Le gouvernement espagnol est resté inflexible malgré la grêve générale des enseignants jeudi. Le projet de réforme du système éducatif a été entériné. Principaux points de conflits: l'adaptation de l'éducation au marché du travail, l'augmentation des frais universitaires, l'enseignement renforcé de l'espagnol en Catalogne.
C'est une véritable vague jaune qui a envahi les rues de Barcelone jeudi 9 mai. Plus de 100.000 personnes ont défilé aux couleurs des mobilisations du secteur de l'Education en Espagne. Même scénario à Madrid, ou encore à Valence. Parmi les manifestants, des professeurs, des syndicats, mais aussi des étudiants et des parents venus se greffer à la manifestation pour dire non à la réforme.
La loi organique pour l'amélioration de la qualité de l'éducation soutenue par le ministre espagnol de l'Education, José Ignacio Wert a néanmoins été présentée le lendemain, vendredi 10 mai, en Conseil des ministres. En cette période de crise, le projet prévoit des mesures sévères:
- Augmentation des frais universitaires
- Réforme des examens
- Adaptation de l'Université au marché du travail
Autant de mesures considérées par les opposants comme injustes et discriminatives à l'égard des plus modestes.
La convergence des opposants de gauche, des nationalistes et des catholiques
En toile de fond, l'opposition de gauche monte au créneau pour dénoncer la rigueur budgétaire appliquée par la droite libérale au pouvoir. En effet, le budget alloué à l'éducation publique a été réduit de plus de 6 milliards d'euros en deux ans. A ce mouvement de contestation s'ajoute celui des associations catholiques qui seront exclues par le projet de la gouvernance des établissements scolaires.
La matière "Education et Citoyenneté" a déjà été supprimée sous la pression de l'Eglise qui souhaite le retour l'enseignement religieux.
En Catalogne, ce sont les nationalistes qui s'opposent notamment au renforcement de l'enseignement de l'espagnol. Cette mesure qui met en concurrence le catalan et l'espagnol dans l'enseignement de base. Enfin, le projet prévoit un renforcement de "l'employabilité" des étudiants et une réévaluation des frais de scolarité dénoncés par les jeunes espagnols.
L'éducation victime de l'austérité
L'Espagne est désormais habituée aux grèves des enseignants et étudiants. En proie à l'austérité, le gouvernement de Mariano Rajoy avait déjà dû se confronter à une manifestation de grande ampleur il y a tout juste un an.
Une nouvelle coupe budgétaire de 3 milliards d'euros avait alors été mise en place par José Ignacio Wert, ainsi qu'une augmentation des frais d'inscription à l'université atteignant 135%. A présent, la crainte générale des manifestants est de voir l'éducation publique se dégrader, voir se privatiser partiellement, comme c'est déjà le cas pour la santé publique.
Le 9 mai, la grève a été suivie par 70 % des enseignants et 90 % des étudiants selon les syndicats. En vain.