Que faire cette semaine à Budapest, Lisbonne, Londres, Berlin ou Bruxelles? Expos, concerts, ciné, spectacles et inclassables: les coups de cœur de nos correspondants en Europe.
Visiter la plus grande usine à bière budapestoise, redécouvrir la littérature allemande à l'abri de yourtes mongoles posées en plein Berlin, profiter des soirées nocturnes des musées londoniens…: nos idées sorties de la semaine.
C’est Broadway à Istanbul!
> Entre musique, sublimes chorégraphies et costumes extraordinaires, la comédie musicale Cats d’Andrew Lloyd Webber en a fait rêver plus d’un. Interprétée pour la première fois en 1981 à Londres, elle a depuis traversé les frontières pour s’arrêter dans plus de 300 villes sauf… à Istanbul! L’erreur est réparée puisque Cats est jouée pour la toute première fois en Turquie du 21 janvier au 9 février au Centre de Performances Artistiques (PSM) du Zorlu Center à Istanbul. Si vous êtes de passage, ne loupez pas l’évènement.
> Le cinéma français depuis votre canapé: c’est la deuxième année que les internautes turcs ont la possibilité de visionner sur internet des films français sous-titrés en turc ou en anglais. MyFrenchFilmFestival propose pendant un mois aux internautes de 174 pays de découvrir depuis leurs ordinateurs les nouvelles créations cinématographiques françaises.
Au programme: 10 longs-métrages et 10 courts en compétition, mais aussi Les parapluies de Cherbourg de Jacques Demy, dans la catégorie film de patrimoine hors compétition. L’année dernière, près de 17.000 personnes en Turquie ont ainsi regardé la sélection du festival.
Cats, au Centre de Performances Artistiques (PSM) du Zorlu Center à Istanbul
MyFrenchFilmFestival. Du 17 janvier au 17 février 2014
A Berlin, art et technologie ou lectures sous yourtes
> Le mois de janvier s’achève à Berlin avec un festival dédié à la relation entre les hommes, l’art et la technologie. La 28ème édition de Transmediale propose durant 5 jours des expositions, projections de films et conférences sur les thèmes de la culture digitale, de l’importance de la surveillance et du rôle d’internet. (ci-contre: Dinos Chapman ©Dinos Chapman)
> Des yourtes mongoles en plein Berlin! Durant quatre jours, elles vont accueillir des passionnés de littérature autour d’auteurs venus lire en public des passages de leurs ouvrages. Evidemment, mieux vaut comprendre l’allemand pour y assister. Cependant, à coté d’écrivains tels que David Wagner, qui a reçu le prix du salon du livre de Leipzig en 2013, se trouvent aussi des auteurs de langue anglaise. La nouveauté de cette année: des lectures pour enfants et ados.
Transmediale. Du 29 janvier au 2 février. A la maison des cultures du monde.
Du 30 janvier au 2 février. Entrée gratuite. Geschichten in Jurten. Sony Center, Potsdamer Platz.
A Budapest, art contemporain ou houblon
> Au Műcsarnok (la Kunsthalle de Budapest), l’exposition Entropie d’une ville explore la relation réelle ou fictive, harmonieuse ou tendue, que l’artiste entretient avec sa ville. La collection privée d’art contemporain Julia Stoschek se retrouve ainsi présentée pour la première fois en Europe centrale. Huit heures de contenu vidéo attendent les plus passionnés.
> Ce mardi 27 janvier, le Centre Robert Capa, récemment ouvert, inaugure sa deuxième exposition consacrée aux "Photosuprématistes". L’institution y poursuit son questionnement sur le rapport à l’image. Trois artistes hongrois contemporains, que tout éloigne de la photographie traditionnelle, présentent leurs œuvres: Anikó Robitz, Bálint Szombathy et Károly Minyó Szert. Ce dernier est un adepte de la performance, et a recours à sa bicyclette de 75 ans pour transformer les salles de musée en chambres noires!
