Alors que l’exécutif d’unité nationale formé par le démocrate Enrico Letta prêtait serment, un homme en proie au désespoir a tiré sur les carabiniers en service devant la présidence du Conseil. Un geste fou qui reflète le climat qui règne en Italie depuis plusieurs mois.
Alors que le gouvernement d’unité nationale formé par le démocrate Enrico Letta prêtait serment devant le président de la République Giorgio Napolitano, un homme a tiré sur les carabiniers en service devant la Présidence du Conseil. Les autorités ont d’abord parlé d’un geste commis par un « homme souffrant de troubles psychiques ».
Quelques heures plus tard, on apprenait que l’homme qui avait tiré s’appelait Luigi Preiti. Âgé de quarante-six ans et d’origine calabraise, il aurait perdu son emploi et sa femme. Une situation de désespoir qui aurait poussé Luigi Preiti à commettre un geste fou et qui reflète le climat de désarroi qui règne en Italie depuis deux ans.
Une conséquence des appels à la haine ?
« Cette fusillade est le résultat des appels à la haine lancés par Beppe Grillo durant les deux derniers mois », a déclaré un passant présent sur les lieux au moment de la fusillade. Une analyse partagée par la droite berlusconienne qui a évoqué « le climat politique et social envenimé et alimenté durant les derniers mois par certaines personnes ». La référence est claire.
Tandis que les forces de l’ordre maitrisaient l’homme, à quelques mètres de là, l’exécutif prêtait serment. Un gouvernement inhabituel pour l’Italie en raison de sa conformation. À l’Intégration, Enrico Letta a placé Cécile Kyenge, une Italienne d’origine congolaise. Une première pour la péninsule qui n’a jamais eu de ministre africain. Pour le reste, la recette est celle d’un savant mélange entre la droite, la gauche et les centristes.
Le dauphin de Berlusconi à l’intérieur
Alors qu’il réclamait l’Économie afin de remplir ses promesses électorales notamment en ce qui concerne la réduction des impôts et l’abolition de la taxe sur l’habitation, Silvio Berlusconi a dû se contenter de l’Intérieur offert à son dauphin Angelino Alfano. Le Cavaliere a aussi obtenu les Politiques Agricoles, ce qui lui permet de remettre un pied en Europe et aussi la Santé.
Un portefeuille important pour le milliardaire qui a souligné pendant toute sa campagne électorale l’impact sur les Italiens des coupes effectuées dans les hôpitaux par l’exécutif Monti et l’augmentation du ticket modérateur qui pénalise les ménages étranglés par la crise et la montée du chômage.
Un proche de Draghi aux finances
Pour le reste, l’Économie a été confiée à Fabrizio Saccomani, directeur de la Banque d’Italie et proche de Mario Draghi, le patron de la BCE. À la Justice, le président du Conseil a placé Annamaria Cancellieri, ancien ministre de l’Intérieur du gouvernement Monti.
« Cet exécutif est un miroir aux alouettes », s’énerve Silvia Zangrilli. Ce qui gêne cette institutrice quinquagénaire, c’est justement le profil de ces ministres qui servent, dit-elle,
à faire oublier aux Italiens les magouilles de la droite berlusconienne et des démocrates qui se sont mis d’accord pour former un exécutif alors qu’ils n’ont rien en commun.
Le gouvernement affrontera le vote de confiance dans les deux chambres en tout début de semaine. Après quoi il devra retrousser ses manches pour essayer de redresser la situation et surtout, redonner confiance aux Italiens en pleine déprime. La chose ne sera pas facile, les ministres de Silvio Berlusconi et ceux du démocrate Enrico Letta n’ayant aucun point en commun.
Quelle politique de relance ?
Notamment en matière de relance économique. Durant les deux derniers mois par exemple, le Cavaliere a réclamé la restitution de l’impôt sur l’habitation payée l’an dernier en deux tranches par les propriétaires italiens. Une opération impossible, les caisses de l’État étant en pleine déliquescence.
Il y a aussi la question de l’aide aux PME, l’ancien fleuron de l’économie transalpine du moins avant la crise. La droite berlusconienne réclame un ballon d’oxygène, la gauche est prête à faire un geste, mais évite de s’engager pour le moment.
Reste que ce gouvernement a peu de chances de survivre sur le long terme. Selon certains politologues, l’exécutif pourrait dans un premier temps essayer de modifier le système électoral qui favorise l’instabilité. Et approuver au pas de course, quelques réformes, notamment en matière de fiscalité.