L’Italie est toujours sans gouvernement. Le mouvement de Beppe Grillo se refuse à tout compromis avec une classe politique dont il a juré la perte. Et à gauche, rien ne va plus pour son leader, Bersani. Quant à la droite, elle est aussi bien mal en point. Silvio Berlusconi s’est réfugié à l’hôpital pour éviter ses procès.
Pas de compromis, pas de gouvernement avec la classe politique actuelle. Les parlementaires du Mouvement 5stelle se refusent toujours à participer, un mois après les élections législatives, à une quelconque solution pour sortir leur pays de l’impasse politique. Et tant pis si une partie de leurs sympathisants regrettent leur intransigeance.
Nous ne consulterons pas la base sur la question du soutien à un éventuel gouvernement. Notre programme est clair : il faut déboulonner la classe politique actuelle !"
explique le sénateur Vito Crimi porte-parole du Mouvement au Sénat.
Impasse totale
La balle est désormais dans le camp du chef de l’Etat Giorgio Napolitano qui doit, selon la Constitution, convoquer les leaders des partis essayer de former un gouvernement. Une opération à priori impossible, le Mouvement 5stelle fort de ses 25% aux législatives, se refusant de voter la confiance à un tout gouvernement "quel que soit sa couleur".
Reste qu’avec une telle position, le mouvement apolitique fondé par le comique Beppe Grillo en 2007 pousse son pays dans le mur.
Alors que faire pour sortir de ce cul-de-sac et, surtout, éviter que l’instabilité italienne continue d’affaiblir par ricochet l’ensemble de la zone euro ?
Eliminer Pierluigi Bersani (le leader de la gauche, NDLR) qui refuse de prendre conscience du fait qu’il est déjà mort politiquement, organiser des élections législatives anticipées et pousser le Parti démocrate à prendre le maire de Florence Matteo Renzi comme nouveau leader."
estime Luigi Vimercati. Pour cet ex-sénateur démocrate, le "Tony Blair italien" battu aux primaires du Pd par Pierluigi Bersani est la seule personnalité politique capable de débouter Silvio Berlusconi et le comique Beppe Grillo.
Une opération qui passe par la mise en place d’un gouvernement provisoire pour assurer la transition jusqu’aux prochaines élections. Mais là encore, la manœuvre risque d’échouer, le Mouvement 5stelle refusant même dans cette hypothèse de voter la confiance à un candidat choisi hors des rangs de la société civile.
Berlusconi sous défibrillateur
A droite, c’est également la débandade. Dans les rangs du Parti du peuple de la Liberté, la formation berlusconienne, un vent de panique risque d’éparpiller les troupes du Cavalier. Pour essayer d’échapper aux tenailles des juges qui l’attendent de pied ferme pour "prostitution présumée de mineure" dans l’affaire Ruby, mais aussi sur le dossier Mediaset, pour "corruption et fraude fiscale", Silvio Berlusconi est hospitalisé depuis une semaine.
Atteint au départ d’une conjonctivite aigue, l’ancien chef de gouvernement aurait maintenant des problèmes cardiaques. Placé sous défibrillateur, il ne pourra pas assister à l’audience en appel du procès Mediaset prévue samedi matin. Mais il ne fait que gagner du temps. L’audience devrait être simplement repoussé.
Sur le plan politique toutefois, la situation du Cavaliere est en train de se compliquer. Hier, le Mouvement5stelle a annoncé qu’il demandera au parlement et au sénat d’approuver de voter la non éligibilité de Silvio Berlusconi.
Mais ce n’est pas tout : le Mouvement de Beppe Grillo a déclaré qu’il voterait pour l’arrestation du milliardaire si les magistrats demandent au parlement la levée de son immunité. Un sérieux coup de semonce, d’autant que le Parti démocrate semble prêt à s’aligner sur la position du Mouvement 5stelle.
Mercredi soir, le monde entier apprenait l’élection au trône de Saint Pierre, d’un jésuite proche des franciscains. Au même moment, les ténors du parti du Peuple de la Liberté montaient aux créneaux et déclaraient "qu’ils se battront jusqu’au bout contre la persécution politique et judiciaire".
Mais avec une telle épée de Damoclès sur la tête, Silvio Berlusconi n’a plus le poids politique nécessaire pour participer aux discussions sur la formation du prochain exécutif. Du coup, la situation est encore plus compliquée et instable.