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Modes de vie: quand et comment bossent les Européens

vendredi, 24 janvier, 2014 - 12:44

Les 35 heures des Français, la pause café des Portugais, la sieste des Grecs ou le sandwich express des Anglais: entre clichés et douces vérités, découvrez comment et quand bossent les Européens!

Les 35 heures… Nos voisins européens regardent avec un mélange d'incrédulité, d'envie et de circonspection cette innovation made in France. Les Français eux-mêmes ne sont pas tous d'accord. Le sujet déchaîne ainsi les passions à intervalle (électoral) régulier. Pourtant, quoiqu'en disent les patrons et l'UMP, les Français y sont attachés : une majorité d'entre eux (54% en 2011) s'oppose à la suppression de la semaine de 35 heures, considérées comme un acquis social majeur.

Quant aux rires grinçants des Britanniques ou des Allemands face à des Français supposés fainéants, un chiffre suffit à démentir la flemmardise gauloise: les salariés Français travaillent en réalité 39,5 heures hebdomadaires (chiffre 2013, source ministère de l'Emploi).

Côté congés payés, la France sort cette fois effectivement du lot: 5 semaines, soit 30 jours ouvrables par an, c'est beaucoup! A cela s'ajoutent 11 jours fériés. De quoi pour le coup attiser la jalousie des autres Européens…

Allemagne: arriver tôt pour partir tôt

En Allemagne, la durée légale de travail est de 40 heures par semaine, soit 8 heures par jour. Mais les partenaires sociaux peuvent négocier des adaptations par secteurs et par branches. Ainsi dans la métallurgie, on travaille outre-Rhin 35 heures par semaine et dans le secteur public entre 39 et 41 heures. Le débat vient d'ailleurs d'être relancé par la nouvelle ministre de la famille, qui propose une semaine temps plein de 32h pour les parents de jeunes enfants.

Contrairement à la France, au travail, les relations sociales restent limitées. Les pauses ne se prolongent pas autour de la machine à café et on préfère arriver tôt au boulot pour en repartir tôt. Il est fréquent que les bureaux (souvent dans le public mais pas seulement) ferment à 16h. Quant aux congés payés, ils sont au nombre minimum de 20 jours par an auxquels s’ajoutent souvent des jours de congés négociés avec l’employeur et bien sur les 9 jours fériés annuels. Ces derniers varient d’une région à une autre à l’exception du 3 octobre, jour de l’unité allemande, férié pour tous.

Les Britanniques déjeunent vite pour filer tôt… au pub !

Au Royaume-Uni, la durée légale de travail est de 48 heures par semaine maximum. Les Britanniques travaillent en réalité un peu plus de 36 heures hebdomadaires en moyenne (chiffre OCDE 2011). On y commence sa journée en général vers 8h30-9h. Tôt au boulot, les Britanniques terminent donc aussi tôt: 17h30 en moyenne. Résultat immédiat: les pubs sont pris d’assaut dès 17h. Ce phénomène est lié à la pause déjeuner express: elle ne dépasse généralement pas 30 minutes, quand un sandwich n’est pas avalé en 10 minutes à son bureau ou devant ordinateur. D’où le succès considérable des chaînes de vente de sandwichs et salades à emporter (photo).

Les Britanniques bénéficient légalement de 5,6 semaines de congés payés par an, soit 28 jours. De plus, les Anglais et les Gallois bénéficient de 8 jours fériés par an, les Ecossais de 9 et les Irlandais du Nord et l'île de Man de 10. Mais les employeurs ne sont pas légalement dans l'obligation de payer ces jours feriés.

Ils les prennent principalement autour de Noël et du nouvel an, période durant laquelle le pays s’arrête totalement. Viennent ensuite les vacances d'été: au choix juillet ou août pour aller profiter de la chaleur estivale de l’Europe du Sud.

Le travail en Turquie: les vacances proportionnelles à l'ancienneté !

La durée légale du travail en Turquie est de 45 heures hebdomadaires maximum. Une durée évidemment respectée dans les secteurs publics, mais beaucoup moins dans le privé où la semaine peut culminer à 55 heures. Les journées de travail commencent généralement vers 9 heures pour se terminer au plus tôt à 17 heures (souvent 19 heures).

Contrairement à une idée largement répandue en Europe, le temps du repos n’est pas le vendredi en Turquie, mais bien le week-end, quoiqu’un grand nombre de personnes ne bénéficient bien souvent que d’un seul jour de congé par semaine: le dimanche. Ce jour varie en fonction du secteur, les magasins et restaurants étant pour la plupart ouverts les dimanches.

Une chose est sûre, le mot vacances ne fait pas particulièrement partie du vocabulaire turc. Les congés annuels payés varient selon l’ancienneté: 14 jours entre 1 et 5 ans d’ancienneté, 20 jours entre 5 et 15 ans, et 26 jours passés 15 ans d’ancienneté. Pour la plupart, les Turcs partent en vacances pendant l’été ou lors du "Bayram", la fête du sacrifice du mouton, pour lequel ils sont gratifiés de 4 jours de congé. Les jours fériés sont rarement d'origine religieuse mais plutôt républicaine. Aussi compte-t-on 5 jours fériés d’origine laïque et 2 fêtes religieuses fériées en Turquie.