> Pour ceux qui privilégieraient un programme plus léger, l’usine à bière Dreher –la plus connue de Budapest- offre des visites guidées en janvier et février, en hongrois et en anglais.
Entropie d’une ville. Jusqu’au 23 février.
Exposition Les photosuprématistes jusqu’au 14 mars 2014
Visites guidées à l'usine à bière Dreher. Janvier et février. Réservation en ligne.
A Lisbonne, street art et illustration
> La galerie ARTE Périferica, située dans le Centre Culturel de Belém -quartier monumental à l’ouest de Lisbonne- propose World Gone Crazy, une exposition consacrée à l’artiste de street art Bordalo II. Le jeune homme de 26 ans présente dix interventions à base de déchets:
Ce n’est pas du recyclage mais une critique du consumérisme",
explique-t-il. Bordalo II s’est fait remarquer en fin d’année dernière alors que Lisbonne connaissait une grève des éboueurs très dure au moment des fêtes. Il avait transformé un conteneur de déchets en cadeau, en y peignant un ruban rouge, pour une œuvre intitulée "notre cadeau à la mère nature". Diplômé des beaux arts, l’artiste intervient principalement dans la rue. Aujourd’hui, ses propositions -une dizaine dans l’exposition- sont là pour nous questionner.
> Il faut profiter de la balade dans le quartier ouest pour se rendre au Musée de l’Électricité, édifice en brique postmoderne. C’est actuellement l'exposition Illustrarte qui y est installée. Elle est consacrée comme son nom l’indique à l’illustration, genre très apprécié au Portugal, ici dédié aux enfants. Un jury international a récompensé l’illustratrice allemande Johana benz, et attribué deux mentions spéciales aux dessinateurs argentin Diego Bianski et polonaise Urszula Palusinska. Illustrarte a réalisé une sélection sur 6000 dessins reçus. Le résultat est un pur moment de poésie, dont on peut régaler les petits.
Street art à la galerie ARTE Périferica. Jusqu’au 18 février.
Illustrarte au Musée de l’Électricité. Jusqu’au 13 avril 2014.
Avec La Grande Belleza, le cinéma italien prouve qu'il existe encore
> Après sa nomination aux Oscar, le film La grande bellezza (La grande beauté) de Paolo Sorrentino est à l’honneur sur les écrans italiens. Pourtant, comme l’ont souligné les quelques critiques transalpins qui ont osé braver la tendance, ce long-métrage est loin d’être parfait. L’auteur qui voulait rendre hommage à Federico Fellini a essayé de multiplier les effets de scène.
Le résultat est ennuyeux. Certes, les acteurs font preuve d’une bravoure magistrale. A commencer par Toni Servillo, un homme de cinéma et de théâtre très connu en Italie pour ses interprétations précédentes; ou encore Sabrina Ferilli, la fille d’un ancien dirigeant communiste et d’une femme au foyer très engagée dans la politique et le football. Mais en voulant caricaturer l'intelligentzia romaine composée de critiques cinématographiques et d’art, Paolo Sorrentino en a encore trop fait. Tout cela ne veut pas dire qu’il faut éviter La grande bellezza, bien au contraire. Trop souvent donné pour mort durant ses dernières années, le cinéma italien, avec ce film imparfait, montre qu’il existe encore.
A Londres, nocturne au Victoria & Albert Museum
> C’est désormais une tradition: la plupart des grands musées londoniens ouvrent leurs portes tardivement un ou deux soirs par semaine. Le Victoria & Albert Museum se limite au dernier vendredi de chaque mois, sauf en décembre, mais pousse cette opération plus loin que ses homologues. Ce vendredi, il "explore la relation entre la musique et la technologie, de l’analogue au numérique, du direct à la manipulation numérique". Ces soirées attirent une population très diverse, des personnes les plus branchées de la ville désireuses de boire une coupe de champagne au son d’un DJ, aux curieux désargentés.
