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Incendies : le Portugal lutte avec les moyens du bord

mardi, 27 août, 2013 - 14:54

Le Portugal brûle, et bat de tristes record ce mois d'août. Les incendies ont déjà fait 5 morts et près de 50 blessés. Les pompiers, harassés, sont les premières victimes. Lisbonne a actionné le mécanisme d’aide européen, mais doit compter avec ses pyromanes.

Le bilan est lourd. Cinq victimes, quatre pompiers et une infirmière, et près de 50 blessés depuis le début du mois. Environ 40.000 hectares de végétation sont partis en fumée, soit autant en un mois que l’année entière en 2007 et en 2008.

La négligence comme cause principale

Le phénomène s’est accéléré aux alentours du 10 août, période de grande affluence dans les villages et bourgades des régions intérieures du Portugal. De nombreux émigrés rentrent chez eux pour les vacances. On en profite aussi pour nettoyer, débroussailler et brûler les déchets. Il y a aussi les barbecues, les bouteilles jetées dans les herbes sèches et chauffées à blanc, les feux d’artifice du 15 août… La négligence est considérée comme la principale cause des incendies à la campagne.

Un autre phénomène vient aggraver le danger: les départs de feux sciemment provoqués. Depuis le début de l’année, la police et la gendarmerie portugaise ont arrêté 42 personnes soupçonnées d’avoir mis le feu volontairement, la plupart au mois d’aout. Quelques uns de ces pyromanes sont des récidivistes.

Le profil des incendiaires a été dressé par la protection civile. Des hommes -seules deux femmes ont été identifiées- la plupart du temps sans emploi, célibataire, souffrant d’alcoolisme ou de troubles de la personnalité, parfois marginalisés. Quelques agriculteurs. Ceux qui sont condamnés à des peines de prison légères, et remis en liberté une fois purgée la peine, font l’objet de surveillance affirment les autorités. Cependant, la police judicaire est formelle: l’acte criminel ne représente qu’une petite partie des grands incendies.

Le Portgual, idéal terrain de jeu pour les flammes

Le Portugal est couvert à 40% de forêts, bois et maquis. Pin sylvestre, eucalyptus, chênes et châtaigniers… La filière bois représente 3% du PIB, spécialisée dans la transformation (palettes, cagettes) et la pâte à papier. Mais le Portugal souffre aussi de l’abandon des terres à l’issue d’un exode rural qui s’est accéléré ces vingt dernières années. Très souvent, on a perdu la trace des propriétaires des parcelles de bois. Ou bien les descendants refusent de s’en occuper: le coût d’entretien dépasse les potentienls gains d'exploitation. Et tout ceci sur des terrains escarpés rendus inaccessibles par l’exubérance de la végétation.

Il suffit alors que quelques conditions atmosphériques soient réunies pour que le scenario catastrophe se mette en place : plusieurs jours sans une goutte de pluie -pour l'heure, 55 jours consécutifs sans pluie-, températures élevées, et vents soufflant en rafales. Les conséquences sont immédiates. Les incendies peuvent brûler six jours de suite, des fronts de 20 kilomètres, des départs à répétition, et des situations très dangereuses.

Le Portugal dispose d’un effectif de près de 10.000 personnes. Certains jours, il a fallu mobiliser près de 6.000 de ces combattants du feu. Cela veut dire que le temps de rotation pour les repos, et le renouvèlement des équipes est quasi impossible. Les pompiers, majoritairement volontaires, sont épuisés et les accidents se multiplient. Leur efficacité sur le terrain est réduite. L’Etat dépassé, ce sont souvent les populations qui se mobilisent pour nourrir les sapeurs.

L'UE à la rescousse

Le Portugal dispose de moyens aériens pour lutter contre les incendies, mais il s’agit la plupart du temps d’avions ou d’hélicoptères de surveillance ou d’accompagnement des équipes au sol. Pas de canadairs donc, dont l’achat est impossible pour le pays. Le Portugal est contraint de les louer, ou comme cette année de crise, faire appel aux pays voisins. L’Espagne et la France ont envoyé chacun deux canadairs. Le Portugal vient de demander et d’obtenir le prolongement de l’intervention française.

L’Union européenne s’est dotée en 2007 d’un mécanisme communautaire de protection civile, dont le principe avait été établi dès 2001. Il permet à un pays membre de solliciter l’aide de ses partenaires et l’oblige á intervenir à son tour en cas de besoin. A titre d’exemple, le Portugal a prêté main forte à la Grèce lors des grands incendies de 2007.

L'UE s’est dotée d’un redoutable instrument de surveillance et d’analyse, le MIC, centre d’information et de suivi, qui analyse en temps réel l’évolution des catastrophes, et mesure notamment les incendies. Ce qui permet aux pays de l’UE  d’intervenir rapidement.

La phase Charlie, la plus délicate des opérations de lutte contre les incendies, prendra fin le 30 septembre. D’ici là, le Portugal reste en alerte.




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