L’Allemagne et l’Espagne ont signé mardi un drôle de contrat : Berlin s'engage à accueillir et à former chaque année 5.000 jeunes chômeurs espagnols. Un premier pas, avant la présentation prochaine du "New Deal" franco-allemand en faveur de l'emploi des jeunes Européens.
L’Europe en guerre contre le chômage des jeunes ? Après l’effet d’annonce, les actes : l'Allemagne vient de s’engager à accueillir 5.000 jeunes chômeurs espagnols par an.
Cet accord signé avec l’Espagne mardi à Madrid relève bien du symbole. Il formalise la transhumance économique des jeunes d’une Europe du Sud malade, vers ce qui est perçu comme le dernier Eldorado européen en matière d’emploi, l’Allemagne.
Chaque année, près de 5.000 jeunes Espagnols vont pouvoir profiter (…) d'opportunités de formation professionnelle en Allemagne ou de postes de travail stables et qualifiés",
s’est félicitée la ministre espagnole de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Fatima Bañez.
La générosité allemande n’est pas anodine. L’Allemagne a besoin de main-d’œuvre et courtise les chômeurs européens. Son homologue allemande, Ursula Von der Leyen ne le cache d’ailleurs pas :
Nous faisons face à une pénurie de main-d’œuvre qualifiée : nous disposons d’un million d’emplois qui attendent désespérément d’être occupés."
Vers un "New Deal" franco-allemand
La ministre allemande se veut optimiste vis-à-vis de l'Espagne, rappelant "qu’il y a 10 ans, c’était l’Allemagne, la malade de l’Europe, avec un taux de chômage élevé". Aujourd’hui, l’économie allemande est l’une de celles résistant le mieux à la crise, notamment sur le front de l’emploi. Elle ne compte que 6,9% de chômeurs (chiffres de l’Agence fédérale pour l’emploi pour le mois d’avril).
L’Espagne se débat pour sa part avec une sévère récession et un taux de chômage record (27%). Les jeunes sont les plus touchés : 57,22% des 16-24 ans sont sans emploi.
Cette main tendue par l’Allemagne aux jeunes Européens sans emploi n’est peut-être qu’un début. Paris et Berlin présenteront en effet bientôt leur "New Deal", une initiative commune pour relancer l'emploi des jeunes en Europe. La même Ursula Von der Leyen en a d’ailleurs précisé hier les contours : crédits à taux bas pour les entreprises qui emploieront des jeunes, renforcement de l’apprentissage en entreprise, et aide aux jeunes pour la création de leur propre entreprise.
L’UE a annoncé récemment le déblocage de 6 milliards d’euros pour la période 2014-2020 pour combattre le chômage des jeunes. La Banque européenne d’investissement pourrait quant à elle contribuer à hauteur de plusieurs milliards d’euros de crédits aux entreprises, si celles-ci s’engagent à former ou recruter des jeunes.