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Un premier ministre « quadra » pour l’Italie

mercredi, 24 avril, 2013 - 15:22

Après deux mois d’incertitude, le chef de l’Etat Giorgio Napolitano, tout juste reconduit dans ses fonctions à 88 ans, vient de charger Enrico Letta de former le gouvernement. Ce numéro deux du Parti démocrate âgé de 46 ans va devoir constituer un cabinet de coalition avec la droite berlusconienne

Trois jours après sa réélection à la tête de l’Etat, Giorgio Napolitano a tenu sa promesse de mettre fin à la crise politique en désignant à la présidence du conseil un "quadra" de centre gauche spécialiste de l'art du compromis. Le seul capable, selon le chef de l'Etat, de "porter à terme l’opération gouvernement de coalition".

Un symbole du compromis

Enrico Letta, jusque-là numéro deux du parti démocrate derrière Pierluigi Bersani et neveu de Gianni Letta, l’éminence grise de Silvio Berlusconi, est en lui-même un symbole de compromis. Diplômé en sciences politiques, ancien président des jeunes démocrates chrétiens européens, proche de Romano Prodi, il a rejoint l’Olivier, la coalition de centre-gauche lors des élections européennes de 2004.

"Le gouvernement ne sera pas crée à n’importe quel prix mais seulement à de bonnes conditions" a déclaré d'emblée Enrico Letta. Traduction: la droite berlusconienne et les démocrates devront trouver un terrain d’entente en matière de programmation économique et financière. Cela veut aussi dire que les réformes indiquées par le comité des dix sages mis en place le mois dernier par Giorgio Napolitano comme la réforme du système électoral, devront être adoptées au plus vite.

Le temps presse

"Le temps presse: sans gouvernement depuis deux mois, l’Italie court le risque d’une explosion sociale très violente", avait déclaré la semaine dernière Giorgio Squinzi, président de Confindustria, la confédération des industriels. Le message est passé auprès du nouveau président du Conseil qui a décidé de mettre le pied sur l’accélérateur pour former son gouvernement. 

Jeudi matin, jour férié commémorant la libération du joug nazi, Enrico Letta rencontrera ses interlocuteurs de droite comme de gauche. Objectif : remplir le plus rapidement possible, les cases des différents ministères, à commencer par celles de l’Economie, de l’Emploi et du Développement. En revanche, le poste de vice-président du Conseil est déjà occupé par Angelino Alfano, un autre quadra considéré comme le dauphin de Berlusconi.

A moins d’un blocage, la composition du gouvernement devrait être annoncée jeudi dans le courant de la journée. Ce qui permettrait à l’exécutif de prêter serment devant le président de la République le soir même et d’affronter le vote de confiance aux deux chambres dans la foulée. C’est à-dire avant samedi soir.

Les PME en déroute

Comme l’a noté le patron des patrons la semaine dernière à Turin durant un congrès organisé par la petite entreprise, la période d’instabilité qui dure depuis maintenant deux mois a déjà couté à l’Italie, un point de son PIB. Dans son dernier rapport, l’Istat, l’institut national des statistiques fait état d’un taux de chômage de 11,7%, un chiffre record depuis 1992.

Chaque jour, des PME, ces traditionnels fers de lance de l’économie italienne, mettent la clef sous le paillasson et des petits patrons acculés à la faillite se suicident. Le gouvernement démissionnaire de Mario Monti a promis de débloquer une partie des 71 millions d’euros dus par l’état et les collectivités territoriales aux entreprises.

Une bouffée d’oxygène qui ne suffira pas à relancer les moteurs de l’industrie qui a besoin de mesures solides et surtout à long terme pour repartir. Reste à voir combien de temps, un gouvernement de coalition peut tenir le coup, la gauche démocrate et la droite berlusconienne ayant à priori, peu de choses en commun. Notamment en matière d’économie.




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