Portugal: pauses gourmandes

Au risque de contrarier ceux qui pensent qu’au sud la vie est un long fleuve tranquille et le travail une notion toute relative, au Portugal, ça bosse! La semaine compte 40 heures et n'est pas partie pour s'alléger. Au contraire: sous les assauts répétés de la crise et de l’austérité, les fonctionnaires qui, eux, travaillaient 35 heures, vont être soumis au même régime que le secteur privé. La journée de travail commence vers 9 ou 10 heures. En réalité il n’y a pas de règles strictes. En compensation, on travaille souvent jusqu’à 20 ou 21 heures.

Là où les Portugais se distinguent… c'est par leur gourmandise. Ils ponctuent en effet leur journée de travail de pauses: ils ressortent du bureau à peine arrivés pour un café-grignotage, et s’offrent une seconde pause dans la matinée. Pour le déjeuner, c’est plutôt 13h-15h. Et, nouvel effet de l'art de vivre local, on prend son temps et la pause du midi peut s'étendre en longueur…

Avec 22 jours de congés payés par an, les vacances sont souvent fractionnées pour pouvoir respecter les fêtes et la famille: Noël, Pâques, le 15 août. Jusqu'à présent 14 jours fériés par an permettaient de compenser ces vacances trop courtes. Mais le gouvernement en a supprimé 4 au nom de la productivité et pour balayer l’image de paresseux un peu hâtivement véhiculée par le nord de l’Europe.

Une fois encore, alors que le cliché veut que le Portugal soit très pieux, c’est la plus païenne des fêtes du pays qui soulève les passions: le carnaval! Un jour férié toléré, accordé par le fait du prince -le chef de l’état-, et dont la question de la suppression, remise sur le tapis avec régularité, provoque de belles jacqueries.

En Hongrie, les vacances augmentent avec l'âge !

En Hongrie, on commence le travail à 9h, on finit vers 17h30, et la pause déjeuner n’existe pas ou à peine (c’est la grande valse des Tupperware à midi !). Les Hongrois débutent leur week-end tôt, dès le vendredi après-midi: les banques ferment ainsi à 14h-15h.

Les jours fériés sont au nombre de dix, et les Hongrois en profitent très souvent pour faire le pont: curiosité locale, les ponts sont d'ailleurs décidés à l’avance par… le gouvernement, et toujours rattrapés, généralement un samedi. Pour ce qui est des jours de congé, ils dépendent de l’âge de l’employé, partant d’une base de 20 jours pour un Hongrois de 25 ans, augmentant d’un jour par année supplémentaire. Fait étonnant pour une expatriée française à Budapest, mieux vaut ne pas être malade en Hongrie: si vous êtes clouée au lit, on retient 30% de votre salaire dès le premier jour.

En Grèce, les bureaux se vident à 14h

Les horaires des organismes officiels, des banques et des bureaux vont de 7 ou 8h le matin jusqu’à 13h30 ou 14h. Comme il n’y a aucun système de cantine, les salariés rentrent alors chez eux déjeuner puis font la sieste. Ce qui met en colère les touristes qui trouvent les musées et les sites archéologiques fermés l’après-midi. L'écrivain Vassilis Vassilikos raconte d'ailleurs que lorsqu’il fut nommé directeur de l’ORTF grecque d’alors, en 1982, la télévision publique se vidait de son personnel à 14h, alors qu’elle émettait le soir!

Ne restaient alors que les techniciens et les journalistes en charge des programmes du jour. L'arrivée des multinationales a changé un peu les pratiques, et la crise encore plus. Dans le secteur privé, lorsque les Grecs ont un travail, il l'exercent désormais du matin tôt jusqu’au soir tard.

Les horaires des commerçants sont encore plus complexes: à Athènes, les lundi, mercredi et samedi ils travaillent de 8h à 14h et sont fermés l’après-midi. Les mardi, jeudi, vendredi, ils bûchent toute la journée ou rouvrent boutique le soir après la sieste, de 17 à 21h. Le dimanche, c'est repos en principe. Mais le gouvernement essaie d’imposer l’ouverture dominicale des magasins hors des zones touristiques.

Les établissements scolaires ont, eux, longtemps fonctionné en deux temps, faute de bâtiments suffisants. Une partie des classes se faisaient le matin et une autre l’après-midi, en alternant les semaines. Aujourd’hui, la plupart d’entre eux ne fonctionnent que le matin (jusqu’à 14h), du lundi au vendredi. Des expériences d "école toute la journée" ont été lancées en opération pilote.

Italie: 12 jours fériés par an !

En Italie, les salariés ont le droit à 26 jours de vacances. Ils travaillent cinq jours sur sept, huit heures par jour. En général, nos cousins transalpins doivent arriver au bureau vers 9 heures du matin. Mais cet horaire est flexible. Cela veut dire que dans certaines entreprises comme la Rai par exemple, les salariés peuvent arriver vers 10 heures du matin. Dans ce cas, ils sortiront une heure plus tard le soir. La pause déjeuner dure une heure.

En dehors du week-end, les Italiens n’ont pas de jour de repos. Ils peuvent puiser dans leur réserve vacances pour prendre les enfants à l’école ou aller chez le médecin mais doivent avertir leur employeur quelques jours à l’avance. Les vacances sont posées au moins trois mois à l'avance pour permettre à l’entreprise d’organiser les absences. Les jours fériés sont, en revanche, plus nombreux qu’en France. Ils sont au nombre de 12, les Italiens ne travaillant pas par exemple le jour de l’Ascension. Les Romains ont un jour de plus, le 29 juin: c'est la fête des patrons de la cité éternelle, Saint Pierre et Saint Paul.




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