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Arrivederci, Silvio Berlusconi!

jeudi, 3 octobre, 2013 - 15:10

Silvio Berlusconi va boire la coupe jusqu'à la lie. Son parti va probablement exploser, et demain, il devrait être déchu de son mandat de sénateur. Ses ex-amis le poussent à prendre une retraite anticipée. Seule consolation, du fait de son âge avancé, il ne passera pas par la case prison.

Silvio Berlusconi s'est pris, cette fois, les pieds dans le tapis. Menacer de faire tomber un gouvernement pour faire pression sur la justice avec laquelle il a, de nouveau, prochainement rendez-vous, est pourtant dans ses habitudes.

Flash back: le week-end dernier, il donne l'ordre à ses ministres de démissionner. Il accule ainsi le chef du gouvernement de coalition à poser la question de confiance et mobilise ses élus des deux chambres pour qu'ils refusent de soutenir le président du Conseil. Mais la manœuvre, pourtant bien rodée, échoue cette fois. Après avoir provoqué la crise, Silvio Berlusconi est contraint à une pitoyable marche arrière.

Une crise au plus mauvais moment

Durant le vote de confiance, le milliardaire est finalement contraint d'annoncer que son parti soutient la coalition gauche-droite d'Enrico Letta. La décision est adoptée après les discussions ouvertes par une trentaine de parlementaires berlusconiens sur l’inopportunité d’une crise institutionnelle, alors que la péninsule traverse une grave crise économique.

Les pressions des marchés, des partenaires européens et les appels au calme lancés par les démocrates, ont influencé les dissidents berlusconiens. De plus, soutenir Silvio Berlusconi, qui sera très probablement déchu de son titre de sénateur demain matin après avoir été condamné pour fraude fiscale, n'avait plus de sens.

En faisant exploser le gouvernement d’unité nationale, le Cavaliere tablait sur le soutien inconditionnel de ses parlementaires et surtout, de ses ministres. Jamais le milliardaire n’aurait imaginé que les membres de son parti qu’il a toujours considéré comme des laquais -de l’aveu de l’une de ses proches- lui auraient tourné le dos. Reste qu’en acceptant de se plier à la ligne dictée par les dissidents, Silvio Berlusconi a entériné la fin de son leadership.

Et maintenant?

Pour consolider la rupture, les dissidents ont annulé la manifestation de soutien programmée vendredi matin devant le sénat lorsque la commission électorale sénatoriale annoncera la déchéance du Cavaliere.

Puis, ils ont proclamé la naissance d’un nouveau groupe parlementaire. Aux dernières nouvelles, quelque soixante-dix parlementaires auraient déjà adhéré à ce nouveau projet qui entérine la scission de Forza Italia, le parti crée par Silvio Berlusconi en 1993. Mais pour leurs anciens collègues de parti, cette formation n’a aucun avenir sur le plan électoral.

La liste des dissidents n’est pas assez nombreuse pour leur permettre d’obtenir plus de 2% aux élections européennes par exemple"

affirme Lucio Malan, un député resté fidèle à Silvio Berlusconi.

Mercredi soir, les frondeurs ont multiplié les discussions pendant que Silvio Berlusconi rencontrait le chef des frondeurs, Angelino Alfano. Cet ancien ministre de la Justice du Cavaliere était considéré il y a quelques mois encore comme son successeur naturel. Agé de quarante-cinq ans et d’origine sicilienne, Angelino Alfano est actuellement vice-président du Conseil et titulaire de l’Intérieur.

Selon la rumeur, cet avocat, nommé secrétaire du parti berlusconien l’an dernier, n’aurait pas véritablement l’intention d’aller jusqu’au bout de la scission. Son véritable objectif serait de pousser Silvio Berlusconi à prendre sa retraite et à nommer un leader pour modifier la ligne politique de Forza Italia et transformer le parti en une droite modérée d’empreinte populaire.

La messe est dite

Reste que le Cavaliere n’a aucunement l’intention d’abandonner les rênes d’un parti dont il veut croire qu'il peut toujours être un bouclier face à la justice. Le milliardaire espère encore pouvoir sauver sa peau en s'appuyant sur "ses" députés pour marchander une éventuelle amnistie. Les dissidents le savent et pourraient lui proposer de continuer à le défendre en échange de son départ.

Pour l’heure, la discussion est gelée. Le drame qui vient de se produire à Lampedusa a interrompu les pourparlers entre Silvio Berlusconi et les dissidents. Ce matin en effet, un bateau transportant 500 immigrés d’origine érythréenne et somalienne a pris feu au large de Lampedusa en Sicile. Bilan du drame: 92 morts et 250 disparus. Le ministre de l’Intérieur Angelino Alfano a donc annulé son déjeuner avec le Cavaliere pour se rendre sur les lieux.

Le prochain round devrait avoir lieu demain après la déchéance de Berlusconi. Privé de son titre de sénateur et contesté par la moitié de son parti, Silvio Berlusconi aura du mal à reprendre la situation en main. A moins d’un miracle, la messe sera dite pour le Cavaliere d’ici demain soir.




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