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Uli Hoeness, roi du foot, de la saucisse, et de l’évasion fiscale

lundi, 22 avril, 2013 - 15:46

Uli Hoeness, président du Bayern Munich et big boss du foot allemand, est accusé d'évasion fiscale. A la veille de la demi-finale de Ligue des Champions opposant son club au FC Barcelone, Uli Hoeness, gestionnaire émérite et riche grâce aux saucisses, dévoile un nouveau visage à une Allemagne déçue, un de plus. Portrait.

L’Allemagne s’est-elle trouvé son Cahuzac? Uli Hoeness n’est certes pas ministre, mais c’est tout comme: il est le patron du Bayern Munich, le plus grand club de foot allemand. Autant dire, une personnalité qui compte en Allemagne.

Légende du foot allemand

Depuis ce weekend, le patron est mal en point. La presse allemande a en effet annoncé l’impensable: Uli est un fraudeur. Il possèderait un compte en Suisse. Selon Bild, le président du Bayern, qui aurait avoué son forfait en janvier pour négocier son rachat auprès des autorités fiscales, a déjà reçu la facture. Les impôts lui réclameraient 6 millions d’euros d’amende. Et la presse allemande de spéculer sur le nombre de millions placés à l’étranger. Dix? Des centaines?

Quelle que soit l’ampleur de cette évasion fiscale, notre Cahuzac en crampons a surpris tout son monde. Qui l’eut cru! Uli Hoeness, 61 ans, est une personnalité atypique respectée outre-Rhin, et au-delà du football. Une personnalité aux multiples visages.

Uli Hoeness, c’est d’abord un joueur très doué, l’une des légendes du football allemand. Attaquant vedette de la Bundesliga entre 1970 et 1979, il y aura joué 250 matchs et marqué 86 buts, sous les couleurs du Bayern Munich, déjà. Appelé dans la sélection allemande, il devient l’un des plus jeunes joueurs à gagner le championnat d’Europe, en 1972.

Joueur, manager, président: 40 ans au Bayern

Deux ans plus tard, il gagne la Coupe du monde organisée et remportée en 1974 par la RFA. Déjà, Uli Hoeness est du genre à se faire remarquer, à l’image de son précoce coup d’éclat lors de la finale du mondial: première minute de jeu, il tacle la star adverse, le néerlandais Johan Cruijff et provoque un pénalty, encaissé par son équipe. Il jouera 35 matchs avec la Fußballnationalmannschaft.

Uli Hoeness, c’est ensuite un patron du foot allemand. Il interrompt prématurément sa carrière de joueur en 1979, après une vilaine blessure au genou, mais reste au club. Après avoir porté le maillot du Bayern Munich, il en dirigera donc l’équipe. Et contribue à inventer un nouveau job dans le foot allemand, celui de manager. Un poste qu’il occupe 30 ans: en 2009, il succède à Franz Beckenbauer, autre ancienne gloire nationale, et devient président du club.

Son dernier fait d’arme? L’embauche au Bayern pour la saison prochaine de Pep Guardiola, ancien entraineur star du FC Barcelone, que son équipe affronte demain en demi-finale de la Ligue des Champions.

Une grande gueule médiatique

Uli Hoeness est aussi une grande gueule. Un sanguin dont les algarades truffent la presse sportive. Manager ou président, il s’attaque aux entraineurs adverses, parfois versant dans l’insulte. Parmi les guerres qui ont marqué le foot allemand, son empoignade avec Christoph Daum, alors entraineur de Leverkusen, et qu’il s’applique à disqualifier dans la course à la direction de la Mannchaft en 2000. Ou encore les relations tempétueuses avec les entraineurs successifs de son équipe.

Grande gueule médiatique… et vendeur de saucisses. A l’ombre du boss du foot, le Uli Hoeness entrepreneur n’a pas chômé. C’est d’ailleurs probablement de là que viennent les millions émigrés en Suisse. Fils de boucher, il cofonde en 1985 la W. Weiß GmbH, une firme basée à Nuremberg et spécialisée dans la production de saucisses grillées. Elle compte alors 20 employés. Vingt-huit ans plus tard, rebaptisée HoWe Wurstwaren KG, la petite boîte de Nuremberg produit désormais 4 millions de saucisses par jours, et compte parmi ses clients les fast-foods McDonalds Allemagne, les chaînes de discount Aldi ou Nett, et l'Oktoberfest de Munich, la célèbre Fête de la bière.

Uli menteur!

Talentueux joueur et manager hargneux, l’empereur du foot et de la saucisse grillée s’en sortira-t-il cette fois ? A l’instar des déboires de Jérôme Cahuzac de ce côté-ci du Rhin, Uli Hoeness voit déjà ses détracteurs inventorier les mensonges passés.

Je sais bien que c'est idiot, mais je paie mes impôts au prix fort"

déclarait-il ainsi en 2005, dans les colonnes de Bild. Plus récemment, il s’était fait le héraut du fair-play financier dans le football européen. Bon élève et délateur, il réclame à Michel Platini, président de l’UEFA, des sanctions contre les clubs endettés, ciblant le PSG, Milan ou Manchester City.

A propos des frasques de son joueur Franck Ribery, il déclarait: "Dans la Bible, il est écrit qu'il faut savoir pardonner. Mais apparemment, en France, vous n'êtes pas capables de faire ça". Espérons pour Uli Hoeness que les Allemands soient effectivement plus forts au petit jeu du pardon.




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