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Londres recrute des bénévoles contre le crime organisé

mercredi, 9 octobre, 2013 - 16:10

Le Royaume-Uni se dote d'une nouvelle agence contre le crime organisé. Pour la faire tourner, des ingénieurs et spécialistes informatique du privé seront épisodiquement appelés en renfort... bénévolement : ou comment réduire la facture de la police en faisant appel aux citoyens!

La police britannique s’offre une nouvelle image. Finie l’Agence contre le sérieux crime organisé (Serious Organised Crime Agency), ternie par différents scandales et surtout l’incapacité des différents départements à travailler ensemble, voici venue l’Agence nationale contre le crime (NCA). Elle devient officiellement opérationnelle en octobre.

Une nouvelle agence très près de ses sous

Son objectif principal reste le même: la lutte contre le crime organisé, qui concernerait selon elle 37.000 personnes liées à 5.500 gangs, et une fraude qui coûterait chaque année à l’Etat £9 milliards (10,5 milliards d’euros). La ministre de l’Intérieur Theresa May estime que "le précédent gouvernement n’a pas mis assez l’accent sur le crime organisé" et que cette nouvelle entité "recevra assez de ressources financières".

Cette création fait néanmoins largement débat. Tout d’abord, selon le président du Comité des affaires intérieures Keith Vaz, elle devra se contenter de clopinettes:

Les organisations qui seront rassemblées dans cette nouvelle agence ont aujourd'hui un budget combiné de £812 millions, alors qu’elle n’en aura que £473,9 millions l’an prochain. Le ministère de l’Intérieur doit expliquer où cet argent est parti."

La police a largement souffert des mesures d’austérité décidées par le gouvernement de David Cameron.

Bénévolat du secteur privé

Une autre mesure interpelle particulièrement l’opposition travailliste: l'emploi par la nouvelle agence de volontaires du secteur privé pour pallier le manque d'effectif et de certaines compétences. Des experts en nouvelles technologies, des banquiers, analystes financiers et informaticiens viendront donc donner un coup de main contre le trafic de stupéfiants et d'armes, la fraude, la cybercriminalité ou la pédophilie sur Internet.

Tout ça pour les beaux yeux de leurs supérieurs, puisqu'ils offriront leurs services à la collectivité. L’idée a été avancée par le directeur de la police Keith Bristow, qui invoque des impératifs liés aux ressources humaines:

Il existe des domaines d’expertises pour lesquels la police ne peut pas prévoir de postes permanents et à plein temps, en raison de leur haut degré de spécialisation, de leur besoin peu récurrent ou de leur coût élevé".

De plus, justifie-t-il, "c'est une longue tradition pour la police que d’utiliser des volontaires", une pratique qui mettrait en valeur "les nombreuses personnes ayant du sens civique et peuvent offrir une importante contribution" à la société. Dix ont déjà été recrutés.

Une mesure "symptomatique" de l'austérité ambiante

Pour le président de la Fédération de la police d’Angleterre et du Pays de Galles, Steve Williams, cette évolution est toutefois "symptomatique" du régime sec imposé à la police britannique.

Nous avons perdu 14.000 officiers de police et, parallèlement, on nous demande de faire plus avec moins de moyens. On se demande quand cela s’arrêtera…"

La participation de professionnels issus de l'entreprise aura une première conséquence majeure: l’agence ne sera plus automatiquement soumise à l’obligation de répondre aux demandes d’information citoyennes dans ce cas, puisque seront parties prenantes des entreprises privées. Or celles-ci ne sont pas soumises à la loi qui permet à n’importe quel citoyen de demander des comptes et des informations quant au fonctionnement de la police ou de n’importe quelle autre entité publique britannique.

Une évolution guère démocratique pour une entité que Keith Bristow disait pourtant vouloir "plus ouverte, transparente et responsable".




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