Plus de 3 millions d'étudiants européens ont bénéficié du programme Erasmus depuis son lancement en 1987. L'année universitaire 2011-12 confirme cet engouement avec le nombre record de 250.000 adeptes. Reste que son financement est contesté.
"Plus de mobilité en Europe". C'était le maître mot d'Angela Merkel à la veille du conseil européen début juillet. Les étudiants des quatre coins de l'Europe n'ont pas attendu ces belles paroles pour les mettre en pratique. D'après les derniers chiffres de la Commission Européenne, Erasmus, le programme phare de mobilité étudiante en Europe, attire plus que jamais: 250.000 étudiants en ont bénéficié l'année dernière. Un record, qui porte à 3 millions le nombre total d'Erasmus depuis la création du programme en 1987.
Erasmus, fer de lance de l'Europe des citoyens
Erasmus rencontre un succès toujours aussi incontestable auprès des jeunes européens. Avec une moyenne de 230.000 étudiants par an, il est devenu le symbole d'une Europe des citoyens. Aujourd'hui, 33 pays donnent vie à cette Europe de la mobilité étudiante: les 28 Etats de l'Union européenne, la Suisse, la Norvège, l'Islande, le Lichtenstein, et la Turquie. Aux Etats-Unis et en Asie, l'initiative est souvent citée comme une réussite dont il faut s'inspirer.
Aujourd'hui, Erasmus est perçu comme une des solutions pour faire face au chômage des jeunes, à l'heure où 14 millions de jeunes européens seraient sans formation ni emploi. Pour Androulla Vassiliou, la commissaire européenne à l’éducation, à la culture, au multilinguisme et à la jeunesse,
Investir dans l'éducation et la formation est le meilleur placement pour l'avenir de l'Europe. Grâce aux compétences acquises au cours d'une expérience internationale (…), les anciens étudiants Erasmus sont plus mobiles et ont de meilleures perspectives sur le marché du travail".
On comprend alors pourquoi, en février dernier, la presse européenne s'insurgeait contre les coupes effectuées dans le nouveau budget 2014-2020, touchant de plein fouet le programme Erasmus. Les critiques se sont multipliées: les bourses accordées ne suffisent plus et les coûts que représentent une année Erasmus pour l'étudiant sont un frein. Les aides allouées aux jeunes Européens, si elles varient en fonction des pays, sont en moyenne de 252 euros par mois. Trop peu pour beaucoup d'étudiants.
Erasmus +, un programme "ambitieux"?
Malgré la crise, l'Union européenne veut donner aux programmes de mobilité un nouveau souffle, en les rendant accessibles au plus grand nombre. D'ici 2020, la Commission européenne veut porter à 20% le nombre d'étudiants mobiles en Europe, soit pas moins de 4 millions d'étudiants. Un objectif ambitieux: ils ne sont que 10% aujourd'hui.
C'est dans cette optique que le nouveau budget a été voté par les eurodéputés à la fin du mois de juin. Celui-ci comprend le programme Erasmus +, qui entrera en vigueur en janvier 2014. Ce nouveau programme doit regrouper des dispositifs de mobilités qui dépassent le cadre de l'enseignement supérieur en encourageant aussi la coopération internationale entre pays industrialisés. Pour se donner les moyens de ses ambitions, Erasmus + sera doté de 14,5 milliard d'euros, soit une augmentation de 40% par rapports aux programmes actuels, se félicite la Commission.
"L'UE n'a pas vocation à pousser les jeunes à l'endettement."
Pourtant, si l'on se penche sur le programme de mobilité "Erasmus pour tous", développé par la Commission européenne en 2011, on constate que la crise a frappé. A l'époque, les objectifs étaient bien plus élevés: porter à 5 millions la population étudiante mobile en 2020 ; et un budget augmenté de 70%, selon la plateforme française Pénélope, dédiée aux candidats et bénéficiaires du Programme pour l'éducation et la formation tout au long de la vie.
Enfin, si les étudiants Erasmus bénéficient aujourd'hui de bourses à la mobilité de 252 euros mensuels en moyenne, le financement futur de ces aides demeure controversé. Les étudiants n'ayant pas pu toucher de bourses pourront obtenir de l'argent, mais sous forme de prêts. Ceux-ci seront encadrés par l'UE elle-même, qui proposera des conditions particulièrement avantageuses. Ainsi, les étudiants en Master pourront emprunter jusqu'à 12.000 euros pour un an et 18.000 euros pour deux ans, à un taux inférieur à celui du marché. Une dérive néfaste pour la député socialiste européenne Isabelle Thomas qui estime que
L'Union européenne n'a pas vocation à pousser les jeunes à l'endettement."