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Le PSG gagne-t-il aussi la coupe d’Europe de la violence?

mardi, 14 mai, 2013 - 11:32

Le PSG a fêté son titre dans le chaos, hier soir sur les Champs-Élysées. Un accès de violence qui rappelle au club parisien que son combat contre les Ultras a été vain. Et chez nos voisins européens? L'Europe du foot est depuis longtemps confrontée à ce problème. Tour des stades et des tentatives de les pacifier.

Chronique sur RFI - Le foot by Myeurop

Paris…pathétique. Les supporters du club de la capitale ont à nouveau déçu, lundi 13 mai au soir, et fait virer au cauchemar la célébration pour le titre de champion de France.

Oubliez la pitoyable banderole déployée en 2008 "Pédophiles, chômeurs, consanguins: bienvenue chez les Ch'tis" lors d'un Paris-Lille. Cette fois, les casseurs s'inspirent des scènes d’émeutes. Bus de touristes pillés, vitrines de grands magasins brisées, terrasses de café saccagées. Les joueurs de l'équipe ont d'ailleurs vite quitté les lieux, contraints d'annuler la mini-croisière sur la Seine pour saluer les supporters.

Bilan de la soirée: 32 blessés et 39 interpellations selon le ministre de l’Intérieur, Manuels Valls, et surtout l'interdiction de "manifestation festive sur la voie publique pour le PSG", annonce Bernard Boucault, préfet de police de Paris.

Reste à trouver le coupable. Est-ce à l'Etat de prendre les mesures nécessaires ou au club de gérer son public? L'ex-président du Paris-Saint-Germain, Robin Leproux, avait pourtant tenté d'éradiquer la violence des stades parisiens il y a trois ans avec une série de mesures.

Michèle Aliot-Marie, alors Ministre de l’Intérieur, avait obtenu la dissolution des Boys de Boulogne, ainsi que de plusieurs associations du Virage d'Auteuil. La suppression des abonnements annuels pour les supporters des tribunes Boulogne et Auteuil ainsi que le placement aléatoire devait permettre l'exclusion des éléments perturbateurs. Trois ans après ces quelques réformes, la violence est toujours là.

Le PSG n'est pas seul à se débattre avec la violence. L'Europe du foot est depuis longtemps confrontée à ce problème, et le combat avec plus ou moins de succès.

Tour des stades européens et des tentatives de les pacifier.

Allemagne : un plan d'action à destination des clubs

De l'autre côté du Rhin, tout n'est pas rose non plus. Moins visible chez les patrons de la Bundesliga comme le Bayern de Munich ou Dortmund, la violence dans les stades allemands pullule au sein des clubs de bas de tableau. Le défenseur Pezzoni du FC Cologne avait d'ailleurs quitté son équipe en 2012. Parmi les causes invoquées, des menaces de mort proférées à son encontre.

La ligue de football allemande vient d'adopter, en décembre 2012, un plan visant à renforcer la sécurité des stades et à freiner la violence des supporters. Chaque club pourra adapter ce plan à sa manière. Il repose sur 16 propositions parmi lesquelles:

  • Un contrôle renforcé à l'entrée des stades.
  • L’interdiction des fumigènes.
  • La mise en place d'un code du comportement pour les supporters.

Ce projet prévoit également d'exclure des tribunes les associations de fans n'ayant pas signées d'accord avec le club. Ces derniers s'engagent à communiquer à la police des informations sur les personnes "suspectes". En cas d'infractions à toutes ces règles, le club serait directement taxé sur les revenus de ses droits télévisuels. 

Belgique : une "loi foot" contre les ultras

Sur les pelouses européennes, les clubs de foot belges n’inquiètent pas grand monde. Dans les gradins, en revanche, c’est une autre affaire. Le football belge s’illustre régulièrement par la violence de certains groupes de supporters.

Un coup d’œil aux faits divers donne rapidement une idée des leaders de cet autre classement. Un joyeux trio se détache: FC Bruges, Standard de Liège, et Charleroi. En guise d’exemple récent, retenons le spectaculaire derby wallon de décembre dernier, opposant le Standard à Charleroi. Pas très contents de voir leur équipe largement menée, les ultras de Charleroi haussent le ton. Résultat final: Charleroi prend six buts sur le terrain mais arrache 174 sièges des tribunes, efficaces projectiles qui forcent l’arbitre à suspendre le match et les joueurs à se planquer dans les vestiaires.

