Originaires de Brighton, les deux Anglais de Rizzle Kicks relancent le hip hop britannique, à contre-courant de la misogynie et de l'homophobie du modèle dominant.
Ils sont jeunes, 21 à peine, vivent sur la côte sud de l’Angleterre à Brighton et font désormais figure de leaders du hip hop britannique: Jordan Stephens, alias "Rizzle" et Harley Alexander-Sule, dit "Sylvester", sont les Rizzle Kicks. Amis d’enfance, ces deux Anglais de 21 ans s’étaient perdus de vue avant de se retrouver à la fameuse Brit School, l’école à artistes britannique dont sont également sortis The Kooks, Adele ou Amy Winehouse.
Un style hip hop vieille école
Bien leur en a pris. Trois ans après la formation de leur groupe, ils sont remarqués dès la sortie de leur premier album en juillet 2011. Leur style hip hop vieille école, gai et entraînant, mêlé à l’influence des groupes électroniques Gorillaz et Arctic Monkeys, cartonne sur les ondes. Et il leur attire les faveurs de l’acteur et homme public Stephen Fry: celui-ci tweete le même mois "avoir un coup de coeur inattendu pour le son hip hop old school des Rizzle Kicks":
Am unexpectedly loving the old school hiphop sounds of @RizzleKicks http://t.co/q544gak
— Stephen Fry (@stephenfry) June 30, 2011
On a vu pire en termes de publicité, les tweets de l'acteur et humouriste étant suivis par plus de six millions de personnes.
Down With The Trumpets, Rizzle Kicks.
Effet Fry ou pas, les ventes de leurs singles décollent. Down With The Trumpets la huitième place des ventes britanniques de singles, tout comme When I Was a Youngster, tandis que Mama Do The Hump atteint la seconde place. L’album Stereo Typical est classé cinquième des ventes britanniques et premier des ventes hip hop. Leur première tournée de mars à mai 2012 est un succès considérable. Ils font salle comble. Le groupe est définitivement lancé.
Le hip hop classique? "misogyne et homophobe"
Outre leur style musical, les deux garçons sortent du lot par le contenu de leurs chansons. Dans un milieu hip hop débordant de testostérone, ils déclarent vouloir "une fille qui giflera un mec s’il la traite de sale pute" et claque un "je suis une fille facile, tu le sais, mais comme je suis un garçon tout va bien".
J’ai du mal avec le hip hop classique, c’est bien trop misogyne et toujours homophobe",
assure à la BBC un Jordan Stephens pas vraiment impressionné par les "tafioles" d’Eminem et les "sales putes" de Jay-Z. "Je ne crois pas que nous connaissions une seule femme, intelligente et avec qui vous voudriez être amie, qui dirait d’elle-même 'je suis une sale pute'", poursuit-il.
Mama Do The Hump, Rizzle Kicks.
Les deux garçons n'évitent bien évidemment pas de parler de leurs hormones, de leur attraction pour les filles, de l’amour avec un grand A ou avec un grand S. Mais ils le font sans violence, et surtout sans s’y limiter.
12 millions de visite pour Mama Do The Hump
Les deux britanniques n’hésitent ainsi pas à taper sur la télé réalité, assimilée à de la morphine pour téléspectateurs en mal de repères et de vie. Leurs clips sont plein d’humour: Jordan Stephens offre la vedette à sa mère et à sa tante dans leur deuxième clip le plus visionné sur Youtube, Mama Do The Hump, qui accumule plus de 12 millions de visites. Il fait aussi jouer et chanter son père sur un de leur morceau.
Un regard frais, mais somme toute pas revanchard, qui semble refletter les aspirations de la classe moyenne. Pas de quoi détonner à Brighton, gentille ville estivale considérée comme la Deauville anglaise. Le nouvel album du jeune duo, Roaring 20’s (la vingtaine rugissante), est sorti à la rentrée, avant une prochaine tournée en février et mars.