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En Allemagne, la Bavière veut taxer les automobilistes étrangers

mercredi, 11 septembre, 2013 - 10:38

Les autoroutes allemandes sont vieillottes. Le président de la région bavaroise a trouvé la solution pour les rénover: taxer les voitures étrangères. Angela Merkel dit "Nein". La chancelière veut éviter une sortie de route à la veille des élections.

Les automobilistes étrangers devront-ils bientôt payer pour emprunter les autoroutes allemandes? L’idée circule depuis quelques semaines de l’autre côté du Rhin. Et divise la classe politique à l’approche des élections législatives du 22 septembre.

Plus précisément, elle oppose les deux alliés que sont la CSU (Union chrétienne sociale) dirigée par le bavarois Horst Seehofer et la CDU (Union chrétienne démocrate) de la chancelière Angela Merkel.

Délabrement général

L’idée a été lancée début août par l’actuel président de la région bavaroise, Horst Seehofer. Objectif? Financer les indispensables travaux de rénovation du réseau routier et autoroutier du pays dont l’état devient inquiétant. En Allemagne, seules certaines routes sont détenues par des entreprises privées et il revient à l’Etat d’entretenir ce vaste réseau via les taxes sur l’essence et sur les véhicules, et depuis 2005 via des péages autoroutiers réservés aux poids lourds.

Selon Michael Schreckenberg, de l’université de Duisburg-Esse interrogé par la Deutsche Welle, "la moitié des ponts du pays doivent être réparés, tout comme 20% du réseau autoroutier et 40% des routes nationales". "Il aurait fallu reconstruire il y a 10 ou 20 ans, surtout en ce qui concerne les ponts", regrette-t-il.

L’état des infrastructures routières soulève de nombreuses questions notamment sur la politique de rigueur budgétaire imposée ces dernières années par le gouvernement. La principale organisation allemande d’automobilistes (ADAC) accuse Berlin de mal utiliser les deniers publics pourtant existants.

Les automobilistes allemands paient chaque année 53 milliards d’euros à travers les taxes. Mais seuls 19 vont à la construction et à l’entretien des routes",

s’étonne le porte-parole de cette association, Otto Saalmann, qui regrette "l’absence de volonté politique de distribuer les fonds de manière appropriée".

Chantage auprès d'Angela

Dès lors, le président de la région bavaroise, qui remet son mandat en jeu ce week-end, ne voit qu’une seule solution  pour résoudre le problème: trouver une nouvelle source de revenus. Pourquoi ne pas imposer les véhicules non immatriculés en Allemagne par le biais d’une vignette automobile?

L’idée a été écartée par la chancelière allemande qui argue de l’illégitimité de cette mesure, discriminatoire au vu de la loi allemande et des législations européennes. Pour qu'elle soit applicable, il faudrait l’imposer à l’ensemble des automobilistes, allemands ou non. Impensable en cette période électorale!

Faire payer les vacanciers étrangers, irréaliste et irréalisable? Peu importe! Horst Seehofer garde le cap avec un objectif: mobiliser son électorat à quelques jours des élections locales et se forger une image de meneur face au parti frère de la CDU. Le week-end dernier, il a d’ailleurs menacé la chancelière: pas de vignette pour les voitures étrangères, pas de coalition nationale avec la CDU!

Mise sous pression, Angela Merkel minimise la bisbille et rappelle que les deux formations (CSU et CDU) ont souvent eu des différences de vues mais que des solutions ont toujours été trouvées. "Faites moi confiance, nous allons trouver une solution!", a-t-elle confirmé lundi en rappelant les points communs entre les deux partis:

Premièrement, nous ne voulons pas grever le budget des automobilistes allemands et deuxièmement, nous avons besoin de plus d’argent pour les infrastructures routières".

En attendant de nouvelles propositions de la chancelière pour calmer la polémique, le parti écologiste des Verts lance deux propositions: pourquoi ne pas étendre aux camions de moins de 12 tonnes et aux bus longues distances l’actuel système de péage autoroutier appliqué aux poids lourds? Et pourquoi pas l’appliquer également aux routes nationales? Pour le candidat à la chancellerie du parti Vert (Grüne-Bündnis 90), Jürgen Trittin, il est urgent de trouver une solution car "un quart des ponts allemands" sont tout simplement "kaputt".




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