obtenu la majorité nécessaire au sénat (158 sièges).

A gauche, la coalition conduite par le parti démocrate (Pd) a remporté la bataille à la Chambre des députés, mais n’obtient en revanche que 113 sièges au Sénat, soit moins que la coalition de droite dirigée par le parti du Peuple de la Liberté, (Pdl) de Silvio Berlusconi qui rafle 116 sièges. Quant aux centristes de la coalition de Mario Monti, elle devra se contenter de 18 sénateurs. Une vraie claque pour le chef du gouvernement sortant, les électeurs ayant clairement désavoué sa politique de rigueur. Du coup, une alliance entre les centristes et les démocrates ne serait pas suffisante pour avoir la majorité.

La gauche est pourtant arrivée en tête des suffrages avec 31,6% des voix contre 30,7% pour les berlusconiens. Mais grâce à la loi électorale en vigueur, ces résultats au niveau national n’ont aucune importance. Le système accorde en effet une prime au vainqueur sur une base régionale. En clair, plus la région est peuplée, plus la prime est conséquente. C’est le cas de la Lombardie, de la Sicile et de la Vénétie.

Echec cinglant pour Mario Monti

Dans ce contexte, la situation risque de se compliquer pour tenter de former un gouvernement ayant les moyens de diriger le pays du fait du score effectué par le Mouvement 5stelle (M5s) fondé en 2009 par le comique génois Beppe Grillo. Certes, le Coluche italien n'a que 54 sénateurs, mais les positions affichées par cette armée de contestataires anti-système peu rodée aux affaires d’un Etat en proie à une crise économique sans précédent, va compliquer la donne.

Avec 23,8% des suffrages au Sénat et 25,5 à la Chambre, ce mouvement populiste qui se refuse de participer à un gouvernement devient la troisième force politique du pays. A l'inverse la liste centriste de Mario Monti n'arrive même pas à un score à deux chiffres au Sénat! (9,2 %). Quant à la Chambre, il franchit de justesse cette barre symbolique des 10% (10,56 exactement).

Si ces résultats se confirment, nous devons immédiatement modifier la loi électorale à l’origine de l’instabilité en raison du système de primes et organiser de nouvelles législatives"

estimait cette nuit alors que les résultats étaient encore partiels, Enrico Letta, l’une des têtes d’affiche des démocrates.

Hier soir, la droite berluconienne revendiquait, elle, sans complexe la victoire, passant sous silence sa défaite à la Chambre des députés et son succés relatif au Sénat.

Nous avons remporté le sénat grâce à Silvio Berlusconi. En un mois et demi à peine, il a permis au parti de remonter la pente"

déclarait Sandro Bondi, bras droit du Cavaliere.

Et maintenant ? Selon la constitution, la balle est dans le camp du président de la République Giorgio Napolitano. Tous les scénarios sont possibles.

L'arbitre présidentiel en fin de course

Soit il propose aux partis de former une grande coalition gauche, centre et droite, soit il préconise des nouvelles élections au Sénat.

Le premier scénario devrait l’emporter d’autant qu'il faut rassurer les marchés. Mais dans ce cas, qui serait le prochain président du Conseil ? Le patron du parti démocrate Pierluigi Bersani qui avait déjà emballé ses porcelaines en prévision d’un déménagement à la présidence du Conseil devra défaire ses cartons.

Quant à l’actuel locataire du Palais Chigi, Mario Monti, il ne devrait pas reprendre son propre flambeau. Du coup, les trois coalitions, droite, centre et gauche vont devoir trouver un candidat présentable pour tous et surtout, avec suffisamment d'étoffe pour rassurer les partenaires européens de l'Italie et la finance internationale.

Après quoi, cette grande coalition devra aussi trouver un autre accord pour élire le prochain président de la République, le mandat de Giorgio Napolitano étant arrivé à échéance. Un sacré casse-tête, le candidat devant lui aussi avoir de la trempe et beaucoup de diplomatie pour gérer une situation politique qui s’annonce délicate.


Résultats définitifs publiés par le ministère italien de l'Intérieur:

Chambre des députés

Coalition de gauche dirigée par le Parti démocrate: 29, 54 % (340 sièges)

  • Parti démocrate (PD, social démocrate) : 25, 4 % (292 sièges)
  • Gauche, écologie et liberté (SEL, gauche radicale) : 3, 2 % (37 sièges)
  • Centre démocrate : 0, 5 % (6 sièges) Parti populaire du Tyrol du Sud (SVP, conservateur et régionaliste) : 0, 4 % (5 sièges)

Coalition de droite de Silvio Berlusconi : 29, 18 % (124 sièges)

  • Peuple de la Liberté (PdL, conservateur) : 21, 6 % (97 sièges)
  • Ligue du Nord (LN, xénophobe et régionaliste) : 4, 1 % (18 sièges)
  • Frères d’Italie (issu d’une scission du PdL) : 1, 95 % (9 sièges)

Mouvement "5 étoiles" de Beppe Grillo : 25, 55 % (108 sièges)


Coalition de centre droit de Mario Monti : 10, 56 % (45 sièges)

  • Choix civique avec Mario Monti pour l’Italie : 8, 3 % (37 sièges)
  • Union du Centre (UDC) : 1, 8 % (8 sièges)
  • Futur et Liberté (FIL) : 0, 46 % (0 siège)
  • Révolution civile d’Antonio Ingroia (centre gauche) : 2, 24 % (0 siège).
  • Agir pour arrêter le déclin (libéraux) : 1, 1 % (0 siège)

Sénat (315 sièges)

Coalition de droite de Silvio Berlusconi : 30, 72 % (116 sièges)

  • Peuple de la Liberté (PdL, parti de Berlusconi) : 22, 3 % (98 sièges)
  • Ligue du Nord (LN, xénophobe et régionaliste) : 4, 33 % (17 sièges)
  • Le Grand Sud (autonomistes) : 0, 39 % (1 siège)
  • Les autres formations de la coalition n’ont pas suffisamment de votes pour avoir un siège.

Coalition de gauche dirigée par le Parti démocrate : 31, 63 % (113 sièges)

  • Parti démocrate (PD, social démocrate) : 27, 43 % (105 sièges)
  • Gauche, écologie et liberté (SEL, gauche radicale) : 3 % (7 sièges)
  • Le mégaphone – Liste Crocetta : 0, 45 % (1 siège)

Mouvement 5 étoiles de Giuseppe Piero Grillo : 23, 79 % (54 sièges)

Coalition de centre droit de Mario Monti : 9, 13 % (18 sièges)  


Article actualisé à 12h08 avec les résultats définitifs




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