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Silvio Berlusconi, le mauvais feuilleton continue

jeudi, 29 août, 2013 - 15:46

Menacé de déchéance et d’inéligibilité, l’ancien président du Conseil promet de faire exploser le gouvernement et veut saisir... la cour européenne des droits de l’homme. Son objectif? Obliger la classe politique italienne à trouver une solution lui permettant de rester sur scène.

Toujours la même rengaine: après moi, le déluge. Condamné à quatre ans de prison par la cour de cassation pour fraude fiscale -peine réduite des 2/3 en raison d’une amnistie- Silvio Berlusconi risque aussi d’être déchu de son titre de sénateur.

Un pouvoir de nuisance redouté

La loi "Severino", adoptée en décembre dernier par le gouvernement Monti après les nombreux scandales de corruption, introduit l’inéligibilité des personnes condamnée à plus de 2 ans et moins de six ans de prison. De fait, la commission électorale sénatoriale doit se réunir le 9 septembre prochain pour déchoir le Cavaliere de son mandat de sénateur. L’avenir politique de Silvio Berlusconi n’existerait alors plus.

Cette loi est inconstitutionnelle, je vais saisir la Cour européenne des droits de l’homme",

a tonné hier soir le milliardaire. Cette menace mise à part, reste une classe politique qui connait le pouvoir de nuisance de l’ex président du Conseil, et prend les menaces de crise institutionnelle très au sérieux: la troisième économie européenne ne peut pas se permettre de retomber dans les affres de l’instabilité politique.

D’autant que la situation économique n’est pas reluisante. Plombée par une dette supérieure à 2.000 milliards d’euros selon les prévisions sur l’année en cours, la péninsule a aussi des gros problèmes d'emploi. A l’échelle nationale, le taux de chômage atteint 12,6%, et près de 40% chez les jeunes.

Escarmouches fiscales

Autre donnée importante: 8% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Chaque jour, des centaines de petits patrons mettent la clef sous la porte. Sans parler des suicides ou des tentatives des petits entrepreneurs acculés à la faillite par les banques et l’Etat qui traine des pieds pour régler ses factures.

Dans ce contexte, l’exécutif d’unité nationale doit trouver des solutions pour redresser le pays et offrir aux Italiens un peu de stabilité économique. Mais pour Silvio Berlusconi, qui a toujours instrumentalisé la situation pour sauvegarder ses intérêts personnels, tout cela n’a pas grande importance.

Pour obliger ses interlocuteurs à trouver une solution au problème de sa survie politique, le milliardaire fait levier à travers ses ministres qui siègent au sein du gouvernement sur les questions économiques. La première escarmouche s’est jouée sur  l’Imu, l’impôt foncier sur la première habitation, détesté par les Italiens et par la droite berlusconienne.

Hausse de la TVA

Abolie par Berlusconi en 2008 et réintroduite l’an dernier par Monti pour combler les caisses de l’Etat, cette taxe doit rapporter 4,6 milliards d'euros d’ici la fin de l’année.

Pour compenser ce manque à gagner et échapper aux menaces berlusconiennes, les démocrates ont accepté les propositions des émissaires du Cavaliere. A savoir, une augmentation d’un point de la Tva, des accises sur les ventes d’alcool et de tabac et une nouvelle réduction des dépenses publiques. Enfin, une révision à la hausse  de l’impôt sur la deuxième et troisième habitation et les taxes sur les jeux.

"C’est prendre les Italiens pour des imbéciles! On ne payera pas l’Imu  cette année, mais sur le reste, nous allons nous faire massacrer", s’énerve l’institutrice d’extraction démocrate Silvia Regano. Le reste, cela veut  dire tous les biens de consommation, la TVA devant être augmenté d’un point dès le 1er octobre.

Mardi soir, le président du Conseil, Enrico Letta, a annoncé la mise en place prochaine d’aides aux personnes les plus défavorisées, d’un plan de relance de l’emploi, et le déblocage d’un fonds de 2 milliards d’euros mis à disposition des banques pour les pousser à accorder des prêts immobiliers pour l’achat d’une première habitation. Une mesure destinée notamment aux jeunes couples en difficultés face à des loyers trop chers. Mais l’adoption de toutes ces mesures dépendra du sort qui sera réservé à Silvio Berlusconi. Avec la déchéance du Cavalier, tous les scénarios sont possibles.




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