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Le gaspillage fait déborder les poubelles européennes

mercredi, 16 octobre, 2013 - 13:57

La France jette à tout va ses aliments. L'équivalent de 430 euros par foyer finissent aux ordures. Ce grand gaspillage est général en Europe. Si quelques initiatives parviennent à voir le jour, la situation dans son ensemble demeure désastreuse. 

Entre 20 et 30 kilos de nourriture dans les poubelles françaises. Pire, sur la totalité des aliments jetés, 7 kilos sont encore sous vide. C'est le constat de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie. A cette occasion, le gouvernement lance la première journée anti-gaspillage alimentaire.

Tous les ans, près de 430 euros de nourriture finissent aux ordures. Pourtant, d'après un sondage TNS Soffres daté de 2012, 54% des Français trouvent important de réduire au quotidien les pertes alimentaires. Mais derrière ces bonnes intentions se cache un paradoxe à la française. Les deux tiers des sondés estiment être largement en dessous des 20 kilos d'aliments mis aux ordures. En bref, chacun jette et rejette la faute sur son voisin…

                                  

Les cantines des établissements scolaires figurent parmi les plus gros gaspilleurs. Un élève jette en moyenne jusqu’à 20% de son plateau selon le Ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt. Or en France, il est interdit de recycler les aliments provenant des écoles, collèges et lycées.

On se souvient, par exemple, de l'affaire des mousses au chocolat du Havre de l'an dernier. Alerté par la présence de gélatine de porc dans le dessert, la municipalité avait tout simplement décidé de mettre aux ordures 8.500 mousses au chocolat parfaitement comestibles. Au grand dam des SDF de la ville et autres associations caritatives comme Les Restos du cœur.

Le gouvernement s'est fixé comme objectif de diviser par deux le nombre de pertes alimentaires. Un pacte contre le gaspillage a ainsi été signé par de nombreuses entreprises du secteur agroalimentaire en juin dernier. L'objectif est de travailler sur le format des aliments afin de proposer aux consommateurs un maximum de produits vendus à l'unité. Autres solutions, développer la vente en vrac dans la grande distribution et favoriser les initiatives favorisant la récupération comme le Potager de Marianne. Cette association récolte chaque jour les invendus de Rungis pour les revendre.

Alerte générale en Europe

Ce grand gaspillage est général en Europe. Près de 89 millions de tonnes d'aliments finissent tous les ans dans les poubelles européennes. Une situation alarmante, décriée par le Parlement européen:

 Près de 50 % d’aliments sains sont gaspillés chaque année dans l’Union européenne, par les ménages, les supermarchés, les restaurants et la chaîne alimentaire, alors que 79 millions de citoyens vivent au-dessous du seuil de pauvreté et que 16 millions dépendent de l’aide alimentaire d’œuvres de charité"

Si rien n'est fait, la Commission européenne estime que ce gâchis généralisé des aliments passera de 89 millions de tonnes à 126 millions… en 2020. L'Union européenne placera donc l'année 2014 sous le signe de la lutte contre les pertes alimentaires. Parmi les principales sources de gaspillage, l'exécutif européen liste :

  • Les ménages (responsables de 42% des pertes)
  • Les industries agroalimentaires (responsables de 39 % des pertes)
  • Le secteur de la restauration (responsable de 14 % des pertes)
  • Les détaillants (responsables de 5 % des pertes)

Les Allemands obsédés par la normalité légumière

Les Allemands n'aiment pas ce qui n'est pas parfaitement dans la norme. Même pour les légumes! Les carottes tachetés ou le concombres ayant une forme originale rebutent la ménagère, même si le produit est délicieux.

Chaque année, 11 millions de tonnes de denrées sont jetées en Allemagne dont les deux tiers sont encore mangeables selon le ministère fédéral de la consommation. D'après une enquête menée par l'université de Stuggart, un Allemand jette près de 36 kilos de saine nourriture par an. 

Les initiatives anti-gaspi se multiplient.

  • Pour contrer cette mauvaise habitude, Edka, l'un des premiers distributeurs d'Allemagne, proposent dans tous ses magasins des fruits et légumes disgracieux accompagné du slogan "Tout le monde n'est pas parfait". Les aliments non conformes aux standards sont, bien entendu, vendus moins chers. C'est un premier pas vers le droit à la différence des curcubitacés !
  • L'association Slow Food organise d'ailleurs depuis trois ans un grand rassemblement dans tous les Landers d'Allemagne où fruits et légumes difformes sont mis à l'honneur. Une action permettant se sensibiliser les Allemands à l'acceptation de la singularité des aliments. L'initiative entre dans le cadre de la politique gouvernementale pour réduire le gaspillage intitulée "trop beau pour la poubelle".

Les Italiens ne sont pas de bons Samaritains

Avec 49 kilos d'aliments jetés par foyer, les Italiens sont encore plus gaspilleurs. Cette perte représenterait près de 316 euros par famille. Pourtant, les ménages ne sont pas les seuls responsables de cette gabegie alimentaire.

Le système de production italien serait-il pernicieux ? Oui, si l'on en croit le rapport WWF de 2013 sur l'utilisation des ressources naturelles italiennes. 50% des pertes alimentaires se produiraient avant que l'aliment n'arrive dans l'assiette des Italiens. L'an dernier, près de 706 millions de mètre cube d'eau sur 1 226 millions ont été perdus tout au long de la chaîne de production d'aliments comme les traditionnelles pasta.

Le 7 octobre 2013, un programme national du ministère de l'environnement italien a été adopté afin de résorber le problème d'ici à 2020.

Jusqu'à présent, seule la loi dite "du bon Samaritain" permet d'aider à diminuer le gaspillage en Italie. Ce texte, adopté en janvier 2011, autorise la récupération de nourritures venues des cantines, hôtels, écoles et hôpitaux afin de les redistribuer, aux associations. Une initiative dont beaucoup de pays européens, dont la France, devraient s'inspirer.




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