La question de l'entrée de l'Ukraine dans l'UE est de plus en plus clivante en Europe, charriant son lot de partisans et de détracteurs. Les Etats-Unis semblent favorables à ce rapprochement. Mais la libération d’Ioulia Timochenko reste un préalable à un vrai rapprochement avec l’Union.
Les Etats-Unis, contre tout attente, ne sont pas indifférents au débat sur l’éventuelle entrée de l’Ukraine dans l’Union européenne. On dirait même qu'ils ont un avis sur la question et qu'il est plutôt favorable.
Le prochain "Sommet du partenariat oriental" se tiendra en novembre 2013 à Vilnius. Au centre des débats, l'hypothèse de la signature d'un accord de libre-échange entre Ukraine et Union européenne. Sujette à caution, cette signature n'aura lieu que si le pays de Viktor Ianoukovitch remplit les conditions imposées par l'ensemble des Etats membres.
En tête d'entre elles, la nécessité d'instaurer un système judiciaire plus transparent, plus juste. Pour illustrer le caractère boiteux de cette justice, le cas Ioulia Timochenko est souvent cité.
Ioulia Timochenko, pour la petite histoire, est emprisonnée pour avoir voulu entrer dans la grande. C'est du moins ce que prétendent ses défenseurs, qui voient dans son incarcération le résultat direct de son implication dans la Révolution orange de 2004. Difficile de trancher. Officiellement, l'opposante est maintenue en détention pour abus de pouvoir.
Toujours est-il que les raisons de son enfermement sont un peu louches. Assez, en tout cas, pour que les autorités européennes, par le truchement du Parlement, fassent de sa libération un impératif.
Refus des diktats de l’Ouest
Côté ukrainien, on ne se démonte pas. On déploie force arguments pour justifier le maintien de l'ancienne première ministre en détention. Et puis, pour tout dire, on en a un peu marre qu'on confonde entrée dans l'Union et asservissement aux diktats de l'ouest.
Nous ne sommes pas dans une relation de maître à élève"
confiait il y a peu Mykola Azarov, premier ministre du pays, au Figaro. Limpide.
Le dossier Timochenko est épineux. Les deux camps devront mettre de l'eau dans leur vin, s'ils ne veulent pas qu'il fasse tout capoter. Un échec qui serait d'autant plus mal venu que, pour le reste, l'Ukraine tient le bon bout. La croissance y est de nouveau positive.
Le pays attire chaque année davantage d'investisseurs étrangers, principalement en provenance d'Europe. En 2012, ce sont ainsi 3 milliards d’euros de capitaux en plus, venus de France, d'Allemagne, ou encore de Belgique, qui ont perfusé l'économie locale.
Autant de signaux positifs qui ont fait dire à John Tefft, ambassadeur américain en Ukraine, que le président Viktor Ianoukovitch suivait la bonne direction, et que les Etats-Unis envisageaient l'avenir de l'Ukraine en Europe. Même son de cloche pour John Kerry, secrétaire d'Etat américain, déclarant le 13 mai dernier :
nous sommes particulièrement attachés à aider l'Ukraine dans ses efforts pour devenir une démocratie européenne prospère, et nous apprécions son engagement dans cette voie."
L'assentiment des Etats-Unis ne fera pas tout, mais pèsera incontestablement dans la balance en novembre prochain. Pour peu que les dirigeants ukrainiens se montrent capable de trouver une solution acceptable pour Timochenko, dossier emblématique, et ligne de faille entre l'Ukraine du passé et, de fait, ce en quoi elle est déjà en train de muer: un pays résolument moderne.