L'ONU menace d'interdire le festival de Saint-Nicolas aux Pays-Bas sous prétexte qu'il serait raciste. La polémique divise les Néerlandais.
Zwarte Piet vit-il ses derniers instants aux Pays-Bas ? L'équivalent du Père Fouettard est le sujet d'une vive polémique, relancée chaque année, à la même époque depuis les années 60. Contrairement à l'imagerie traditionnelle, le Père Fouettard néerlandais est un Noir, généralement interprété par un homme blanc, peint en noir avec une perruque afro sur le crâne et des goûts vestimentaires… discutables.
Il représente le pendant drolatique de Saint-Nicolas, souvent assimilé à un blagueur turbulent, mais inoffensif. Il est suivi d'une quarantaine d'acolytes, les "Zwarte Pieten". Des personnages qui ne sont pas sans rappeler celui du bon Noir des colonies. Le simple d'esprit, drôle par sa naïveté, et pourtant tellement attachant…
Aux Pays-Bas, le troisième samedi du mois de novembre débute le festival de la Saint-Nicolas. Durant trois semaines, les enfants déposent, tous les soirs, leurs chaussons devant la cheminée et reçoivent des bonbons. Le 5 décembre, dernier soir des festivités, les friandises sont remplacées par des cadeaux.
Une fête raciste ?
Si chaque année, le débat est lancé sur le caractère raciste ou non de cette manifestation, les évènements prennent de l'ampleur depuis quelques jours.
Début 2013, la Commission du Haut Commissariat de l'Organisme des nations unies (ONU) décide de mener l'enquête pour enfin déterminer si cette fête porte préjudice aux populations noires. Les conclusions doivent être rendues dans moins d'un mois selon le quotidien NRC Handelsblad. Et pour l'instant, pas sûr que les Pays-Bas puissent conserver leur festival si on se réfère aux déclarations de Verene Shepherd, membre de la Commission, mardi 22 octobre, à la télévision néerlandaise :
En tant que noire de peau, je pense que si je vivais aux Pays-Bas, j'aurais des objections […] Le groupe de travail ne comprend pas pourquoi les gens aux Pays-Bas ne peuvent pas voir qu'il s'agit d'un retour à l'esclavage et qu'au XXIe siècle, cette pratique devrait cesser."
Il n'en fallait pas plus pour allumer un brasier au sein du pays. Le journal De Telegraaf réalise un sondage auprès de 10 000 personnes sur le sujet. 66% des interrogés estiment que la fête ne pourrait avoir lieu sans Zwarte Piet. 96% veulent que le débat cesse.
Pourtant, 21 plaintes ont été enregistrées ce jeudi 24 octobre à Amsterdam pour interdire le Festival. Le maire, Eberhard van der Laan, a promis de statuer sur le sujet début novembre. D'autres refusent de voir disparaitre une tradition vieille de 163 ans qui selon eux "amuse" les enfants.
La guerre sur le net
Internet devient rapidement le champ de bataille des Néerlandais notamment grâce à Facebook.
Le comble de ce débat vient peut-être du fait que les Pays-Bas commémorent une autre fête cette année… Les 150 ans de l'abolition de l'esclavage.