Les écoliers français ont, de nouveau, raté leur concours mondial PISA. Trop nuls en maths, il sont à la 25ème place sur 65. Le fossé se creuse entre bons et mauvais élèves, et entre les filles et les garçons. Les meilleurs élèves de la classe européenne sont suisses, néerlandais ou finlandais.
Les élèves français ont un niveau scolaire médiocre et les inégalités scolaires selon le milieu social augmentent, selon l'étude PISA (Programme for international student assessment). La Finlande reste le bon élève de la classe européenne et les élèves allemands s'améliorent. L'étude PISA est menée tous les trois ans dans les pays de l'OCDE et autres pays associés.
Il ne faut cependant pas dramatiser. Ce sont, notamment comparé aux excellents résultats des pays asiatiques, les mathématiques qui posent un vrai problème aux élèves français. Ils sont encore en baisse de deux points par rapport au précédent relevé de notes de PISA de 2009. Mais la chute la plus importante est antérieure: entre 2003 et 2009, ils avaient perdu 14 points.
Les filles font rougir les mauvais garçons
Mais à l'inverse, les élèves français s'améliorent en lecture et restent stables en sciences. Pour la "compréhension de l'écrit", qui teste les performances des enfants dans leur langue maternelle, la France est à la 21ème place, avec 505 points, soit 9 de plus qu'en 2009. Les élèves ont retrouvé le bon niveau constaté lors de la première enquête PISA, en 2000. Par contre, la proportion des élèves les moins performants a augmenté et l'écart entre les sexes s'est creusé en faveur, une nouvelle fois, des filles.
Comment expliquer cette aversion française pour les maths? Cela semble bien être un problème de pédagogie. Et l'éducation nationale devrait s'inspirer des méthodes d'enseignement des maths dans les pays d'Asie, champions en la matière.
Quoi qu'il en soit, Vincent Peillon, le ministre de l'Education en fait un peu trop en se déclarant "sous le choc Pisa" alors que "la France décroche totalement". Le PS en a rajouté une louche en publiant un communiqué expliquant que "la France vient de recevoir la facture éducative de 10 années de droite au pouvoir".
Une dramatisation à bon compte, puisque l'enquête a été réalisée avant qu'il soit ministre. L'étude de l'OCDE ferait office d'inventaire du bilan de Luc Chatel, son prédécesseur rue de Grenelle, et tombe à pic alors qu'il est toujours confronté à la fronde des enseignants et de nombreuses collectivités locales, vent debout sur les rythmes scolaires… Seul problème: l'Allemagne a, elle, rallongé le nombre d'heures de classes par jour, et remonte à la 15ème place dans le classement Pisa.
Les Japonais ont la bosse des maths
Cette enquête porte sur 65 pays, les 34 membres de l'Organisation de coopération et de développement économique et 31 pays ou économies partenaires. Au total, plus de 500.000 élèves de 15 ans ont passé ce concours mondial. Les classements sont établis en fonction des performances en mathématiques, en sciences et en lecture.
Le Liechtenstein, la Suisse, les Pays-Bas et la Finlande affichent de très bonnes performances en Europe. Mais ce sont les pays asiatiques qui trustent le podium. Singapour, Hongkong, Taïwan, la Corée du Sud, Macao et le Japon enregistrent des résultats impressionnants, notamment en maths, mais pas seulement. Ils sont aussi bons en Lecture et en sciences. Plus d’un quart des jeunes de 15 ans de Shanghai font preuve d’une capacité de réflexion mathématique poussée pour résoudre des problèmes complexes, contre 3% en moyenne en ce qui concerne l’ensemble des 65 pays participants aux tests.
Jules Ferry se retourne dans sa tombe
L'étude décrit aussi, comme la précédente, un système éducatif français profondément inégalitaire. L'école de Jules Ferry ne remplit plus depuis longtemps son rôle d'ascenseur social. Les performances des élèves sont fortement liées au milieu socio-économique des parents. Le système éducatif français se caractérise, par "une proportion d’élèves performants en France au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE combinée à une proportion d’élèves en très grande difficulté scolaire elle aussi au-dessus de la moyenne".
Les élèves issus de l'immigration ont le plus de difficultés. Ceux de la première génération ont deux fois plus de risque d'être des élèves "peu performants". Cette inégalité est particulièrement forte en France.
Ces constats, pour le moins alarmants, n'ont rien d'inéluctables. C'est la vertu des études PISA que de permettre les comparaisons internationales sur la durée. Or, l'OCDE remarque que "l’égalité des chances dans l’éducation est possible même lorsque le milieu socio-économique des élèves varie fortement".
L'orientation précoce, fausse bonne solution
Encore faut-il savoir se remettre en cause, comme a pu le faire l'Allemagne, qui avait très mal vécu son mauvais classement initial en 2000. Les comparaisons révèlent par exemple que la France gagnerait à s'inspirer de la Finlande en accentuant le soutien individualisé dans les écoles, à réduire, sinon à supprimer, les redoublements ou à favoriser la scolarisation précoce.
Autres enseignements de cette comparaison internationale:
- Plus les élèves sont orientés tôt vers des filières spécialisées, plus l’écart de performance des élèves de 15 ans se creuse en fonction du milieu socio-économique, sans amélioration globale de la performance.
- Les systèmes d’éducation les plus performants accordent une plus grande autonomie aux établissements dans l’élaboration des programmes et des politiques d’évaluation.
- Améliorer la qualité de l’enseignement est une stratégie plus probante que de donner la priorité à la diminution de la taille des classes. Cela nécessite une bonne formation initiale des enseignants et une formation continue tout au long de leur carrière.
Tout un programme pour la prochaine réforme du Mammouth…