Edward Snowden appelle les pays d'Europe à lui accorder l'asile. En Allemagne et en France, deux pays sur écoutes, des partis affichent leur soutien. D'autres Etats attendent des explications de Washington pour se prononcer.
Alors que les Etats-Unis se sont lancés dans une chasse à l'homme, Edward Snowden cherche désespérément une terre d'accueil. L'ancien informaticien de la NSA a trouvé refuge dans l'aéroport international de Moscou. Ce matin, il a appellé 21 Etats – dont 9 de l'UE – à lui accorder l'asile. A la suite des dernières révélations sur l'espionnage généralisé des fonctionnaires européens, des ambassades et des ministères, plusieurs partis politiques en France et en Allemagne souhaitent que Snowden trouve refuge dans leur pays.
La France salue "un défenseur de la liberté"
En France, où l'antiaméricanisme a de beaux restes à droite comme à gauche, trois partis ont appelé le gouvernement français à accorder l'asile politique à l'informaticien américain.
Pour Jean-Luc Mélenchon, il faut accueillir Edward Snowden:
Cet homme est un bienfaiteur. C’est grâce à lui que nous savons que nous avons été espionnés. Ce n’est pas normal qu’on continue à laisser cet homme errer sur la planète, alors qu’il est un défenseur de la liberté."
Et au sein de la majorité présidentielle, Europe Ecologie-Les Verts "demande solennellement au président de la République et au gouvernement d’accorder l’asile politique à un homme qui non seulement a eu le courage de révéler l’existence d’une surveillance illicite, mais a permis d’en connaître l’ampleur."
Quant à Marine Le Pen, elle se félicite d'être la première à se prononcer pour l'asile politique. Selon elle, il faut "accorder sa protection à quelqu’un qui a fait œuvre de bien public". Elle explique toutefois que ces révélations ne sont pas étonnantes car les responsables européens auraient développé "une politique de soumission totale aux Etats-Unis, et cela depuis de nombreuses années".
Pour l'Allemagne, "L'Europe doit devenir un refuge"
Outre-Rhin, les réactions sont nombreuses et des partis de l'opposition appellent, eux aussi, à proposer l'asile politique. Pour Jürgen Trittin, co-président du groupe Alliance 90-Les verts au Bundestag : "L'Europe devrait devenir un refuge pour Edward Snowle, car il a rendu un grand service en rendant publique l'attaque faite aux entreprises et citoyens européens". Et de poursuivre:
c'est un échec que quelqu'un qui a tant fait pour la démocratie soit obligé de se réfugier chez des despotes."
Les parlementaires du parti de gauche "Die Linke" exigent également du gouvernement allemand un geste fort en faveur de Snowden. "Ce serait un signal clair aux citoyens qui attesterait que le gouvernement allemand va respecter et protéger la sphère privée à l'avenir." pouvait-on lire sur le site du parti.
Enfin, le parti Pirate en Rhénanie-du-Nord-Westphalie invite même le gouvernement à attribuer une médaille du mérite à l'informaticien. Une façon de soutenir la liberté d'expression.
Grâce à [Snowden], nous savons que la surveillance totale n'est pas qu'une théorie du complot"
explique l'un des députés.
La réaction particulièrement virulente en Allemagne peut s'expliquer de deux manières. D'une part, c'est un quotitien allemand, le Spiegel, qui a, avec Le Guardian britannique, révélé l'affaire. Le gouvernement fédéral est donc implicitement tenu d'agir. D'autre part, le pays serait le plus étroitement surveillé avec un million de communications interceptées chaque mois, selon le quotidien.
Peu ou pas de réaction dans le reste de l'Europe
Ailleurs en Europe, les réactions sont moins extrêmes.
Eva Glawischnig, porte parole du parti des verts en Autriche a également appelé l'Europe à agir. "L'Autriche ou tout autre pays membre de l'UE devrait accorder l'asile au lanceur d'alerte", expliquait-elle hier au Kleine Zeitung. Un appel pourtant peu relayé dans la presse du pays.
En Italie, le président de la République, Giorgio Napolitano, exigeait une réaction des Etats-Unis. "C'est une affaire délicate qui exige des réponses satisfaisantes". Pour Fabrizio Cicchitto, président de la commission des affaires étrangères à l'Assemblée, c'est
une véritable catastrophe, une situation à la fois triste et grotesque."
Cependant, aucun parti n'est allé jusqu'à proposer l'asile politique.
En Belgique, pas de réaction dans la presse francophone, surtout préoccupée par les nouveaux accords budgétaires nationaux.
L'Espagne, pour sa part a rejeté la demande d'asile à Snowden. Le ministre des Affaires étrangères, José Manuel Garcia-Morgallo, explique que la loi sur l'asile ne s'applique qu'aux personnes présentes sur le sol espagnol. "Par conséquent, le gouvernement n'étudie pas la demande car elle n'a aucune valeur juridique", explique-t-il à elpais.com.