Entre remède miracle et incitation à la consommation, la cigarette électronique fait débat dans toute l'Europe. La France, elle, pourrait même interdire son utilisation dans les lieux publics.
Dehors les vapoteurs ! D'après une information RTL, le gouvernement, à l'occasion de la remise d'un rapport mardi 28 mai sur les dangers de la cigarette électronique, pourrait en interdire l'utilisation dans les lieux publics.
Les "vapoteurs" (ceux qui fument de la vapeur) seraient amenés à rejoindre leurs amis fumeurs à l’extérieur des bars et cafés au nom du principe de précaution. Car l'e-cigarette, en présentant les mêmes aspects que son modèle (fumée recrachée, voyant rouge allumé à chaque inhalation…), constituerait une incitation à fumer.
Le rapport devrait également informer les 500 000 utilisateurs de la cigarette électronique sur sa possible dangerosité.
En 2011, l'Agence française de sécurité sanitaire et des produits de santé (ANSM) recommandait de ne pas l'utiliser faute d'information sur le propylène glycol. Une substance dont les effets, en cas d’absorption par inhalation, restent inconnus.
L'e-cigarette contient également, en France, de la nicotine. Une molécule toujours classée comme dangereuse par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Remède ou poison ?
En France, la cigarette électronique peut être considérée comme un médicament si elle répond à l'un de ces trois critères selon l'ANSM :
- Revendiquer l'aide au sevrage tabagique
- contenir une quantité de nicotine supérieure ou égale à 10mg par cartouche
- Avoir une concentration de nicotine supérieure ou égal à 20mg/ ml pour les "e-liquides"
Mais à ce jour, aucune e-cigarette n'a obtenu d'autorisation de mise en vente sur le marché (AMM). Le seul produit à ce jour, vendu en pharmacie, est le Tag Replay. Mais cette fausse cigarette est considérée comme un dispositif médical assisté et non pas comme un médicament.
La situation en Europe est bien plus compliquée. Aucun cadre n'a encore été posé.
On estimait en 2011 à 7% le nombre de citoyens européens ayant déjà essayé, au moins une fois, la cigarette électronique. Le marché en Europe pour ce type de produit représentait alors entre 400 et 500 millions d'euros d'après une étude de la direction générale de la santé et des consommateurs de la Commission européenne.
À chacun sa e-cigarette
L’appréciation du produit se fait à la discrétion des pays membres. Certains, comme l'Espagne ou l'Angleterre, ne proposent d'ailleurs aucun cadre règlementaire quant à la vente ou l'utilisation de l'e-cigarette.
D'autres considèrent que le produit peut être appréhendé comme un médicament, même s'il contient de la nicotine. Un raisonnement inverse à celui de la France !
C'est le cas de l'Autriche. Les cigarettes électroniques y sont reconnues comme "dispositif médical". Les cartouches de nicotines appartiennent à la catégorie des médicaments. En attendant d'être approuvée par la norme de la Commission européenne (CE), la vente d'e-cigarettes est pour l'instant illégale.
En Allemagne, la division en Landers du pays complique le processus. Chaque région est en charge de la politique qu'elle souhaite appliquer pour la santé.
Si le gouvernent allemand s'est dit favorable, par le passé, à l'autorisation de la vente de cigarettes électroniques en pharmacie, certains Landers, comme la Rhénanie du Nord-Westphalie, s'y refusent. Même chose pour l'utilisation des e-cigarettes dans les lieux publics. Là où Hanovre l'interdit, d'autres régions se montrent plus conciliantes.
Les Russes sont contre
Mais pour des pays comme la Pologne ou la Finlande, la nicotine ne peut pas faire partie des molécules qui composent un médicament. La vente de cartouches avec nicotine est donc interdite.
En Suisse, des études sur la toxicité du produit sont en cours afin de déterminer les risques pour le consommateur.
La Russie est l'un des seuls pays à complètement interdire l'e-cigarette. Vladimir Poutine a entamé une lutte contre le tabagisme passif dans son pays depuis le début de l'année 2013.
Ainsi, à partir du mois de juin, il sera interdit de fumer dans les lieux publics. Tous les produits qui pourraient, d'une manière ou d'une autre, inciter à la consommation de cigarette seront bannis.
D'après la revue médicale The Lancet, les Russes comptent toujours parmi les plus gros fumeurs du monde avec en moyenne 18,5 cigarettes par jour pour un homme.