Les cas de bagarres entre supporters adverses dans et autour des stades sont, quant à elles, récurrentes. La Belgique est sensible à ces accès de violence et reste marquée par le drame du Heysel. Le 29 mai 1985 à Bruxelles, la finale de coupe d’Europe entre Liverpool et la Juventus de Turin avait viré à la catastrophe en tribune, faisant 39 victimes.

Pour lutter contre le hooliganisme, la Belgique a adopté une "loi relative à la sécurité lors de matches de football", plus simplement surnommée "la loi foot". Son objectif? "Redonner aux matches de football leur caractère de fête de famille agréable et sans danger". Plus précisément, cette Loi foot prévoit:

  • Des sanctions rapides, dans les 6 mois suivants les faits.
  • De 250 euros à 5.000 euros d’amende et/ou une interdiction de stade de 3 mois à 5 ans.

Et qui tient le bâton ? Le Service public fédéral Intérieur (le ministère de l’intérieur), qui s’est doté d’une "cellule football" et prononce 95% des interdictions de stade. Selon son dernier rapport d’activité disponible, il y avait à la fin 2011 quelque 672 interdits de stade.

Grande-Bretagne : les billets plus chers font fuir les hooligans

Alors qu’à Paris, des pseudos supporters affrontaient les forces de l’ordre, Manchester United célébrait au même moment son vingtième titre de champion d’Angleterre, dans une ambiance de liesse populaire très enfantine. Ce calme dénote très largement avec la réputation des supporters anglais de football, et plus particulièrement de ses hooligans craints dans l’Europe toute entière.

Pourtant, depuis de nombreuses années, le calme règne bien dans les travées des matchs de la Premier League, la première division anglaise. Il est le résultat d’une intense réflexion menée par les autorités politiques et sportives britanniques suite au drame du Heysel. Les supporters de Liverpool avaient été jugés reponsables de bousculade meurtrière.

Depuis, les fauteurs de troubles sont fichés par la police et interdits de stade, parfois à vie. Mais les résultats les plus flagrants ont été obtenus suite à l’augmentation des prix des billets des rencontres de l’élite du foot anglais. Les pères de familles et leurs enfants ont désormais remplacé les jeunes fanatiques, surtout dans les tribunes de clubs comme Arsenal.

Reste que si le football britannique clame avoir mis fin à la menace hooligan, la réalité est tout autre dans les divisions inférieures, où les billets restent accessibles. Mais aussi lors des déplacements de l’équipe nationale, où les autorités locales n’ont aucune possibilité d’action : les débordements et les arrestations y demeurent monnaie courante.

Italie : "le spectacle doit continuer"

La semaine dernière, lors de la 36e journée du championnat d’Italie, des violences entre supporters en tribune ont stoppé, l’espace de dix minutes, le match Atalanta Bergame-Juventus de Turin. Un match arrêté par des tiffosi excités? Rien que de très banal de ce côté-ci des Alpes, où, comme le racisme, la violence imprègne les stades.

Des saluts nazis du capitaine de la Lazio de Rome au scooter carbonisé, lancé des tribunes de San Siro à Milan, le foot italien véhicule une image brutale en Europe. Qui peut côtoyer l’extrême violence. En 2007, un policier est tué lors d’affrontements entre forces de l’ordre et supporters de l’équipe de Catane, en marge d’un match contre Palerme. Tous les championnats italiens sont alors suspendus.

Dans la foulée, une loi anti-hooligans entre en vigueur:

  • Interdiction des ventes de séries de billets pour les supporters visiteurs.
  • Amendes de 20 000 € à 100 000 € pour les clubs entretenant des liens avec les groupes de supporteurs violents ou ultras.
  • Peines de prison pour les responsables d’interruption de matches (après fumigènes ou pétards).
  • Obligation des clubs à offrir des billets gratuits aux moins de 14 ans, afin de réduire l'exode des familles qui désertent les stade de football italiens.

Reste que le manque de zèle des autorités face à la violence est pointé du doigt. A l’image de la réaction d’Antonio Matarrese, président de la Ligue des clubs professionnels lors de la mort du policier en 2007:

Les morts font malheureusement partie du football".

Stopper le championnat? "Le football ne doit jamais s'arrêter. C'est la règle numéro 1: le football est une industrie (…). Pensez-vous qu'il y ait une industrie qui ferme ses usines et qui ne sait pas quand elle les rouvre?". Et de conclure:

Le spectacle doit continuer".




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