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Les marchés de Noël allemands succombent à la mode vegan

vendredi, 13 décembre, 2013 - 11:46

Entre le vin chaud et les biscuits, la saucisse vegan au tofu et au soja débarque sur les marchés de Noël allemands. Un détail révélateur d'une tendance de fond: prenez garde, viandards!

La saucisse vegan (ou végétalienne) fait son entrée sur les marchés de Noël d’Allemagne. En octobre dernier, déjà, elle débarquait à la fête de la bière de Munich, provoquant la surprise des habitués du rendez-vous festif, consommateurs de tonnes de viande sous toutes ses formes.

Tofu et soja en vedette

Aujourd'hui, pour la première fois, la voilà donc vedette des marchés de Noël de Hambourg et Leipzig. Travestie en saucisse traditionnelle, elle n’a toutefois rien à voir avec l’originale: à l’intérieur, soja ou tofu, accommodés de nombreux épices, remplacent la viande.

Ne vous attendez pas à retrouver la saveur de la traditionnelle Currywurst ou Bratwurst, mais vous pourrez quand même la déguster grillée dans un petit pain. Et si vous voulez suivre les traditions allemandes, ces marchés de Noël végétaliens proposent aussi du vin chaud ou de la bière agrémentés de biscuits et autres délices sucrés traditionnels des fêtes de fin d’années. Tout cela bio évidemment et sans élément d’origine animale, à savoir gélatine, œuf, lait ou même miel!

                
A gauche: le traditionnel Currywurst. Crédits: Flickr/The Goods – à droite: des saucisses vegan. Crédits: Flickr/ Smiteme

Les personnes intéressées par le mode de vie végétalien n’avaient jusqu’à présent aucune alternative à la nourriture conventionnelle présentée sur les marchés de Noël",

explique Alin Pelikowski, membre de la coalition des activistes des droits des animaux de Leipzig.

Cette structure a organisé en septembre dernier une journée dédiée à ce mode de vie et d’alimentation. Fort de son millier de visiteurs, elle organise ce samedi 14 décembre le 1er marché de Noël vegan de la ville. "Maintenant nous aussi pouvons participer aux fêtes traditionnelles" ajoute cette activiste en riant.

Moins de viande dans les assiettes allemandes

L’arrivée de la saucisse végétalienne sur les marchés de Noël et à la traditionnelle fête de la bière de Munich peut sembler anecdotique. Mais elle indique une tendance de fond dans ce pays où la charcuterie et la viande sont reines. On constate en effet un recul léger mais continu du nombre de mangeurs de viande et une hausse régulière du nombre de végétariens.

Selon l’Institut Ifd d’Allensbach, près de 8% de la population allemande se définit comme végétarienne, soit 6.88 millions de personnes de plus de 14 ans en 2013 contre 6,29 en 2009. 800.000 d’entre elles se disent végétaliennes, c’est à dire refusant tout élément d’origine animal dans l’alimentation et la vie quotidienne (elles refusent notamment de porter du cuir!).

Selon une autre étude menée par l’université de Hohenheim, 11,6% des allemands disent par ailleurs avoir déjà réduit leur consommation de viande et 9,5% vouloir la réduire, contre 13% avouant qu’ils en mangeraient davantage si le prix diminuait. Quant aux quantités de viande dévorées, elles baissent de manière régulière: de 102 kilos par personne et par an en 1990, on est passé à 92 kilos en 1995, à 90,7 kilos en 2000 et à 87 kilos en 2012…

Modes de vie et convictions vegan

La multiplication des scandales alimentaires, la volonté de lutter contre les gaz à effets de serre auxquels participe l’industrie de la viande expliquent en partie la désaffection de plus en plus d’Allemands. Pourtant, la viande est traditionnellement centrale dans leur cuisine.

Quand on lit toutes ces histoires de scandales alimentaires, que l’on voit des documentaires sur la manière dont sont tuées les bêtes dans les abattoirs, on se pose des questions et on cherche des alternatives",

confirme Alin Pelikowski, vegan depuis un an. "Le rôle des medias est important et aide à la prise de conscience, tout comme l’offre croissante de produits végétariens et végétaliens dans les supermarchés conventionnels".

A cela s’ajoutent la multiplication des magasins, supermarchés et restaurants spécialisés et une offre croissante des publications. Ainsi en 2013, 50 livres consacrés à la cuisine vegan ont été publiés en Allemagne, contre 23 en 2012.

La tendance qui consiste à manger moins de viande va se confirmer à l’avenir",

estime Achim Spiller, de l’université de Göttingen. "L’industrie agro alimentaire et de la viande devrait donc s’impliquer davantage dans le 'moins mais mieux manger'".

Les viandards (mais pas qu'eux) résistent

Si manger bio, végétarien et végétalien devient tendance, ça n'est pas sans provoquer des résistances ici et là. Le parti écologiste allemand en a fait l’expérience en août dernier, durant la campagne électorale, en proposant l’instauration d’un veggie day dans les cantines publiques, c'est-à-dire une journée sans viande.

Cette idée a suscité un tollé dans la classe politique et cela même si dans les sondages cette proposition a été jugée bonne par 46% des allemands et mauvaise par 41% d’entre eux. Parmi ces derniers se trouvent bien sur les inconditionnels de la viande mais aussi bon nombres des citoyens qui refusent de se voir imposer par l’Etat ce qu’ils doivent ou ne doivent pas quoi manger.




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