Friday late, au Victoria & Albert Museum, ce vendredi 31 janvier, et courant février.
En Belgique, poésie, foire et street art
> La Belgique a enfin son premier poète national. Dans ce pays culturellement si fractionné, c'est déjà une sacrée réussite. Le titre honorifique a été attribué au poète flamand Charles Ducal, qui en 2016 le cèdera à un collègue francophone. En 2018, un poète germanophone pourrait prendre la relève (on oublie parfois que la Belgique a trois communautés linguistiques!). Charles Ducal sera présent ce mercredi à la libraire bruxelloise Passa Porta à l’occasion de la présentation officielle de l’initiative.
> Vous aimez chiner dans les boutiques d’antiquaires mais ne dédaignez ni la bande dessinée, ni l’art contemporain? La Brussels Antiques and Fine Art Fair réunit pendant dix jours 131 exposants belges et étrangers à Tour & Taxis, ancien entrepôt royal devenu le lieu par excellence des foires bruxelloises. Préparez vos portefeuilles même si vous ne comptez rien acheter: l’entrée coûte 20 euros.
> Une expo de street art, cela ressemble à un oxymore, et pourtant cela se voit de plus en plus. Bruxelles en compte deux actuellement. Bonom, le singe boiteux présente l’univers de Vincent Glowinski (alias Bonom, artiste français basé à Bruxelles depuis 2005) et de son compagnon d’aventures nocturnes, le photographe Ian Dykmans. Par ailleurs, la Macadam Gallery expose le travail du graffeur belge Obêtre.
Evènement poète national, mercredi 29 janvier à 12h30, Librairie Passa Porta.
La Brussels Antiques and Fine Art Fair. Jusqu’au 2 février
Street Art: Bonom. Jusqu’au 22 mars / Obêtre. Jusqu’au 2 mars
En Grèce, menace sur le prix du livre
> L’actu culturelle grecque passe aussi par Bruxelles. Pour sa présidence de l’Union européenne, la Grèce a choisi de monter les liens millénaires de la Grèce avec la Méditerranée, dans une exposition intitulée: Nautilus. Navigating Greece. Une centaine d’œuvres et d’objets (sculptures en bronze et en marbre, poteries…) sont exposées pour la première fois hors de Grèce et en provenance directe de plus de 30 musées. Elles vont de la période cycladique (3000 av. J.-C.) à l'époque hellénistique (200 ap. J.-C.), en passant par les périodes minoenne, mycénienne, archaïque et classique. Avec la mer en fil conducteur, des sujets tels que la nature, l'identité, et la mobilité (immigration, voyage, commerce, etc.) sont abordés. Aux pièces historiques, s'ajoutent 23 œuvres d'art contemporain.
> Menace sur le prix unique du livre. Un débat culturel fait rage en ce moment en Grèce. Le gouvernement, poursuivant sa politique ultralibérale, serait tenté d’abolir la loi fixant le prix unique du livre. Pourtant, la crise a déjà laissé exsangue le secteur. La librairie centenaire emblématique ESTIA, sur la célèbre rue Solonos (surnommée la rue des livres), a fermé ses portes. Ironie de l’histoire, un commerce de brochures et d’objets religieux a pris sa place, répondant au nom prophétique du "sauveur".
L’ensemble des organisations professionnelles sont opposées à cette mesure, la politique du prix unique du livre ayant prouvé son efficacité dans 13 pays de l’UE, dont la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne. Elles demandent que le ministère de la culture et non celui de la compétitivité soit en charge du dossier: "Si vous supprimez le prix unique, en quelques mois, on verra se répéter le phénomène qu'on a observé dans l'industrie de la musique. Face à la puissance de frappe des supermarchés, nous fermerons toutes les petites librairies et ce sera une réaction en chaîne", argumentent-ils.
Nautilus. Navigating Greece, au Bozar de Bruxelles, Palais des Beaux-Arts, 23, rue Raveinstein du 24 Janvier au 27 avril