Paloma Rocasolano est la roturière de mère de la princesse Letizia, future reine d'Espagne. Infirmière syndicaliste et symbole d'une Espagne laborieuse, elle vit chichement, loin, très loin, du faste royal. Portrait.
Voici une mère qui ne vit pas aux frais de sa princesse de fille. A l'heure où la très onéreuse monarchie espagnole est ébranlée par des affaires de gros sous, le personnage a de quoi charmer. C'est en tout cas ce qu'on ne peut s'empêcher de penser à la lecture du quotidien espagnol El Mundo, qui consacre aujourd'hui un article à la maman de la princesse, épouse du prince Felipe, futur monarque.
Infirmière smicarde et syndicalisée
Paloma Rocasolano Rodríguez a su rester simple, s'enthousiasme ainsi le journal conservateur, qui égraine la banalité et la modestie du quotidien de cette drôle de roturière.
Le mariage de sa fille journaliste avec Felipe, prince des Asturies et futur roi d'Espagne il y a tout juste dix ans, n'a en effet pas fait bouger d'un pouce la vie de Paloma Rocasolano, infirmière à Madrid. Elle réside seule dans un petit appartement (37m2) du centre de la capitale, à deux pas, coquette coïncidence, du palais d'Orient: la vaste et imposante résidence officielle du père de son gendre, monsieur le roi d'Espagne.
Notre infirmière sexagénaire, décidément loin des considérations de palais, continue de bosser pour un salaire estimé à mille et quelques euros, mais ne s'en contente pas: elle est aussi déléguée syndicale du SATSE, le syndicat infirmier espagnol. Une syndicaliste smicarde à l'hôpital, c'est autrement plus dans l'ère du temps que ce qui se pratique du côté de la belle et royale famille et ses 7,9 millions d'euros d'argent de poche en 2013…
Comble du comble, paraît s'étonner El Mundo, madame va au boulot en métro! S'aventurer dans les transports publics lorsque votre fille est Princesse des Asturies, Princesse de Gérone, Princesse de Viane, Duchesse de Montblanc, Comtesse de Cerbère et Dame de Balaguer, c'est quand même très fort. Tout juste consent-elle à la voiture officielle lorsqu'elle va voir ses petits enfants, Leonor et Sofia, à la Zarzuela, la résidence du prince. Elle les garde quand son gendre et sa fille sont en goguette protocolaire.
Tarif étudiant au cinéma
Côté loisir, Paloma ne chasse pas l'éléphant au Botswana ni ne navigue en compagnie du Prince Charles. Non, Paloma, elle, va simplement au cinéma. C'est son passe-temps favori. D'ailleurs, puisqu'elle suit des cours d'histoire de l'art à distance à l'Université nationale d'enseignement à distance (UNED), Paloma, près de ses sous, demande la réduc' étudiant lorsqu'elle achète son ticket de ciné.
La mère de la princesse s'autorise toutefois quelques écarts. En l'occurrence des coups de bistouri, ceux du chirurgien esthétique de sa fille, Antonio de la Fuente. Elle profiterait également des conseils mode du styliste de Letizia.
Paloma Rocasolano, ou le petit peuple frayant malgré lui avec les têtes couronnées. L'Espagne qui trime, gagne le SMIC et prend le métro, et va garder ses petits enfants au château… Drôle d'histoire et drôle de personnage, qui ont de quoi séduire les Espagnols, à l'heure où la monarchie espagnole souffre: pour la toute première fois, moins d'un Espagnol sur deux la soutienne (49,9%), selon un sondage publié ce mois-ci par El Mundo.
Quant au décati roi Juan Carlos, il n'a vraiment plus la cote. Près des deux tiers de ses sujets (62%, contre 45% un an plus tôt) souhaitent désormais son abdication, le jugeant trop vieux. Même Stéphane Bern est de leur avis… Il y a enfin ce scandale de corruption qui empoisonne l'image de la famille royale depuis des mois (la fille cadette du roi et son mari ont été inculpés pour blanchiment d'argent).
Tous les espoirs reposent donc désormais sur l'héritier, le prince Felipe, pour ré-enchanter la royauté. Au risque, sinon, de voir les Espagnols lui préférer des destins plus communs (et moins coûteux), comme celui de Paloma, cette maman de princesse qui aimait le métro et le cinéma.