La prostitution oui, mais danoise s'il vous plaît! C'est le message pour le moins surprenant adressé par la députée du parti populaire Pia Adelsteen. Elle appelle les hommes à préférer les prostituées originaires du Royaume.
Reperé sur DH.be
Le sondage rendu public ce mercredi 12 juin par le ministère danois de l'égalité entre les sexes est accablant. Un homme sur sept trouve "normal" d'avoir des relations tarifées avec des prostituées victimes de trafic. La députée Pia Adelsteen du parti populaire danois a réagi à sa façon:
Je pense que nous devons essayer de mettre fin à ce trafic et que cela signifie que le mieux est que (les clients) n'aillent pas voir de prostituées étrangères",
Derrière l'intention louable de lutter contre le trafic d'être humain, la déclaration est clairement démagogique. Le Dansk Folkeparti (DF) est décrit comme populiste, voire xénophobe, à cause notamment de ses positions sur l'immigration. Le DF a d'ailleurs participé à l'élaboration d'une des lois les plus strictes d'Europe dans le domaine: le Danemark ne favorise que l'entrée des immigrants les plus qualifiés.
L'exemple du voisin du suédois
Dès lors, le pseudo soutien de la députée Pia Adelsteen aux prostituées danoises relève davantage d'une position nationaliste sur l'immigration que d'une volonté ferme de lutter contre le trafic d'être humain.
Le Danemark est connu pour sa politique libérale envers la prostitution. Il s'agit en effet du seul pays nordique à autoriser à la fois la pratique de la prostitution et le recours à une prostituée. Le gouvernement de centre-gauche, élu en septembre 2011, avait pourtant fait la promesse électorale d'interdire la prostitution. Il s'est finalement rétracté.
La Suède, au contraire, est pionnière dans la pénalisation des clients de prostituées. En 1999, alertée par le trafic d'être humain sur son territoire, elle met en place un arsenal législatif. Quinze ans après son entrée en vigueur, la prostitution a baissé de moitié, et la pratique clandestine ne semble pas avoir augmenté. Malgré ce succès, la loi s'est peu exportée en Europe, exceptée en Norvège et en Islande en 2009.
Sur le pont de l’Øresund
En novembre 2012, le Danemark rate le coche. Le gouvernement annonce qu'il ne mettra pas en oeuvre sa promesse électorale d'interdire la prostitution. Le royaume faisait pourtant face, comme aujourd'hui encore, à une recrudescence de l'immigration en partie liée au proxénétisme.
Mais, selon une étude réalisée par le ministère danois de la Justice, l'interdiction du recours aux prostituées favoriserait la clandestinité et la précarité de ces dernières. Une précarité d'autant plus alarmante que l'activité n'est pas protégée par le droit du travail. Ceci n'empêche pas le pays de soumettre ces femmes à l'impôt…
Selon un rapport de l'administration des Affaires sociales publié en 2010, une prostituée sur deux au Danemark vient de l'étranger. Parmi leurs pays d'origine: 900 viendraient de Thaïlande, 1.000 d'Europe centrale et orientale, et 300 d'Afrique, dont la plupart du Nigeria.
Selon certains observateurs, le trafic d'êtres humains s'est amplifié depuis 10 ans avec l'ouverture du pont de l’Øresund, reliant Copenhague à la ville Malmö en Suède. Avec plus de 500 maisons closes au Danemark, certains Suédois n'hésitent plus à franchir le pont pour recourir aux services qui sont interdits dans leur pays.
Repéré sur DH.be : "Préférez les prostituées danoises aux étrangères !"