Les Suisses disent "Non" à l'immigration? Pas tous. Le référendum helvète révèle surtout un pays divisé à 50/50 sur la question, et coupé en deux d'est en ouest, entre cantons francophones et germanophones.
La Suisse a donc décidé de fermer ses portes aux immigrés. Hier, ses habitants ont voté "oui" à une très courte majorité, 50,3%, au référendum intitulé "Contre l'immigration de masse". Ce dernier a été organisé à l'initiative du parti UDC (droite populiste).
Avec un taux de participation d'environ 56%, le camp du "oui" a réuni 19.516 voix de plus que celui des opposants. La double-majorité requise a été obtenue, soit la majorité des cantons et la majorité des électeurs. Avant la votation, presque tous les partis politiques suisses et le patronat avaient appelé à voter non.
Le texte exige l'instauration de contingents annuels pour les travailleurs étrangers, frontaliers ou personnes relevant de l'asile. Ces plafonds doivent être fixés en fonction des "intérêts économiques globaux de la Suisse et dans le respect de la préférence nationale". En Suisse, petit pays de huit millions d'habitants, les étrangers représentent 23% de la population, et on recense 70.000 nouveaux arrivants chaque année.
La Suisse coupée en deux
Révélateur de la scission qui existe en Suisse entre les dirigeants politiques et leur population, le résultat du référendum montre également la fracture qui existe entre ville et campagne, entre Suisse romande (francophone), qui a voté en bloc contre le référendum, et Suisse alémanique (germanophone), qui a massivement voté pour.
Le pays se retrouve divisé en deux.
- La façade ouest du pays a voté Non à ce projet anti-immigration : les cantons de Vaud, Valais, Fribourg, Genève, Neuchâtel et du Jura. L'opposition des Genevois s'est inscrite à 60,9% et celle des Neuchâtelois à 60,7%. 55,9% des Jurassiens, un peu moins catégoriques, ont rejeté l'initiative, tout comme 51,7% des Valaisans et 51,5% des Fribourgeois.
- L'est et le sud-est ont voté Oui. Le soutien le plus massif a été celui du Tessin (68%), seul canton exclusivement italophone, où la population se plaint depuis des années de subir les conséquences négatives de la libre circulation des personnes. Dans le canton de Berne, troisième canton bilingue, le "oui" s'est imposé avec 51,1% des suffrages. En tout, dix-sept cantons ont adopté le texte, avec des scores élevés, en particulier en Suisse orientale et centrale.
- A l'est deux exceptions: les cantons de Zurich (52,5) et de Zoug (50,05), qui ont voté contre de justesse.
Ce sont donc les régions les moins touchées par l’immigration et la libre circulation qui ont voté majoritairement contre celles-ci en disant oui à cette votation "Contre l'immigration massive".
A l'inverse, les zones frontalières de l'ouest ont voté contre. Avec 61,1%, les Vaudois sont ceux qui ont voté le plus contre le référendum. Ils sont suivis des Bâlois, qui ont refusé le texte par 61%.
Le gouvernement suisse a aussitôt annoncé qu'il allait mettre en œuvre "rapidement et de manière conséquente" ce texte qui limitera l'immigration.