La Lettonie devrait être en janvier prochain le 18ème pays à adopter l'euro, trois ans après une autre République balte l'Estonie. Bruxelles donne son feu vert demain. Problème: une majorité de Lettons se refuse à abandonner la monnaie nationale.
La Commission Européenne devrait valider demain l'entrée de la Lettonie dans la zone euro. Cette décision va à l'encontre des aspirations du peuple letton qui reste attaché au lat en raison des incertitudes pesant sur l'avenir de la monnaie européenne.
Selon le quotidien allemand Die Welt, le pays remplit pourtant les conditions imposées par les critères de Maastricht: le déficit public atteint 1,2% du PIB, loin du plafond des 3% et ce grâce à une politique budgétaire stricte menée par le gouvernement depuis le début de la crise en 2008. Même chose pour la dette publique de 41% du PIB. C'est largement en deçà des 60% exigés par Bruxelles.
En janvier dernier, la loi sur l'adoption de l'euro proposée au parlement letton a déjà été votée par la majorité des députés. Cet aval de la Commission précède celui du Parlement européen et l'aval du sommet européen à la fin juin. Ce sera l'ultime étape avant l'adoption définitive de la monnaie unique par la Lettonie, au 1er janvier 2014.
62% des Lettons contre l'euro
Loin d'emporter l'adhésion, la perspective de rejoindre la zone euro mobilise les anti-euro. Dès janvier dernier, lors du vote de la loi autorisant le changement de monnaie au niveau national, la Confédération lettone des syndicats indépendants (LBAS) avait manifesté contre l'euro. Malgré ce premier échec des opposants à la monnaie unique, le mouvement n'a pas faibli.
Plus récemment, en mai dernier, un sondage réalisé auprès de 1016 personnes confirmait que 62% de la population rejetait l'adhésion à l'euro. Un coup de tonnerre pour Riga à quelques mois d'un possible changement de monnaie.
Les adversaires de l'euro ne restent pas les bras croisés. Ils ont entrepris des démarches concrètes pour faire pression sur le gouvernement. La voix de la Russie révélait en mars dernier que 8000 Lettons avaient signé une pétition contre l'adoption de la monnaie unique. Selon la radio, 10000 signatures seulement sont nécessaires pour obliger le parlement à examiner la requête.
Peur d'être contaminé par la crise européenne
La défiance des Lettons vis-à-vis de l'euro repose, avant tout, sur leur peur de voir le pays aspiré dans la crise européenne, un effondrement de la zone euro risquant, estiment-ils, d'entraîner la Lettonie dans sa chute.
Dans les faits, ce n'est pourtant pas tant la monnaie unique qui est au cœur de la tourmente. Aujourd'hui les doutes des marchés financiers sont d'abord liés aux déficits excessifs des pays membres de l'UE. Une spirale dont la Lettonie a apparemment su se sortir.
Dans ces conditions, l'adoption de l'euro constitue davantage un progrès qu'une entrave. Reste que le gouvernement n'a pas encore su convaincre. L'absence de référendum de peur d'être confronté à un euroscepticisme grandissant n'a fait que creuser le gouffre entre les dirigeants et la rue.