Le Royaume-Uni mouillé jusqu'au cou. Les services de renseignements britanniques auraient activement participé au grand programme de surveillance américain Prism. Un acte qui fragilise les relations entre la Grande-Bretagne et le reste de l'Europe.
A quoi joue le Royaume-Uni? D'après les dernières révélations d'Edward Snowden pour le Guardian, les services secrets américains (NSA) auraient placé sous surveillance des hauts dignitaires européens… avec l'aide de la Grande-Bretagne. Selon le quotidien, l'objectif était d'obtenir davantage d'informations sur les dissensions entre les pays membres de l'Union européenne (UE).
Parmi les 38 Etats mis sous surveillance, l'Allemagne serait la nation la plus épiée par la NSA, avec 500 millions de connexions téléphoniques et Internet enregistrées tous les mois.
Ironie du sort. Le Royaume-Uni avait invité des députés et hauts fonctionnaires allemands à venir assister à une vidéo-conférence au sein de l'ambassade britannique à Berlin. Parmi les thèmes qui devaient être abordés, l'espionnage, révèle The Independent.
Une collaboration historique
Le GCHQ (Government Communications Headquarters), service secret britannique, aurait eu, selon Snowden, la possibilité de copier et stocker toutes les données émises en Europe sur Internet pour les communiquer aux services secrets américains.
Cette manœuvre entrerait dans le cadre de l'opération Tempora, un vaste programme d'espionnage anglais sur Internet qui, toujours selon The Guardian, serait en place depuis 18 mois. On comprend ainsi pourquoi le Royaume-Uni était l'un des rares pays de l'Union à ne pas être sur écoute.
Les premiers partenariats sur la surveillance des communications entre la Grande-Bretagne et les États-Unis ne datent pas d'hier. En 1947, les deux pays (rejoints par la Nouvelle-Zélande, l’Australie et le Canada) signent les accords d'UKUSA (United Kingdom – USA Security Agreement). Ratifié dans le plus grand secret, le texte fixait les termes de la collaboration et du partage d'informations entre les services de renseignements américains et britanniques.
Moins de 40 ans plus tard, un nouveau scandale éclate. Le journaliste écossais David Campbell met à jour un réseau d'espionnage global nommé Echelon. Un programme élaboré par les États-Unis, le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et…le Royaume-Uni, s'appuyant sur des satellites artificiels permettant de transférer des informations dans différentes bases d'écoutes localisées dans les Etats membres du UKUSA. Les gouvernements américain et britannique invoquent alors la lutte contre le terrorisme et le crime organisé.
L'affaire Snowden n'est donc que l'énième émanation des liens qui unissent américains et britanniques.
Mais avec ce nouveau scandale, c'est l'UE, et la solidarité entre Etats qui se voit fragilisée. L'Union ira t-elle jusqu'à prendre des sanctions si la véracité des propos de Snowden est avérée? Comment bâtir une Europe politique à 28 si l'un des pays membres n'est pas digne de confiance?