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Taxer les cigarettes continue de faire recette en Europe

lundi, 15 juillet, 2013 - 13:17

L'augmentation de 20 centimes d'euros du prix du paquet de cigarettes, effective aujourd'hui, creuse un peu plus l'écart entre la France et ses voisins européens. En France et en Europe, la taxe demeure la stratégie anti-tabac privilégiée et le moyen le plus sûr d'inciter les fumeurs à arrêter.

Le prix des cigarettes fait encore un bond en France. Avec un paquet à 6,60 euros en moyenne après la hausse d'aujourd'hui, la France sera "le pays d'Europe continentale où le prix du tabac est le plus élevé", selon le ministre du budget, Bernard Cazeneuve. Des chiffres confirmés par l'ITMAC (Irish Tobacco Manufacturers’ Advisory Committee). Face à des mesures dissuasives souvent inutiles, cette nouvelle hausse devrait, elle, continuer à faire baisser le nombre de fumeurs… tout en alimentant le marché noir.

1 cigarette sur 5 achetée à l'étranger

Selon l'institut irlandais ITMAC, la France est bien l'un des pays de l'UE où le prix du tabac est le plus élevé, juste derrière l'Irlande et le Royaume-Uni. Avec un prix moyen de 6,60 euros, elle supplante tous ses voisins. En effet, pour l'achat d'un paquet, il faut compter 5,26 euros en Belgique et en Allemagne, 5 euros en Italie, 4,80 euros au Luxembourg et 4,16 euros en Espagne. Les disparités grandissent et chaque augmentation pousse un peu plus les Français à s'approvisionner ailleurs en Europe.

L'an dernier, selon myeurop, une cigarette sur cinq fumée en France était "d'origine étrangère". Pire, 15% d'entre elles provenaient du marché noir. Pour protester contre ce marché parallèle, les buralistes français devaient se mettre en grève ce lundi. Ils demandent notamment au gouvernement de ne plus augmenter les prix. Selon eux, la nouvelle hausse des prix ne va pas réduire le tabagisme.

L'échec des législations dissuasives

Pour réduire la consommation de tabac, les différents pays d'Europe ont souvent recours à la loi. Ainsi, 12 pays de l'Union européenne ont interdit de fumer dans les lieux publics. En Irlande, au Royaume-Uni et à Chypre, l'interdiction est particulièrement stricte. C'est aussi le cas en France depuis 2006.

Cependant, dans d'autres pays, comme en Allemagne ou en Autriche, l'interdiction n'est que partielle. En Grèce, malgré l'amende dissuasive de 500 euros, les contrôles ont baissé de 86% ces trois derniers mois et l'interdiction n'est souvent plus respectée.

Par ailleurs, de nombreux pays européens ont entrepris de couvrir les paquets de cigarettes d'images chocs afin de dissuader les fumeurs. Il s'avère que ces images n'ont pas l'impact attendu, comme l'expliquait myeurop. D'après une étude espagnole des universités de Grenade et des Baléares, 6 images sur 35 ont un impact réel sur les fumeurs. Certaines, en revanche, seraient même jugées agréables à regarder!

Preuve enfin de l'inefficacité de cette mesure, les Belges ont mis au point des étuis en carton dont les habillages colorés et sympathiques viennent tout simplement cacher les images taboues. Cette pratique répandue aussi en France se révèle être un business, et les marques comme Slyp et Buralcoop se disputent les clients potentiels.

Les taxes et la crise, meilleures alliées des anti-tabac

Les prix sont bel et bien l'élément dissuasif qui joue le plus sur la quantité de tabac vendue. Selon le quotidien allemand Der Spiegel, cela est particulièrement visible en Grèce, où les fumeurs sont jusqu'à présent les plus nombreux d'Europe. Dans le pays, la vente de cigarettes a baissé de 40% entre 2007 et 2013. La part de fumeurs réguliers serait même passée de 45% à 31%. Pour le journaliste allemand, cette chute est liée directement à la crise.

Si le tabac grec est loin d'être le plus cher d'Europe (3,80 euros le paquet), beaucoup de fumeurs ne peuvent plus se payer ce luxe. Pour Athina Dilopoulou, buraliste à Thessalonique qui se confie au Spiegel,

même pour les fumeurs compulsifs, il est devenu difficile de se payer des cigarettes. Elles sont tout simplement trop chères".

Pour ses meilleurs clients, cela représente 500 à 600 euros par mois. Face à la stagnation des revenus, c'est une somme qu'ils allouent désormais aux factures et aux dépenses d'urgence.

Cela confirme l'efficacité de la taxation pour faire baisser la consommation de tabac. C'est ce que l'on constate en comparant la situation en Italie et en Espagne. Dans ce dernier pays, les taxes sont faibles et un tiers de la population fume. En Italie, au contraire, les taxes sont particulièrement lourdes, et l'on ne compte plus que 24% de fumeurs.

Reste qu'efficacité n'est pas gage d'équité: les Européens aisés pourront toujours avoir accès au tabac. Ceux qui renonceront seront en premier les plus désargentés. Pour une fois les plus riches seront ainsi défavorisés face au cancer de leurs poumons…




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